Attaques contre l’armée malienne : Nampala, Dioura, Guiré, Boulkessi…l’hécatombe s’arrêtera-t-il un jour ?

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La carte du Mali

Le cycle macabre est désormais connu. À quelques nuances près, il se reproduira toujours de la même manière au cours des prochaines années. Un camp militaire qui se fait surprendre par des groupes armés terroristes non identifiés, faisant des morts et des blessés et emportant parfois quelques munitions et matériels. Un communiqué laconique du gouvernement s’ensuit dans les premières heures, condamnant ladite attaque et promettant des sanctions. Un haut responsable de l’État, accompagné de quelques gradés de l’armée, effectue un déplacement sur les lieux pour constater les dégâts et enterrer les corps. Quelques indignations de la part des proches des victimes sur les ondes des radios privées et sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, le citoyen lambda continue de courir derrière le « prix du condiment », en attendant la prochaine attaque.

Ce qui semble de plus en plus, évident c’est que ce n’est pas dans les dix prochaines années que le Mali va arrêter d’ensevelir les corps de ses enfants, tant civils que militaires, victimes d’attaques terroristes. En effet, l’appât du gain facile et le désir de vivre permanemment dans le luxe ont entrainé l’élite actuelle du pays à pactiser avec le diable. Les réseaux terroristes se financent avec les trafics (otages, migrants clandestins, bétails, cigarettes, drogues, armes, carburants,..). Lutter contre ces trafics permet d’assécher les sources de financement des groupes armés terroristes. Or, cela est impossible aujourd’hui parce que les responsables du crime organisé ont réussi à corrompre certains éléments de la société civile, de la classe politique, de l’administration publique, des forces armées et de sécurité (FDS), etc.

L’exemple le plus patent de la collusion entre acteurs internationaux et locaux de l’économie criminelle est sans conteste celui « d’Air Cocaïne » de 2009, un Boeing 727 venant du Venezuela et chargé de 10 tonnes de cocaïne dont la valeur est estimée à 300 millions d’euros, qui a atterri à Sinkrébaka, dans la région de Gao. Les cartels colombiens qui ont acheminé cette drogue dans notre pays ont bénéficié de la complicité d’agents de l’aviation civile malienne, des FDS (qui ont sécurisé la piste et la cargaison) de trafiquants locaux et ouest-africains qui ont permis d’acheminer la cargaison à travers quatre itinéraires différents: le Sud du Mali, l’Algérie, le Niger et le désert malien. Selon plusieurs analystes, le rôle d’AQMI et certains responsables locaux a été déterminant dans l’acheminement d’une partie de cette cargaison de cocaïne. Grâce à ses réseaux établis en Mauritanie, en Algérie et au Maroc, le groupe terroriste AQMI a réussi à faire sortir du Mali des quantités importantes de cocaïne vers l’Europe pour le compte de narcotrafiquants colombiens, africains, espagnoles, etc.

Durant les dix dernières années qui viennent de s’écouler, ce sont ces genres de trafics qui ont prospéré et ont généré des ressources financières importantes dans notre pays. «L’argent sale » qui en a été tiré a servi à financer des opérateurs économiques et des hommes politiques ou à corrompre des responsables administratifs et même certains hauts gradés de notre armée nationale.

Ainsi, de manière progressive, l’économie criminelle a pris la place de l’économie légale, avec ses cortèges de dégâts matériels et de destruction de vies humaines, tout en continuant de menacer sérieusement la stabilité de la sous-région et à saper les fondements de notre jeune État et de notre légendaire vivre ensemble communautaire.

Parmi les soldats qui tombent sous les balles des terroristes, avez-vous déjà identifié le corps d’un haut gradé ou de l’enfant d’un haut gradé de notre armée ? Faudrait-il encore s’étonner de la fréquence des attaques auxquelles sont exposées nos camps militaires quand on sait que le pouvoir militaire est sous le contrôle du pouvoir politique qui, lui-même, est actuellement sous le contrôle des réseaux mafieux-criminels ?

Les forces internationales (Barkhane et Minusma) vont-elles s’allier à nos FDS pour combattre les groupes terroristes avant la mise en place effective des nouvelles réformes territoriales et institutionnelles imposées par la communauté dite internationale ? La présence des groupes armés terroristes ne justifie-t-elle pas le maintien chez nous dans la durée des forces internationales ?

Les entreprises multinationales franco-américaines qui convoitent les ressources stratégiques du Sahel telles que le pétrole, l’uranium, le lithium, le cobalt, le coltan, les terres rares, l’eau douce,…auraient intérêt à ce que le chaos y s’installe afin qu’elles puissent s’approprier ces ressources ou, au mieux, éviter qu’elles ne tombent aux mains de leurs concurrents russes ou chinois.

Sambou Sissoko

Source Le Démocrate

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