Attaque de Tessit : la riposte qui questionne les Maliens !

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Les jihadistes (photo à titre illustration)
Les jihadistes (photo à titre illustration)

L’attaque subie par la relève de l’armée qui était en route pour Tessit, cercle d’Ansongo, région de Gao, le lundi15 mars dernier, sera la plus lourde et la plus meurtrière jamais enregistrée par celle-ci depuis le début de cette année. Certes, elle intervient après une série de revers militaires infligés à notre armée par les groupes terroristes.

L’avant-dernière débâcle la plus emblématique que notre outil de défense a connue récemment reste l’attaque du poste de sécurité de Boni, dans le cercle de Douentza, région de Mopti, en début février dernier, où une dizaine de militaires y avaient péri. Sans compter le nombre de blessés, les dégâts matériels et autres équipements emportés par les assaillants du «Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans» (GSIM) d’Iyad Ag Ghali.

Toutefois, pour l’attaque de la relève de Tessit, le 15 mars dernier, l’auteur n’est autre que l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) d’Abou Al-Walid Al-Sahraoui. Cela dit, on se rappelle qu’il y a un an, jour pour jour, soit le 19 mars 2020, une attaque aussi meurtrière avait été perpétrée cette fois par le GSIM contre une base de l’armée, dans la localité de Tarkint, cercle de Bourem, région de Gao.

Cette attaque comme celle subie par la relève de Tessit avait fait une trentaine de militaires tués. Toutefois, on remarque dans l’attaque de la relève de Tessit de nombreuses incohérences. En effet, beaucoup s’interrogent sur l’opportunité d’une relève peu expérimentée pour s’aventurer dans une zone aussi risquée surtout sans couverture aérienne.

Le bac incendié depuis plus d’une année

Alors qu’il suffisait tout simplement de réparer et de remettre le bac de Lellehoye, incendié par les terroristes depuis une année, pour permettre à la relève de l’armée de faire la traversée en toute tranquillité, et sans craindre de se faire attaquer par qui que ce soit de l’un des deux groupes terroristes présents dans la zone.

L’autre aspect qui étonne le plus les observateurs, c’est le fait qu’à plusieurs reprises, des alertes ont été données dans la zone sur l’imminence d’une attaque. Un fait corroboré par les multiples affrontements meurtriers auxquels les éléments du GSIM et de l’EIGS continuent à se livrer dans la zone. Même si ces derniers temps, une certaine accalmie avait été observée dans les combats fratricides entre groupes terroristes rivaux.Mais cela n’est pas un motif pour baisser la garde. Bien au contraire.

Ces groupes se sont certainement calmés parce qu’ils ont perdu beaucoup d’hommes des deux côtés. Sans compter le fait aussi que les opérations militaires menées essentiellement par les forces étrangères, en l’occurrence l’Opération Barkhane et sa sœur jumelle Takuba, ont surtout visé les éléments du GSIM au niveau de la zone des trois frontières.

Le GSIM ciblé malgré la disponibilité de ses leaders pour le dialogue

Un fait pour le moins étrange puisque les leaders de ce groupe dont Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa étaient dans de bonnes dispositions pour saisir l’opportunité du dialogue offerte par les autorités bien avant la chute d’IBK. Même si ce groupe pose des conditions difficiles à satisfaire pour rendre possible ce dialogue. Ce qui n’est pas le cas de l’EIGS dont les chefs n’ont que faire d’un dialogue avec les autorités et ne cherchent qu’à verser du sang et répandre la terreur. Cela va sans dire qu’un dialogue avec un tel groupe ne mènerait à rien si ce n’est une impasse.

Ainsi, les opérations militaires se sont intensifiées contre le GSIM laissant à l’EIGS le temps de se faire oublier, de bien se préparer et de passer à une nouvelle offensive très meurtrière comme en témoigne l’attaque contre la relève de Tessit, le lundi 15 mars dernier. Alors que l’EIGS avait pourtant été désigné ennemi prioritaire au sortir du sommet de Pau (France) en janvier 2020.

Intervention tardive

Autre fait tout aussi étrange, c’est qu’après cette attaque meurtrière, les forces françaises ne sont intervenues qu’une heure plus tard sans trouver le moindre terroriste sur les lieux. Alors que l’armée malienne avait pourtant, dans un communiqué, indiqué avoir fait 20 morts dans les rangs des assaillants.

Par contre, ce qu’il y a lieu de préciser, c’est qu’une partie des blessés de l’armée a été prise en charge par l’antenne médicale française au camp de Barkhane à Gao. Toujours est-il que c’est le lendemain, soit le mardi 16 mars, que deux convois des FAMa ont été escortés par un appui logistique aérien de Barkhane du camp de Tessit jusqu’au lieu de l’embuscade pour récupérer les dépouilles des militaires tombés lors des combats. Afin de les transporter jusqu’au camp de Tessit.

Polémique autour du bilan

On comprend donc mieux pourquoi cette contradiction notoire autour du bilan de l’attaque. En effet, au départ, le communiqué de l’armée ne parlait que de deux militaires tués. Ce n’est que le lendemain que le bilan de 33 militaires tués a été annoncé. Un chiffre qui pourrait s’alourdir au regard de la gravité de certains blessés.

Il a fallu donc l’intervention des forces françaises bien après dans la zone pour localiser à travers des moyens aériens une colonne de terroristes sur plusieurs motos. Les frappes aériennes ont permis de les neutraliser. Reste que des questions se posent sur les capacités réelles de notre armée à éviter qu’un tel drame ne se reproduise. Il est nécessaire d’apprendre des erreurs du passé pour avancer.

Cheick Bougounta CISSE

Source : Le Wagadu 

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