«La France est ici à notre appel. Elle est venue en 2012 quand il fut clair pour les autorités de l’époque, que nos forces armées ne pouvaient plus à elles seules garantir l’existence du Mali en tant qu’Etat unitaire et laïc». Ces propos sont ceux tenus par le président de la République lors de son discours à la nation à l’occasion du 20 janvier 2020.
Quoi de plus normal pour IBK, le président d’un pays en guerre, que de s’adresser à ses concitoyens, galvaniser ses troupes en pareilles circonstances et pareilles occasions, remonter le moral des soldats et redonner espoir aux populations ? Le président n’aurait fait que son devoir si le discours était cohérent, sa diction compréhensible, et s’il n’était pas truffé de contre-vérités.
D’abord, il faut rappeler au président de la République, et saisir cette opportunité pour clarifier le sujet, pour de bon, que le discours qui consiste à dire que «La France est ici à notre appel» doit être clarifié et beaucoup plus explicite.
La France est là, à l’appel de qui ? Si «appel» signifie l’appel du peuple malien, celui des populations maliennes, il n’y a pas pire mensonge. Cela est faux et archi-faux ! Le peuple malien n’a jamais demandé sa venue, car son avis n’a jamais été pris en compte sur la question.
Même s’il est vrai que les Maliens, dans une certaine majorité, ont applaudi l’arrivée de la France à travers son armée et l’opération Serval pour contrer l’avancée de la colonne de terroristes menée par Iyad Ag Ghaly, qui se dirigeait vers le sud ; force est de reconnaître que leur avis n’a jamais été pris en compte sur la question.
Quand le président de la transition, Dioncounda Traoré, rédigeait sa demande adressée à Hollande, via Ado, il n’a, à aucun moment, pris le soin, ou même la peine, d’une manière ou d’une autre, de soumettre le sujet à l’appréciation de ses concitoyens. En avait-il d’ailleurs le temps ?
Aussi, et c’est en grande partie le sujet de cette rubrique, est-il important de rappeler au président de la République que ce n’est pas en 2012 que la France est venue au Mali, mais en 2013 ; précisément, le 10 janvier 2013, et non 2012.
En 2012 et jusqu’au 22 mars, à titre de rappel, à l’adresse d’IBK, ATT était encore à Koulouba. Il a été renversé, nous l’écrivions tantôt, en mars par un groupe de militaires (IBK en sait quelque chose). Tout le long de cette année 2012, ce sont les militaires de Kati qui ont géré une partie du pays. Les terroristes (MUJAO, Ancardine, etc.) et autres groupes armés se la coulaient douce sur plus des deux-tiers du territoire.
Les trois grandes villes du Nord, à savoir Tombouctou, Gao et Kidal, étaient toutes occupées pendant plusieurs mois quand les djihadistes, dirigés par Iyad, ont décidé de donner l’estocade en s’avançant vers le sud. Il ne fallait pas plus pour ameuter le monde entier et motiver la solidarité internationale. Il ne restait qu’à mettre la forme et Dioncounda s’en est chargé. C’était le 10 janvier 2013 et non 2012 (la répétition étant pédagogique, Monsieur le président).
Makan Koné
Source : Nouvelle Libération