Suite à un protocole d’accord signé le mardi 6 juillet 2021, entre le ministre en charge de l’Industrie et du Commerce, M. Mahamoud Ould Mohamed et le président de la Fédération des syndicats des bouchers, M. Hamsoulaye Diallo, le kilo de viande avec os et sans os est vendu respectivement à 2300 F cfa et 2800 F cfa le kilo, à partir du lundi 12 juillet 2021 pour 2 mois à Bamako et à Kati.
Enfin, un ouf de soulagement pour les consommateurs, si cette annonce ne venait pas à mourir pas de sa belle mort comme les autres mesures antérieures du fait de l’incompétence des autorités à faire respecter leur décision.
Cette augmentation de certains produits de première nécessité : l’huile, la viande, le lait, la farine, le sucre, le gaz, le riz, le pain, l’aliment bétail depuis un certain temps sur le marché malien, s’explique selon la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (DGCC).
Raisons :
La crise sanitaire de Covid-19 a eu un impact sur le prix des produits sur le marché mondial. « Nous importons 70% de ce que nous mangeons, donc, s’il y a un choc à l’étranger, nous sentons cela. Pendant 6 mois, la Chine ne produisait pas. Personne ne pouvait aller en Chine », selon le Directeur de la DGCC.
Autre facteur qui fait que le prix est cher est le fait que le Mali ne transforme que 10% de sa production, a déploré le DG de la DGCC.
La crise de la CMDT de l’année dernière où les paysans ont refusé de cultiver le coton, qui a eu un impact sur le prix de l’huile. « Nos besoins en huile sont de 12000 tonnes chaque mois sur nos marchés. L’Etat a décidé pour deux mois de baisser la base de calcul des droits au niveau du cordon douanier. Cette mesure vient juste d’être engagée. C’est pourquoi dans l’immédiat, vous ne pouvez pas trouver l’impact de cette mesure sur les produits », selon le Directeur de la DGCC.
Malgré cette cherté, la viande sortie des abattoirs du Mali ne répondrait pas aux critères pour la MINUSMA. Selon un responsable de la filière qui a souhaité garder l’anonymat les animaux sont achetés au Mali, acheminés au Sénégal puis abattus dans leur laboratoire et la viande est ramenée à Bamako pour la consommation de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Au Mali, le sous-secteur de l’élevage représente une source de revenus pour plus de 30% de la population malienne. En 2018 le montant des exportations d’animaux vivants a été estimé à 139 milliards FCFA. Malgré, ce potentiel, la production de viande est confrontée à l’eternel problématique la qualité.
Poser la question de la qualité de la viande a-t-il un sens dans une situation de manque endémique ? D’autant plus que la situation des bouchers et des autres petits opérateurs de la filière n’est pas meilleure que celle de leurs clients. Les conditions économiques sont fragiles et l’exercice du métier est précaire.
Pour une population d’environ 2 millions d’habitants, Bamako compte deux abattoirs, dont un seul qui soit frigorifique, et encore, il date de l’Indépendance. Quelque 400 bouchers y feraient abattre quotidiennement des milliers de moutons, de chèvres et environ 700 bovins. Il existe en parallèle huit aires d’abattage situées à l’extérieur de la ville et trois points de contrôle de la viande foraine. Les bouchers se répartissent sur les nombreux marchés de quartier, ils montent des stands en plein air avec les moyens du bord, sans avoir accès ni au froid ni à l’eau.
Pour les vétérinaires, la qualité sanitaire est le but à atteindre mais surtout un défi quotidien. La priorité des services repose sur le contrôle des animaux et carcasses. L’état de santé du cheptel n’est pas bon en zone péri-urbaine. Les bovins se nourrissent de déchets y compris de sacs plastiques, n’engraissent pas facilement et souffrent de la tuberculose, de la brucellose, de la douve. Les bêtes malades, mais également les femelles reproductrices et les jeunes, abattus clandestinement, arrivent sur le marché pour pallier le manque endémique d’animaux
Les agents des services sanitaires s’affrontent à la résistance des bouchers et doivent braver leur colère en cas de saisies. Ils mènent une véritable lutte parfois au péril de leur vie. Un sentiment de situation de danger permanent ressort dans leurs propos. Ils se déplacent la nuit à la périphérie de la ville, rejoignent des aires d’abattage isolées qui sont aux mains du banditisme.
Mahamadou YATTARA
Source : Inf@sept