L’assemblée nationale du Mali a pris un amendement le 26 mai 2020, un amendement qui sanctionne tout député qui viole un « secret parlementaire ». La sanction est l’exclusion qui ne devra pas aller au-delà d’un mois. Dans tout organe, il y a des informations à ne pas divulguer, mais avec la mauvaise gouvernance, on peut se poser la question sur la teneur de ce secret.
Au Mali, en général les élections sont battues pour soi et non pour l’intérêt général. Le candidat qui veut devenir député sait ce qu’il cherche. C’est la raison pour laquelle il n’est pas rare d’observer des déceptions au sein de la population qui place sa confiance à des candidats qui disparaissent dans la nature après leur élection.
Les parlementaires n’ont pas dit ce qui a encouragé cet amendement. Fait-il suite à des situations précédentes ? Un député avait-il violé un secret du parlement et a ensuite entravé leurs actions ? On a l’impression que cet amendement a parachuté pour servir des intérêts cachés. Un parlement peut travailler contre son peuple. Il faut le dire, cette 6ième législature devra « surprendre » le peuple malien avec de bonnes lois dans la mesure où depuis les élections de certains députés, il y a eu des controverses. L’élection du président de l’AN a été des tractations. Un président de l’AN qui serait le choix de l’exécutif devra surprendre dans ses actions, or pourtant le parlement et l’exécutif sont sensés travailler de façon indépendante.
La nature des alliances politiques pour atteindre l’AN ressemble plutôt à une complicité politicienne loin des attentes des populations. Avec tous ces facteurs que nous venons de citer, il n’est pas évident que ce « secret » soit pour l’intérêt des populations. Si le parlement veut faire passer de mauvaises lois pour satisfaire des positionnements politiciens, le député qui le soupçonne devra alors laisser faire, dans le cas contraire, il viole un « secret parlementaire », c’est l’interprétation que nous donnons à « violation de secret ». Il parait que les députés peuvent prendre de l’argent de tierces personnes pour faire passer des lois qui sont contre l’intérêt du peuple.
On a vu en 2009, les maliens se sont révoltés contre le code de la famille. Cela a beaucoup surpris toutes les personnes averties. Les députés ont été désavoués de tous les côtés, une honte dans un pays majoritairement analphabète. Avec l’actuel parlement dont presque les 80% des députés se réclament de la majorité présidentielle, on a le droit de se faire des soucis sur la teneur de « violation de secret parlementaire ». Ça veut dire quoi « secret parlementaire ? »
Yacouba Dao
Source : Aube D’Afrique