Mediapart a révélé le placement en garde à vue de Michel Platini dans le cadre d’une enquête pour corruption sur l’attribution du Mondial 2022 au Qatar. Claude Guéant est, de son côté, interrogé en tant que « suspect libre ».
L’ancien patron de l’UEFA Michel Platini et l’ancienne conseillère sports de Nicolas Sarkozy, Sophie Dion, ont été placés en garde à vue ce mardi 17 juin dans le cadre de l’enquête française pour corruption sur les conditions d’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar selon Mediapart.
L’ex-secrétaire général de l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, est pour sa part entendu en audition libre par les enquêteurs de l’office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), à Nanterre, près de Paris, selon une source judiciaire et une source proche de l’enquête, confirmant une information de Mediapart.
« Réunion secrète » à l’Élysée
Le parquet national financier (PNF) a ouvert en 2016 une enquête préliminaire pour « corruption privée », « association de malfaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence » autour des conditions d’attribution par la Fédération internationale de football (FIFA), des Coupes du monde de football 2018 en Russie et 2022 au Qatar.
La justice française s’intéresse en particulier à « une réunion secrète » au Palais de l’Elysée le 23 novembre 2010, à laquelle participaient Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, et Michel Platini alors président de l’UEFA et vice-président de la Fifa. Cette réunion avait été révélée par l’hebdomadaire France Football.
La désignation du Qatar, richissime émirat gazier, par les membres du comité exécutif de la Fifa, avait été l’un des déclencheurs de la grave crise qui a secoué la Fifa à partir de 2015.
Blatter mettait en cause la France dès 2015
En octobre 2015, l’ancien président de la Fifa Sepp Blatter, contraint au départ, avait mis en cause la France. Selon lui, « un arrangement diplomatique » existait pour que les Mondiaux 2018 et 2022 aient lieu en Russie puis aux États-Unis, un plan qui aurait échoué à cause de « l’interférence gouvernementale de Nicolas Sarkozy », qui avait réfuté toute intervention.
Sepp Blatter avait été entendu comme témoin en Suisse en 2017 à la demande de la justice française. Il a été suspendu 6 ans par la Fifa « de toute activité liée au football » pour un paiement controversé de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros), à son ex-ami et allié Michel Platini, lui aussi suspendu 4 ans. D’autres enquêtes distinctes ont été ouvertes en Suisse et aux États-Unis.