Bonne gouvernance et lutte contre la corruption : Comment éloigner le spectre du règlement de compte politique ?

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Mamoudou Kassogué, président du SAM
Mamoudou Kassogué, président du SAM

La lutte contre la corruption aura tout son crédit si elle n’inspire aucun soupçon de « deux poids deux mesures ». Elle sera alors applaudie quand nul ne se sentira protégé au détriment d’autres…

En prenant fonction, le président de la Transition, Bah N’Daw a presque fait le serment de lutter farouchement contre ceux qui se donneront des libertés coupables par rapport aux deniers publics.

L’actualité nationale fait état de dossiers de malversations financières présumées établies par le Bureau du Vérificateur Général déposés devant le juge. Parmi ces dossiers, découlant des rapports de 2013 à maintenant, on cite des noms de gros bonnets politiques, dont d’anciens chefs d’institutions, anciens ministres et anciens ambassadeurs et d’autres en fonction, etc. A titre d’exemple, l’ambassadeur du Mali au Burkina Faso, Amadou Soulalé, non moins président du parti FAMA, Jeamille Bittar, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie et président du parti MC-ATT et d’autres directeurs nationaux seraient concernés par ces indélicatesses financières. Avant ces cas, certains cadres comme l’ancien Directeur général de l’ORTM, non moins ancien ministre de la Communication sous ATT en 2012, l’ancien comptable de l’ORTM, Salif Konaté, le maire de la commune II, Cheick Abba Niaré sont cités devant le juge du Pôle économique pour des cas de détournements présumés de deniers publics.

La poursuite judiciaire de tous ces acteurs donnera certes un signal de la fin de l’impunité, mais il est judicieux que d’autres dossiers d’envergure, ayant récemment marqué les consciences, soient examinés. Sans cela, l’opinion publique aura toujours l’impression que certains présumés coupables ou impliqués dans la mauvaise gestion de nos ressources sont protégées. Par qui ? Par les autorités de la Transition ? Par les plus hautes autorités du régime déchu d’IBK ? Nul ne saura le dire pour le moment.

En effet, peut-on véritablement sceller la fin de l’impunité en ne débusquant pas judiciairement les  indélicats indûment enrichis dans l’affaire de l’avion présidentiel, de l’affaire des équipements militaires ? Quid du dossier des avions cloués au sol ? Des blindés dits en carton ? Doit-on oublier le dossier des engrais frelatés ? Des 1000 tracteurs ? Des milliards mal gérés de la primature? Quid des malversations des fonds de l’AMRTP, des fonds de l’AGEFAU ?

Voilà autant de sulfureux dossiers pour lesquels, le Malien lambda attend de voir clair, de connaître qui a joué quel rôle et permettre ainsi à l’Etat de récupérer un tant soit peu quelques ressources financières pour faire face à ses besoins urgents surtout au plan sécuritaire.

Il urge que la machine judiciaire fasse diligence pour épingler les plus gros poissons, car c’est d’eux que l’Etat peut récupérer des deniers détournés ou utilisés à des fins privées ? Dans ces dossiers suscités, il n’y a pas de doutes que la justice devra mettre le grappin sur de hauts responsables du pays sous le régime IBK, de 2013 à 2020. Même si c’est par contumace, la justice doit se donner les moyens d’investiguer et rendre des décisions qui seront fortement dissuasives pour de nouvelles velléités boulimiques du genre. Ce n’est qu’à ce seul prix que les autorités de la Transition se donneront le crédit de véritablement nettoyer les écuries d’Augias du pays qui, il faut le souligner, est demeuré la vache laitière de plusieurs hauts cadres de l’Etat.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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