Assimi Goïta : Homme providentiel ou homme de circonstance ?

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Assimi GOÏTA, le président de la transition du Mali
Assimi GOÏTA, le président de la transition du Mali

La visite du président de la Transition à Koutiala et environ a été une occasion pour lui de prendre la mesure de sa popularité et donc de montrer au reste du Mali qu’il pourrait bien être  l‘homme providentiel tant espéré.  La foule est sortie et elle n’a pas tari d’éloges à propos de ce jeune leader qui a su combler les attentes du peuple en quelques mois de présidence.  Les intervenants se sont succédés à la tribune, partout où il est passé,  pour souligner les actions de l’homme que la grande majorité des maliens admirent désormais.

Les chantiers socio-économiques entamés et les victoires militaires,  à son actif, pèsent énormément dans la balance. Le jugement est sans appel, ASSSIMI, pour les maliens, c’est l’homme de la situation. Le colonel et son aide de camp, qui fût d’ailleurs le premier à crier haut et fort l’illégalité de ce régime avant de se retrouver à en être le porte-drapeau, tentent de redonner espoir à un peuple longtemps victime de mauvaise gouvernance. Le pari semble réussi mais cet homme,  détenteur  d’un pouvoir de fait et donc fragilisé par l’existence d’une situation illégale, pourrait-il changer fondamentalement la donne ? Contraint à restituer tôt ou tard, un pouvoir qu’il n’a eu que par accident, pourrait-il impulser une dynamique du changement durable ? Où est-il simplement l’homme des circonstances ? Quelle que soit la réponse à cette série d’interrogations, il convient de reconnaître,  que contre toute attente l’homme a su insuffler l’espoir d’un « Mali Koura ». Et la montée en puissance de l’armée nationale en est une parfaite illustration. Félicitons les FAMAS, au passage.

Cependant, l’homme de circonstance ou providentiel,  doit savoir que le malien est toujours en admiration devant un nouvel homme fort. GMT a été applaudi,  et même nommé le sauveur. ATT a eu son heure de gloire, avant  d’être éconduit et acclamé de nouveau à son retour d ‘exil. Le président IBK a été élu et réélu avec acclamation avant d’être poussé vers la petite porte. Oui, nous sommes nombreux à suivre la direction du vent.

Par ailleurs,  si naturellement on voudrait oublier tous ces républicains silencieux et tous les amoureux d’un Mali reconnu sur le plan international comme modèle de démocratie, il faut se garder de trop tirer sur une corde déjà fragilisée. L’homme le sait et œuvre humblement pour l’unité nationale. Le peuple lui sait gré de la tentative de refondation d’une nation en perte de repères et d’équilibre institutionnel. Mais le peu de temps qui reste au sauveur de la république est compté.

Donc face à un peuple aussi changeant, que l’on nous  passe l’expression, est-on certain d’avoir l’homme providentiel ? Mais en réalité,  la réponse importe peu. Ce qui compte, c’est qu’en peu de temps, l’homme ait pu faire émerger l’idée d’un  « Mali Koura ». Ce rêve, puisque le Mali exige un sacrifice que le malien n’est toujours pas prêt à consentir, ne verra pas le jour sous la présidence du très estimé ASSIMI. Ce rêve ne pourra,  peut-être,  être  concrétisé que par les petits enfants de la génération future. Le changement annoncé est hors de portée du malien actuel. Seule l’éducation citoyenne et pragmatique pourra renforcer les perspectives d’une renaissance d’une nation forte et unie.

Il le sait et cela se ressent dans ses discours et ses appels à l’union. D’ailleurs l’homme communique peu. Moins prolixe que son PM, il fera son très court temps et restera peut-être dans les annales comme l’homme qui est arrivé par hasard et qui a ouvert une voie sans issue. La campagne de lutte contre la délinquance financière, certains prévenus n’ayant toujours pas bénéficié d’un procès équitable, ne survivra à sa présidence. Le prochain pouvoir démocratiquement élu se pressera d’annuler les effets de tous les actes d’un régime pour lequel les démocrates n’ont que réprobation.

La lutte contre la corruption,  une ambition noble, a prouvé ses limites avec les affaires dites « logements sociaux » et le dernier recrutement de la CANAM. Le malien soutien l’homme et ses actions  tant que son intérêt n’est pas en jeu.

Loin de nous l’idée d’être pessimiste. Mais si les élections sont tant redoutées et repoussées,  c’est parce qu’on sait que le malien souhaite le changement sans être prêt  à en payer le prix.  Mais l’optimisme doit être de mise car beaucoup de maliens se sont réveillés et la veille citoyenne a commencé. On sait désormais reconnaître les qualités d’un bon leader. Et le Mali n’a pas encore épuisé ses ressources humaines.

Vive la Mali !

Dr DOUGOUNÉ  Moussa

Source : Le Pélican

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