A la lecture et à l’analyse du Programme d’Action Gouvernementale (PAG) du PM Choguel Kokalla Maïga, deux points retiennent l’attention: les Assises Nationales pour la refondation (ANR) et l’organisation des élections générales. Si les premières sont techniquement réalisables durant le restant du temps imparti (huit mois) par la Communauté internationale à la Transition malienne en cours mais les secondes peuvent-elles se tenir à date (à partir de février 2022.) ? Si les ANR ont pu se réaliser, les décisions qui en découleront seront-elles souveraines (exécutoires) ?
Dans l’affirmative, il est alors clair que le temps restant de la durée de la transition n’est pas du tout suffisant pour exécuter tout le contenu du PAG. En d’autres termes, celui sera irréalisable en huit (08) mois. Tant les ANR vont forcément exiger une rallonge de la Transition. L’effort du gouvernement à vouloir résoudre tous les maux des maliens est à saluer mais force est de reconnaître que l’actuel PAG ne peut être exécuté qu’à 70%, soit 30% pour la tenue des ANR, 40% consacré à l’organisation des élections (révisions de la loi électorale, de la charte des partis politiques, la mise en place de l’organique unique et de la tenue des élections présidentielles et législatives). Son application stricte va demander du temps. Aussi et surtout la réussite des ANR (si elles ont lieu) dépendra de son caractère d’inclusivité, notamment de l’acceptation et la participation de l’ensemble des forces vives de la nation.
Tous les problèmes du Mali ne sont pas évidemment pas causés par le régime défunt, il est donc important que le PM accepte que tous les citoyens maliens sont aussi responsables, à commencer par lui-même. Ne fut-il pas ministre et même porte-parole du Gouvernement sous IBK ? C’est vrai, Choguel fut l’un des principaux acteurs de la chute de ce même régime. Il doit donc savoir raison gardée !
Ce faisant ses ANR, auxquelles il s’obstine à réaliser, doivent être le lieu de poser, pour une fois, les vraies bases d’un Etat démocratique et laïc du Mali. Celui dans lequel, le respect des engagements pris sera désormais au rendez-vous. Dans ce nouvel Etat, on devra aussi arrêter de toujours jeter la faute sur l’autre, même si cela semble être une belle stratégie politique des acteurs politiques pour dominer les esprits.
Les maliens demandent et veulent certes un changement, mais un changement sans programme concret serait la navigation à vue. Alors que la fin de la transition est, jusqu’à preuve du contraire, connue. La question de la révision ou de l’application de l’accord, la problématique de l’éducation (en l’occurrence, le boycott des examens par les enseignants de la Synergie), l’unification des grilles salariales de tous les fonctionnaires, la réconciliation nationale, la dépravation de nos mœurs, la problématique de la justice, la protection de l’environnement, le problème foncier, l’épineuse question de la laïcité sont, entre autres, autant de sujets qui pourront être inscrits et débattus lors des ANR.
Les décisions de ces ANR, si elles sont retenues comme souveraines, devront être érigées en textes de lois pour qu’elles soient réellement exécutoires. Il y a alors lieu de se poser la question si le Gouvernement de la Transition va pouvoir respecter le chronogramme des élections générales prévues à partir de février 2022. Encore qu’il faut, pour l’apaisement du front social, l’application du fameux article 39 tant réclamé par les enseignants et le respect des lois constitutionnelles, notamment celles concernant le respect de la laïcité (une question qui fait débats actuellement suite à la qualification de l’Etat malien de « république islamique » par l’actuel Ministre des Affaires Religieuses, du Culte et des Coutumes.
De toute façon, il est souhaitable que ces ANR se tiennent dans le plus grand respect des acquis démocratiques mais aussi qu’elles soient le lieu de la signature d’un protocole d’accord pour une fin de Transition apaisée et crédible. Il faut saluer le dynamisme du gouvernement Choguel Kokalla Maïga. Il faut le PM s’évertue à bien diriger et coordonner l’action gouvernementale tout en veillant à ce que les prérogatives d’un département ministériel n’empiètent sur un autre. Cela, dans la sincérité.
Gabriel Annaye Togo
Source : Le Pélican