Après plus d’un mois de travail, la commission d’élaboration de la nouvelle constitution devant conduire le Mali vers une 4e république a été remis au président de la transition et restitué aux membres de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême. En attendant son approbation par référendum, le dit-projet défraie la chronique et alimente les débats tous azimuts, pas seulement au sein des maliens de l’intérieur mais également dans la diaspora. Et pour cause : tous déploient des méninges pour comprendre les contours, tenants et aboutissants de la sauce à laquelle ils seront désormais mangés avec la nouvelle république en gestation. Et comme pour annoncer la couleur de leur voix respective au futur référendum, les jugements, appréciations et réserves fusent de partout. Tandis que d’autres persistent et signent sur le choix du bambara comme langue officielle avec à la clé des arguments très peu convaincants, d’aucuns trouvent au texte l’allure d’une loi ordinaire. Quant au CSDM de Mohamed Cherif Haïdara, après sa dénonciation de certaines dispositions de l’avant-projet, il menace ouvertement de voter contre le texte en l’état.
Dans une déclaration lue par Mariam Salikènè Coulibaly, membre du CSDM France, le Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne dit avoir constaté «avec amertume» que les Maliens établis à l’étranger ont été lésés. En scrutant le texte, en effet, le CSDM dit avoir relevé une violation des recommandations des Assises Nationales de la Refondation, qui avaient opté pour la représentation des Maliens établis à l’étranger à l’Assemblée nationale, leur recensement effectif dans les pays d’accueil, entre autres. Et ce n’est pas tout. Les Maliens de la diaspora déplorent également que les dispositions des articles 46 et 97 de l’avant-projet stipulent respectivement que «tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malienne d’origine et ne posséder aucune autre nationalité à la date de dépôt de la candidature et que «Le Haut Conseil de la Nation est constitué pour trois quarts de membres élus au suffrage universel indirect représentant les collectivités territoriales et pour un quart de membres désignés représentant les légitimités traditionnelles, les Maliens établis à l’extérieur et de personnalités ayant honoré le service de la Nation». Ils s’indignent, en effet, qu’en plus de ne pas être représentés à l’assemblée nationale, leurs représentants à la seconde chambre législative soient désignés au même titre que les légitimités traditionnelles par le Président de la République pour service rendu à la nation. Idem pour l’article 46. Selon le CSDM, cette disposition de l’avant-projet n’est ni plus ni moins une éviction des Maliens établis à l’extérieur qui, pour des besoins de leur installation et leur intégration dans les pays d’accueil, ont recours à d’autres nationalités tout en gardant celle du Mali. Et Mariam Coulibaly de s’interroger si une double nationalité fait des Maliens de l’extérieur «des apatrides, des renégats ou d’éventuels traîtres». Et d’appeler, au non du CSDM, les Maliens établis à l’extérieur à se mobiliser pour dire «NON» à ces articles qui récusent, à leurs yeux, leur appartenance à la nation malienne.
Cette prise de position pour le président du CSDM ne compromet pas pour autant le soutien de la diaspora aux autorités de la transition. Leur président en a du moins donné l’assurance en ces termes : «Nous soutenons la Transition et nous ne sommes pas contre la révision de la constitution. Seulement nous voulons être représentés dans les deux chambres, comme l’ont recommandé le DNI et les ANR, à travers un jeu démocratique », a expliqué Mohamed Cherif Haïdara. Selon lui, la diaspora veut des représentants issus des urnes, ni plus ni moins, afin qu’ils soient à la hauteur des attentes. Or, un représentant nommé ne sera autre qu’un valet à la merci de celui qui l’a désigné, a laissé entendre le porte-voix du CSDM avant de rejeter en bloc toute idée d’une désignation. En ce qui concerne l’article 46, il propose qu’en cas de victoire le candidat à la présidentielle issu de la diaspora renonce à sa seconde nationalité. C’est d’ailleurs, selon ses explications, ce qu’IBK a fait après son élection.
Amidou Keita