Au lendemain de la démission du désormais ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, le 18 avril dernier, le président de la République a initié de larges concertations avec l’ensemble des formations politiques, certaines personnalités de la société civile, des hauts gradés de l’armée, de simples citoyens et les mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation.
À tous, il a en substance dit : «je veux mettre en place un gouvernement de pas plus de 25 ministres» et «je souhaite qu’il soit le plus inclusif possible».
En prononçant ces phrases et au cours de ces entretiens, tous les visiteurs (c’est ce qu’ils rapportent, en tout cas) ont vu, en la première institution de la République, une personnalité qui avait gagné, plus en sagesse, en humilité et «voulait réellement travailler avec tout le monde».
Un homme qui n’en pouvait plus; presqu’au bout du rouleau et qui, véritablement, souhaitait désormais impliqué tout le monde dans la gestion du pouvoir, et mettre fin à ses invectives, critiques et menaces inutiles et improductives.
Ainsi, tous, pour le Mali, ont promis au président de la République de l’accompagner. Tous voyaient un homme honnête, un bon «père de famille», décidé à mettre définitivement de l’ordre et mettre fin à l’injustice et toutes les autres pratiques que les Maliens, dans leur grande majorité, dénoncent tous les jours.
Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme tel et au bout du compte, le gouvernement, au lieu d’être inclusif, comme convenu, en a exclu plus que d’habitude. Et l’on se demande si tout cela a servi à quelque chose ; si toute cette mascarade ne va pas en rajouter à notre crise.
Quand on veut ramener la paix et la stabilité, on implique tout le monde et on ne fait pas semblant de vouloir de l’expertise de tous pour leur faire, plus tard, faux bond et de la pire manière. Jusqu’à la dernière minute, c’est-à-dire la lecture de la liste des membres du gouvernement, certains regroupements avaient cru en les assurances du président de la République et de son Premier ministre.
À titre illustratif, évoquons le cas de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Pour une des rares fois où ils sont consultés, sollicités, qu’on leur demande de fournir des CV, qu’ils fournissent ces CV, qu’on leur propose deux départements, un poste d’ambassadeur et un poste de conseiller à la Primature, qu’ils respectent tous les engagements pris en ce sens, qu’ils s’attendent à rentrer dans le gouvernement, qu’ils informent les militants dont les noms avaient été proposés à ces postes.C’est sur les ondes de la télévision nationale que, comme nous tous, ils apprennent qu’aucun ministre ne sortira de leurs rangs (pas cette fois, en tout cas), et que les plus hautes autorités du pays leur ont purement et simplement menti.
Les mêmes mensonges, les mêmes fausses promesses ont été servis aux autres mouvements signataires et même ceux qui soutiennent ouvertement le gouvernement ; à savoir la Plateforme et le regroupement de Mossa Ag Acharatoumane. Au bout du compte, le gouvernement, attendu depuis plus de deux semaines, a été pléthorique et aucun mouvement n’y a été admis.
Nous reviendrons prochainement sur le cas des proches du président, ceux qui se sont battus, corps et âme, pour qu’il obtienne un second mandat, mais qui ont été tous soit remerciés soit rétrogradés.
Makan Koné