Bamako, Au-delà de la joie des mariages, des dimanches macabres

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Abdoulaye Maiga
Abdoulaye Maiga

Partout ailleurs à travers le monde, le dimanche constitue un moment de paisible repos, d’organisation d’événements sportif et culturel mais aussi de célébration dans l’allégresse, de cérémonies familiales. Bamako ne dérogerait pas à cette règle universelle s’il n’existait pas ce phénomène qui a finit de plonger tous les parents qui voient arriver chaque dimanche avec sa surcharge de dangers hautement mortels. C’est dans le paroxysme de l’inquiétude qu’ils attendent la fin de chaque semaine avec cette terrible question : Est-ce que notre enfant fera partie de ce lot de garçons qui se feront emportés par les folles et insensées courses de motos cette semaine ?

A Bamako, le dimanche est entrain de devenir tristement macabre. En effet, c’est le moment qu’ont choisi les jeunes pour exposer dangereusement leur vie dans les rues de Bamako en s’adonnant à toute forme d’acrobatie en roulant en vive allure sur toutes sortes de motos. Résultat : chaque dimanche, constatent certaines personnes avec dégoût, c’est environ quatre à cinq jeunes qui périssent au vu et au su de tout le monde.
Mais le plus incompréhensible et le plus désespérant dans cette situation c’est le silence et l’indifférence totale des parents, des autorités religieuses et politiques, des médias, en somme, de toute la société bamakoise. C’est avec acclamation que le bamakois lambda contemple ces jeunes cascadeurs qui au lieu de s’adonner à la recherche, la lecture, la recherche de travail, les activités citoyennes sportives ou culturelles préfèrent aller se faufiler entre les files de véhicules en exposant leur si précieuse vie.

Aucune raison, aucune explication ne peut justifier un tel phénomène. Comment les jeunes conscients des défis majeurs, des enjeux de l’heure, de l’énorme retard de nos Etats, des lendemains sombres et incertains peuvent être si insouciants, si indifférents, si irresponsables ? Il est vrai qu’il faut que jeunesse se fasse. Mais aucune jeunesse, surtout celle de nos jours, pour les raisons que je viens d’énumérer, ne doit en aucune façon se donner au vu et au su de tout le monde à des jeux de la mort.
Cette situation soulève plusieurs interrogations. Quel type de jeunes avons-nous besoin dans cette partie du monde ? Qu’est-ce qui peut bien pousser les jeunes à se lancer dans cette course vers un suicide qui ne dit pas son nom ? Cela fait vraiment frémir de penser que c’est cette jeunesse africaine dépositaire d’une situation tellement catastrophique à tout point de vue au point d’aller s’entasser dans des embarcations de fortune pour aller périr dans les eaux glaciales de la méditerranée qui est en train de se sacrifier de façon si terrible et si incompréhensible. Voilà une jeunesse qui a hérité d’une situation économique, monétaire, culturelle et sociale dramatiques et qui, au lieu de se préparer à prendre en charge leur propre destin, se lancent dans des jeux puérils à très hauts risques qui les ôtent la vie, massivement et fréquemment. C’est cette même jeunesse qui, au lieu de développer des comportements citoyens et patriotiques se mettent à piétiner quotidiennement toutes les règles comme s’ils se préparaient à se mettre d’ores et déjà dans la peau de certaines autorités dont ils sont pourtant en train de critiquer sévèrement la gestion gabégique, les détournements de deniers publics, la mal gouvernance, l’arrogance et la délinquance financière qui a fini de différer le développement de nos pays à la fin des temps.

Ce spectacle que nous offre tragiquement, chaque dimanche, la jeunesse de Bamako est inadmissible et inacceptable dans le pays de Modibo Keita. Franchement c’est hallucinant et très choquant d’assister à de tels hécatombes de jeunes gens emportés par l’irresponsabilité et la démission totale de toute une société, en première ligne de laquelle se trouvent ses autorités de tous bords.
Il s’agit ici d’un véritable cri de cœur doublé d’un appel pathétique venu du fond du cœur d’un jeune parmi les jeunes maliens outrés ; découragés et écœurés par un comportement irresponsable et indigne de personnes à qui sont destinées l’immense responsabilité de faire briller la grandeur et la luminosité du Mali de Soundiata Keita. Nous n’avons pas le droit de rater le dernier train de l’histoire. Aujourd’hui, tout est urgence dans notre pays mais l’urgence des urgences c’est d’aider les jeunes à comprendre que la priorité est ailleurs et qu’un avenir cruel les attend aux portes d’une vie où rien ne se donne, tout s’arrache au prix d’un comportement responsable, de la conscience citoyenne et d’une ambition mesurée.

Abdoulaye Maiga
Interne en Pharmacie
Tel :(+223) 71134285
E-mail : maigaabdoulaye550@gmail.com

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