Me Tall et le ministre Témé en cause
C’était prévisible, rien ne va plus entre les deux comités syndicaux SNESUP et SNEC de l’IUG et le Directeur Général, Badra Macalou. Pour rappel, le SNEC avait saisi les autorités, y compris l’Inspection du Travail, pour dénoncer la dérive autoritaire à la limite maladive du directeur. Plus tôt d’ailleurs, des enseignants avaient lancé une pétition dans le but de démettre l’ancien comité syndical, accusé d’avoir fait un mélange de genres, en se rangeant curieusement du côté du DG pour combattre les siens. Le DG Macalou donnera d’ailleurs raison à ses pétitionnaires, puisque, lorsque le Comité exécutif national du SNESUP, convaincu de la déviation du comité local, avait lancé la procédure de destitution et de renouvellement, c’est le DG lui-même qui a entrepris de dissuader le Dr Mallé, Secrétaire général du Comité exécutif. Depuis quand un DG va –t-il défendre la cause d’un syndicat ?
Il y a forcément anguille sous roche. Plus tôt d’ailleurs, c’est le même DG qui avait convoqué une Assemblée générale pour démentir l’allégation selon laquelle il aurait refusé de payer du sucre aux agents pour le mois de carême, tout en remettant informellement de grosses sommes à certains membres du bureau syndical acquis à sa cause. Il ne convaincra personne, puisque ce sont des bénéficiaires qui avaient malencontreusement raconté l’anecdote. L’incident avait eu une ampleur importante puisque c’était la première fois depuis plusieurs années consécutives que ce sucre pour le carême était considéré comme un acquis.
Le DG finit donc par détruire le peu d’estime que certains agents pouvaient encore nourrir pour lui ou le comité syndical. Depuis donc la mise en place du nouveau comité syndical, dirigé par Moussa Keïta, un doyen de la maison (21 ans à l’IUG), un homme à poigne (du moins pour l’instant) doublé d’une grande expérience dans les cabinets ministériels, la « langue mielleuse » de Macalou (expression qu’utiliserait le ministre Témé pour qualifier son Directeur qu’il connaît parfaitement) ne prend plus. Plus de langue de bois, rien que du concret. Or, cette langue de bois, les complots, c’est cela le terrain de prédilection du DG qui y est considéré par ses détracteurs comme un « Pélé ». Cette différence de personnalité entre les deux hommes semble accentuée par une attitude subtile de ne pas reconnaître le nouveau bureau syndical. Son collaborateur, le responsable des cours délocalisés, Dr Ballo, avait donné le ton lors de la dernière Assemblée générale de l’ancien bureau, en déclarant publiquement qu’il ne reconnaîtrait pas le nouveau, qui n’avait pas encore été mis en place.
C’est donc fort logiquement qu’on pouvait s’attendre à une Assemblée Générale unitaire SNESUP-SNEC qui a enregistré, la semaine dernière, la quasi-totalité des professeurs et autres agents. Cette AG a été suivie le lendemain d’un point de presse également unitaire. Ce qui en dit long sur l’atmosphère qui pourrait être celle de l’IUG dans les semaines et mois à venir. Le ton est donné : suivre la procédure en alertant les autorités (qui jusque-là optent pour la politique de l’autruche), et préparer un préavis de grève ; lequel, s’il se concrétisait, viendrait compromettre une année déjà mal en point. Et en cela, sont indexés l’ancien ministre de tutelle, Mountaga Tall, et l’actuel, Dr Abinou Témé.
Que reproche-t-on à me Tall ?
C’est, en effet, lui, qui a nommé le DG Macalou, juste avant son départ pour la Communication. D’aucuns pensent que Me Tall a voulu « se venger » des enseignants de l’IUG principalement à l’origine de ses déboires au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. On se souvient encore des quatre mois de grève observés dans cet établissement sous Me Tall. « Me Tall savait tout sur Macalou, et quand je dis tout, c’est par rapport à la seule face négative de Macalou puisqu’il n’a pas deux faces, pas de côté positif. C’est quand même curieux venant d’un griot (le DG) de son état dont la fonction sociale est de souder S’il l’a nommé, c’était dans le seul but de nous embêter. Et, il faut le dire, pour une fois, sa vision était la bonne; on en a pris plein dans la g … », accuse un professeur. Un autre collègue renchérit : « Macalou était à sa troisième tentative pour venir diriger l’IUG, lui qui, pendant plusieurs années, courait après les professeurs de l’IUG pour avoir quelques heures en qualité de vacataire.
La troisième a été la bonne, et les mauvaises langues vont jusqu’à supposer des pots-de-vin pour obtenir ce poste. Allez savoir ! Lorsque Macalou a été nommé et qu’il s’est rendu à l’IUG, il était à bord d’un engin, on ne peut pas l’appeler une voiture, c’était plutôt une antiquité qui avait rendu le sol de l’IUG glissant et dangereux tant l’huile fuyait de partout. L’engin a failli mourir pour de bon à l’école et il avait fallu le pousser à fond pour qu’il toussotte et redémarre enfin. Pour le bonheur des enseignants et de son conservateur (c’était une belle pièce de musée des antiquités). C’est donc aberrant d’entendre dire de la bouche de ce même Monsieur que la bâchée (son véhicule officiel) n’est bon que pour se rendre au champ. Normal, venant de quelqu’un qui, en si peu de temps, s’est payé un véhicule 4X4, une voiture à sa femme, dit-on ; a refait sa maison, etc. Bon, avec 3 ou 4% qu’il reçoit de Orabank sur les fonds de l’IUG, deux voitures, ce sont des futilités… ».
Un troisième professeur ne comprend pas que l’on puisse nommer à un tel poste un homme aussi « violent ». Il a failli frapper le syndicaliste Tieauni Sako dont il avait saisi le bras, et n’eût été l’intervention des autres camarades, les choses auraient pu aller loin, selon l’intéressé même. Pire, rappelle un autre :
« Ce que beaucoup ne savent mais que les autorités devraient forcément savoir, c’est qu’une pétition avait été lancée contre Macalou lorsqu’il résidait dans les logements administratifs contigus à l’ECICA. Il battrait à sang sa première épouse au point que les voisins ont lancé une pétition pour l’expulser du bâtiment ; autrement ce sont eux qui le feraient, les pieds devant. Plus tard, malgré de grands enfants, la femme a préféré la liberté à une violence quotidienne qui pourrait déboucher sur pire. Selon d’autres sources, la deuxième serait tout simplement traumatisée…Vous me diriez peut-être que c’est sa vie privée. Je réponds non : dès qu’on accepte de diriger un service public, on renonce à une vie privée ; on ne peut dissocier votre vie privée de votre gestion publique, du moment qu’il y a une relation de cause à effet. Sinon pourquoi les magistrats chercheraient-ils à connaître les antécédents d’un prévenu ? ».
Un autre détracteur ajoute : « Me Tall a l’habitude de demander à des responsables d’intégrer le CNID. Certains ont opposé un niet catégorique au risque de ne jamais avoir de promotion. Macalou aurait-il dit ‘’oui’ pour obtenir le poste ? Très probable quand on sait quel effort il a déployé pour l’avoir et quel discours il est prêt à tenir pour atteindre son but ».
Quid du ministre Témé ?
Les professeurs de l’IUG ne comprennent pas qu’à présent le ministre A. Témé n’ait pas pris ses responsabilités. Et pour cause. Avant la dernière élection présidentielle, rappelle un enseignant, Macalou se réjouissait du départ programmé du régime IBK. Etait-ce par reconnaissance envers un Mountaga alors en disgrâce avec le régime ? Possible, mais toujours est-il qu’il lui est attribué ces propos : ce régime va partir ; on va pouvoir faire beaucoup de choses.. ». Avant Témé, la ministre Assitan Founé Samaké s’était montrée excédée par les agissements de Macalou et n’attendait que la bonne occasion pour le mettre au repos, selon l’entourage D’où d’ailleurs la joie de Macalou quand la dame a perdu l’Enseignement supérieur. Ensuite, en tant que doyen de la FLASH, il a eu tout le loisir de connaître l’homme. En effet, « se faisant passer pour politologue, Macalou a été unanimement désavoué par les étudiants qui estimaient qu’il ne faisait que raconter sa vie ; d’où son surnom de ‘’bluffeur’’.
Et cela, le Dr Témé le sait très bien, lui qui le qualifierait de ‘’langue mielleuse’’ ». Par ailleurs, » la FLASH est contiguë à l’IUG et Témé ne peut ignorer ce qui se passe de l’autre côté. La seule chose qui intéresse Macalou, ce sont les opérations où il pourrait se faire de l’argent. Les aspects pédagogique, scientifique et social sont les derniers de ses soucis. Il s’est opposé à la volonté des professeurs de Techniques d’expression et de communication (TEC) de chercher le partenariat avec des organismes pour leur formation continue au motif que cela relève de la prérogative de l’administration. Soit, mais lui n’a rien entrepris dans ce sen depuis plus de deux ans maintenant.
Il a empêché le même groupe de lancer un journal scientifique au motif que le Rectorat dit qu’il a son propre projet dans ce sens ; ce qui était faux. Il s’est opposé à la décision de l’ancien comité syndical (SNESUP) de mettre en place un Fonds social au motif que cela aussi relève de la prérogative de l’administration. Depuis quand un fonds social relève-t-il d’une Direction ? Macalou est un tueur d’initiatives, un mégalomane, un égocentrique : tant que cela ne vient pas de lui, ça ne peut être que mauvais ; c’est égoïste, c’est méchant… », dénonce amèrement un autre détracteur, qui ne semble pas comprendre l’inaction des autorités devant tant de dérives.
Un autre détracteur croit comprendre l’attitude passive du ministre : « Macalou dit que Témé est son ami, même si des proches du ministre démentent ces propos. A plusieurs reprises, des collègues vont récupérer le permis du DG Macalou au GMS pour conduite dans un certain état…L’amitié en question pourrait donc venir de cette solidarité de la b…, comme c’est le cas en général ; et dans ce cas, je crois qu’on est mal barrés… ».
Au regard de ces différents témoignages tout aussi virulents, point n’est besoin d’être un devin pour prédire l’avenir proche de l’IUG. A moins que ce ne soit le marabout ou Soma que d’aucuns disent apercevoir ces temps-ci à l’IUG, probablement pour « blinder » le DG Macalou, accusé, par ailleurs, de constituer une administration parallèle parfois sur la base d’affinités ou de classes sociales. Wait and see !
La Rédaction
Le Point
Source: Le Point