Débutés le 15 novembre dernier, les travaux de la session de la Cour d’Assises réservée aux crimes économiques et financiers ont pris fin le vendredi 10 décembre. Sa cérémonie de clôture s’est tenue à la Cour d’Appel de Bamako sous la présidence du Procureur Général près la Cour d’Appel, Idrissa Arizo Maïga, avec à ses côtes le président de la Cour d’Assises, Aldjoumagate Dicko et du représentant du Barreau, Me Mah Mamadou Koné.
L’actualité oblige, au cours de cette cérémonie de clôture, le PG Maïga a été sans réserve sur l’affaire dite de Bakary Togola et autres. Au sujet de laquelle, il dira que : « cette session qui était attendue pour être la session de tous les espoirs, pour donner un signal fort en ces moments d’engagements tous azimuts dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière s’est muée en un fiasco judicaire unique dans les annales des cours d’assises au Mali. Véritable tremblement de terre, désastre, chaos, tsunami, tous les superlatifs dans les qualificatifs ont été donnés par les juges eux-mêmes, de la décision intervenue à l’occasion de l’examen du dossier Bakary Togola et autres ».
Cet évènement a également marqué la présence de beaucoup d’acteurs de justice malienne. En effet, cette session avait 18 affaires inscrites au rôle avec 54 accusés dont l’examen des dossiers a donné les résultats suivants : 2 réclusions criminelles, 5 cas d’emprisonnement, 20 acquittements, 15 contumaces, 2 affaires renvoyées à la prochaine session, 5 condamnations avec sursis, 1 cas de complément d’information, 639.040.000 FCFA d’amendes prononcées, 1.577.145.907 FCFA à titre de remboursement et 260.150.000 en guise de dommages-intérêts.
Selon le Procureur Général près la Cour d’Appel, le nombre des acquittements a été grossi, par la mise hors de cause de Bakary Togola et de ses 11 coaccusés. Que c’était l’affaire la plus importante, qui a pris à elle seule 7 jours d’audience pour accoucher de ce que tout le monde sait. « Alors il faut s’interroger, est-ce que les dossiers sont mal ficelés, ou c’est parce que les juges font montre de mansuétude particulière vis-à-vis de ces délinquants »a-t-il martelé
Il a déploré un constat relevant du fait que tous les accusés étaient en liberté avant de comparaitre devant la Cour d’Assises. D’après lui, les questionnements commençaient là. En outre, que les accusés pensent même qu’étant en liberté, ils doivent comparaitre libres, alors que l’on sait que l’on ne comparait pas libre devant une Cour d’Assises.
Sur la décision de l’acquittement de Bakary Togola et coaccusés, le PG Idrissa Arizo Maïga a été on ne peut plus clair. Lorsqu’il affirme que cela fut source de : « Désapprobation générale, d’indignation, d’incompréhension, de surprise, chacun y va de son qualificatif pour ce qui n’est plus ni moins qu’un désastre, une catastrophe, qui va déteindre inévitablement et négativement sur la confiance de nos concitoyens en la justice ». Le PG Maïga ajoute que l’affaire était claire pour tout le monde sauf pour la composition du jour et rien ne pouvait justifier un acquittement dont les auteurs ont caché leur jeu jusqu’au jour du verdict, rassurant sur le bon déroulement des débats, ne permettant à personne de découvrir la duplicité qui se cachait derrière les assurances données.
Et de renchérir que l’accusé concerné (Bakary Togola) est connu pour ses fanfaronnades et son mépris souverain pour la justice et son intempérance de langage qui fit qu’à un moment donné et tout le monde se rappelle, il ne voit le bien public, ni plus, ni moins qu’un gâteau à partager. « En l’acquittant, on le conforte dans sa vision particulière du bien public, en oubliant superbement que c’est toute la magistrature que l’on voue aux gémonies et au mépris public. Que dire des cotonculteurs et du citoyen lambda ? en somme, quel citoyen ne se sentirait concerné par l’issue de cette emblématique affaire ? Devant une décision aussi inique et scélérate, il ne restait plus qu’un seul recours : le pourvoi en cassation ; que le Parquet Général a exercé, immédiatement » a-t-il fait savoir.
Vivement la suite !
Par Mariam Sissoko
Source : Le Sursaut