Blocage des salaires des enseignants : Les droits des travailleurs piétinés sous le regard inerte des Centrales

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A la place de précompte sur les salaires des enseignants grévistes, le gouvernement en violation flagrante de la loi N°87-47/AN-RM du 10 août 1987 relative à l’exercice du droit de grève dans les services publics de bloquer les salaires depuis plus deux (2) mois. Cette violation se fait sous le regard des centrales syndicales.

Les nombreuses négociations entre le gouvernement et le collectif des syndicats de l’éducation n’ont donné de suite favorable. Les deux camps se campent sur leur position. Les enseignants exigent l’application  de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale suite à la valorisation de la grille annexée au Statut général ( une augmentation de 20% à compter du 1 Janvier 2019 et 9% à compter du 1 Janvier 2021 de leur grille).

Le gouvernement propose l’alignement de la grille des enseignants sur l’indice plafond 1100 à compter de mars 2020 pour la catégorie A avec deux mois de rappel (Janvier 2020 et février 2020) ; l’alignement de la grille des enseignants sur l’indice plafond 1200 à compter de janvier 2021 pour la catégorie A ; le paiement par tranches des rappels des douze (12) mois de l’année 2019. Faute d’entente entre les deux parties, les classes sont restées fermées et le gouvernement semble dans la logique de vengeance. Pour ce faire, à la demande du Premier ministre et ministres de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé a ordonné les précomptes des jours de grève sur les salaires des mois de février et mars 2020.

Malheureusement, en lieu et place des précomptes, les salaires de tout le personnel enseignant sont restés bloqués. De février à nos jours, les enseignants n’ont toujours pas eu leurs salaires.

Cette pratique du gouvernement viole le code de travail, précisément  la loi N°87-47/AN-RM du 10 août 1987 relative à l’exercice du droit de grève dans les services publics et dont la liste des services, emplois et catégories de personnel est fixée par le décret N°90-562/P-RM du 22 décembre 1990.

Cette loi  reconnaisse et organise  l’exercice du droit de grève : « Toute grève doit désormais être précédée d’un préavis émanant de l’organisation syndicale la plus représentative et précisant les motifs, le lieu, la date, l’heure du début et la durée de la grève. Interdiction des grèves surprises et obligation d’assurer un service minimal. Toute grève entraîne la perte d’une partie de la rémunération, correspondant à la période d’interruption du travail (application de la règle du “trentième indivisible” selon laquelle un arrêt du travail pendant une partie de la journée seulement entraîne la perte du salaire d’une journée entière). Les agents participant à une grève illicite peuvent être sanctionnés sans observation de la procédure disciplinaire normale ».

La plus surprenante est le silence incompréhensible des différentes centrales syndicales, notamment l’UNTM, la CSTM et la CDTM sur la question. Depuis deux mois, cette violation des droits des travailleurs se passe au Mali, aucune centrale n’a levé le petit doigt pour contraindre le gouvernement à respecter les lois.

Certes, les enseignants sont concernés aujourd’hui, mais en matière de syndicalisme, la défense des droits des travailleurs doit être l’une des priorités des centrales. Malheureusement, au Mali, les leaders des centrales syndicaux semblent avoir d’autres agendas que la défense des travailleurs. L’heure n’est plus aux communiqués sans effets, mais il s’agit de faire le respect des droits des travailleurs une exigence. Désormais, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous.

Alima DIABATE

Tribune

Source : Ciwara Info

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