Après le Nord et le Centre du Mali, le Sud est de plus en plus occupé par les terroristes se réclamant être des djihadistes. C’est ainsi que certains villages du Sud comme Zantiguila, dans la Commune rurale de Danderesso, le Danderesso lui-même, Kléla, Kabalé communément appelé «Koronfèdougou» font l’objet de menaces terroristes. Ainsi, Kléla a vécu son tour, vendredi 23 avril 2021, avec un bilan d’un mort, de plusieurs blessés et plus de 50 millions de F CFA emportés.
Vendredi, 23 avril dernier, jour de foire hebdomadaire de Kléla, des hommes armés non identifiés, au nombre de six (06) sur trois (03) motos, soit deux (02) par moto, ont attaqué la Caisse KAFOJIGINÈ de Kléla, située à la lisière du marché du village. Il était 11 heures, à un moment où chacun vaguait à ses affaires. D’habitude, les donsos s’organisent chaque vendredi pour empêcher les véhicules de circuler dans le marché. Toutes les routes aboutissant au marché sont surveillées. Mais par où sont-ils rentrés ces criminels ?
À leur arrivée, ils n’ont pas hésité à faire des tirs de sommation devant la Caisse. Deux (02) bandits se sont emparés de la porte de la caisse et quatre (04) sont rentrés. À l’intérieur, ils ont demandé au caissier d’ouvrir le contrefort. Ce dernier ayant refusé, il reçut une balle à la jambe. Étant donné que les donsos étaient déjà sur leur garde et les différentes informations circulant dans le pays et surtout sur Danderesso, Kléla, Kabalé et Zantiguila, ceux-ci ont vite compris le mode opératoire et sont intervenus. C’est ainsi qu’il y a eu des échanges de tirs. Un jeune vendeur de carburants a reçu des balles perdues. Transporté au Centre de santé communautaire (CSCOM) de Kléla, il a succombé quelques minutes plus tard à ses blessures. Il a été conduit dans sa dernière demeure, ce vendredi soir, 23 avril 2021. Tous les blessés ont été transportés à Sikasso pour des soins.
Déterminés à affronter ces hommes lourdement armés, les chasseurs ont résisté durant presqu’une heure. C’est au cours de ce combat que certains donsos ont été blessés. Dans cette panique généralisée, plusieurs personnes ont été blessées par balles dont une vendeuse de charbon. Ces bandits armés, décidés eux aussi d’emporter l’argent de la caisse, ont finalement reçu à emporter plus d’une cinquantaine de millions de F CFA.
Au moment où que ces évènements se déroulaient, les Forces de défense et de sécurité (FDS) basées à Sikasso, à 45 km de Kléla, ont été appelées en renfort. Mais, c’est toujours le médecin après la mort. À leur arrivée, les djihadistes avaient déjà quitté les lieux. La devanture de la Caisse KAFOJIGINÈ était noire de monde. Sur place, un présumé complice a été arrêté. Ce dernier n’a pas hésité de conduire les forces de sécurité chez son acolyte dans un champ. Les deux (02) complices se trouvent présentement entre les mains des autorités régionales pour des fins d’enquêtes.
Dans ce cas présent, on peut dire qu’avec la bravoure de donsos, ces bandits armés ont échoué dans leur projet qui n’était autre que de piller la caisse, brûler la mairie, fermer les écoles et attaquer la sous-préfecture, comme ils le font partout où ils passent. D’ailleurs, il faut noter que le sous-préfet de Kléla a quitté le village depuis des mois. Au moment où nous mettions sous presse cette information, deux (02) blessés légers étaient de retour à Kléla.
Alors chose dite, chose faite
On se rappelle de ce message que ces terroristes avaient laissé dans l’école de Zantiguila, en fin mars 2021: «Les chefs de village de Kabalé et Zantiguila, c’est vous et vos dirigeants qui veulent déclarer la guerre à nous les djihadistes. Notre promesse était qu’on ne touche aucun civil d’aucun village, mais grâce à vos courriers, nous allons attaquer vos villages au nom d’Allah.
Si les chasseurs et les jeunes sont des hommes, ça ne dure pas Inchalla. Tout le monde va appliquer la charia d’Allah. Nos espions sont partout dans les régions, alors repliez-vous vite les chasseurs sinon dans quelques jours, vous aurez notre nouvelle. Avertissement: les chasseurs, on ne vous aime pas, vous êtes en danger et vous avez mis vos villages en danger». Signé par le chef du groupe djihadistes de chez vous.
Après un constat, nous ne pouvons que confirmer les propos des djihadistes relatifs à leurs complices dans tous les villages. Lors d’une patrouille dans la commune rurale de Danderesso, le 30 mars dernier, les Forces armées maliennes (FAMa) avaient mis la main sur cinq (05) présumés terroristes à Zantiguila dont le fils du chef de ce village. Est-ce lui qui avait filé aux djihadistes le plan que son père voulait mettre en place pour la sécurisation du village ? Il ne serait pas le seul à faire le jeu de ces criminels. Comme ils le disent dans leur message, «ils ont des représentants dans tous les villages».
Nous avons constaté aussi après l’attaque de Kléla que ces terroristes maîtrisaient le village. Après leur forfaiture, ils ont voulu emprunter l’ancienne route Kléla-Sikasso. Mais par peur de ne pas rencontrer les forces de sécurité venant de Sikasso, les bandits ont traversé le village rue par rue pour enfin rejoindre la route Kléla-Nongon Chouala, frontière du Burkina Faso.
Après le Nord et le Centre du Mali, le Sud est aujourd’hui occupé par les terroristes. Depuis plus de deux (02) ans, ils règnent en maîtres des lieux dans les cercles de Koutiala et Yorosso, après avoir attaqué certains villages dans le cercle de Kadiolo. Aussi, courant mars 2021, le poste des Douanes de Hèrèmakono à Sikasso a été attaqué et réduit en cendres, pour ne citer que ceux-ci.
Ces hommes armés du Sud du Mali auraient une base à Tièrè, entre Yorosso, Kléla et Nongon- Chouala. Ils traversent cette zone jusqu’à la commune de Danderesso sans être inquiétés. C’est avec cette mobilité qu’ils veulent dicter leur loi sur Zantiguila dans la commune rurale de Danderesso, le Danderesso lui-même, Kléla et Kabalé. Maintenant que Kléla a vécu son tour, vendredi, 23 avril 2021, avec un bilan d’un mort, plusieurs blessés et plus de 50 millions de FCFA emportés, cette commune figure désormais sur la liste noire des djihadites. Où est donc passé l’État après tous les avertissements des djihadistes ? Si les autorités se sentent incapables, n’est-il pas temps d’armer des milices par village pour l’autodéfense ?
Y.C
Source : Inter de Bamako