Sanctions de la CEDEAO, jeux dilatoires, perspectives de la prolongation du délai de la transition, vie chère… Le Président de la Transition Assimi Goïta doit changer de paradigme. Face aux préoccupations nationales de plus en plus accrues, une autre alternative s’avère nécessaire. Avant l’exposition, bien entendu.
S’il est vrai que le chaos précède l’ordre, le Président de la Transition Assimi Goïta, capitaine à bord du bateau Mali, doit reprendre la main et imprimer une nouvelle cadence. Les difficultés auxquelles sont confrontées les populations ne peuvent rester, longtemps, sans solution.
Fédérer les Maliens autour d’un objectif commun, obtenir leur adhésion au projet de la prolongation du délai de la transition, aller dans le sens de la volonté populaire, sont entre autres les perspectives qui s’offrent au Président de la Transition, Assimi Goita, dont le pays vient d’être isolé encore, une fois, par les Chefs d’Etat de la CEDEAO, réunis en sommet extraordinaire à Accra, le samedi 6 novembre 2021.
Face aux difficultés déjà connues dans le pays, tenir compte de la souffrance des populations en évitant de jouer au dilatoire est important. On se rappelle que le peuple malien s’est affiché, soutenant les auteurs du putsch du 18 août 2020, aux premières heures du coup d’Etat, que le CNSP refuse de reconnaître jusqu’ici. Les causes qui ont prévalu au départ précipité du président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keita, en 2020, si on ne prend pas garde, semblent aussi réunies.
A l’époque, il a été reproché à IBK son manque d’initiative à résoudre les problèmes à l’état miniature, sa négligence à minimiser les agissements du front social, son manque de rapprochement vis-à-vis du peuple, et d’anticipation sur les problèmes quotidiens.
Plus d’un an après, les mêmes ingrédients semblent se réunir sous nos yeux. À Assimi Goita de se rendre compte en prenant le devant. Sinon, le délai de 18 mois de la transition sur lequel pataugent les autorités de la transition, ouvrant la porte à une prolongation possible, est contraire aux décisions du peuple souverain du Mali, qui l’a adopté à travers les concertations nationales d’après coup d’Etat d’août 2020, conforté par la charte de la transition.
La flambée des prix
La lettre demandant la prolongation de la transition, adressée à la CEDEAO, par les tenants du pouvoir à Bamako sans concertation au préalable du peuple souverain du Mali trahit donc la volonté populaire d’un peuple qui tire le diable par la queue. La vie chère est devenue une réalité. Le panier de la ménagère rempli sortant du marché qu’on connaissait hier est devenu le sachet de la ménagère contenant seulement quelques légumes.
Les autorités en charge de règlementer la flambée des prix des produits de première nécessité peinent à stabiliser le prix sur le marché. Alors quelle marge de manœuvre pour le Président Assimi Goita ?
La communication
Pour un observateur averti, le Président Assimi Goita doit descendre dans les marchés et exhorter les commerçants à l’aider à atténuer les souffrances des populations. « Il peut aller à la rencontre des bouchers dans le marché, les exhorter à respecter le prix fixé et leur faire part du travail formidable qu’il est en train de faire à la tête du pays.
Le tout concourant, bien sûr, au bien-être des populations », a-t-il expliqué. Suivant les explications de notre interlocuteur, le peuple malien ne demande pas beaucoup de choses aux autorités. Il veut juste le minimum.
Elément essentiel dans ce processus, il faut dire que la communication doit jouer son rôle de premier plan. Négligée par méconnaissance, la communication est au bout de tout succès.
Au Rwanda, le président Paul Kagamé, avare en parole, est un bon communicant. Le président rwandais n’a pas de gêne à se déambuler dans les rues de sa capitale. On le voit souvent curer les caniveaux avec pelle à la main. Les messages qu’il véhicule à travers ses sorties sont importants.
En France, le président Jacques Chirac a été un chef d’Etat proche des populations ou de la foule, à l’intérieur ou à l’extérieur. Jacques Chirac se plaisait à saluer ou à serrer les mains des personnes dès qu’il était en déplacement en brisant sa ceinture de sécurité.
En somme, autour de Assimi, la communication bien structurée et coordonnée au temps du CNSP semble mourir de sa belle mort, tant le locataire du palais de Koulouba a adopté, depuis un temps, une nouvelle forme de communication basée sur le silence, laquelle tôt ou tard est suicidaire.
Ousmane Morba
Source : L’Observatoire