La crise née au sein de l’Union pour la République et la démocratie (URD) en 2021 après le décès du président du parti, l’honorable Soumaïla Cissé, le 25 décembre 2020, est loin d’être terminée. Dans un verdict rendu public, le lundi 04 avril 2022, le tribunal de la commune V du district de Bamako a confirmé « l’élection de Gouagnon Coulibaly en qualité de Président de l’URD. Ce verdict fait suite au congrès extraordinaire tenu le 16 Janvier 2022 et qui a plébiscité Monsieur Gouagnon Coulibaly pour succéder à l’honorable Soumaila Cissé, rappeler à Dieu. Après cette décision de justice, l’URD est désormais dirigée par Gouagnon Coulibaly et le Pr Salikou Sanogo est obligé de faire la passation de pouvoir dans un délai de 72 heures. Par cette bataille judiciaire fratricide enclenchée entre les deux camps, les héritiers de feu Soumaïla Cissé ont-ils refusé de laver le linge sale en famille ? Cette bataille judiciaire ne va-t-elle pas sonner le glas de l’union et du rassemblement des militants et sympathisants de l’URD ? Le désormais Président légal et légitime va-t-il prendre son bâton de pèlerin pour réunir tous les militants autour des idéaux défendus par Soumaila Cissé ?
Comme une réponse du berger à la bergère, après la décision du tribunal de grande instance de la commune V, dans un communiqué rendu public, le 4 avril 2022 et qui circule sur les réseaux sociaux, la tendance du Pr. Salikou Sanogo a réagi à ladite décision. Ainsi c’est dans un ton empreint de colère que le Président par intérim a accueilli cette décision du tribunal de la commune V. Par conséquent il a informé ses partisans que « les voies de recours appropriées seront exercées contre ladite décision à l’effet de permettre à la Cour d’appel de Bamako de réexaminer le dossier »
Pour rappel, le congrès extraordinaire tenu le 16 janvier 2022 au palais de la culture Amadou Hampaté Ba a porté au perchoir de l’URD Monsieur Gouagnon Coulibaly par une écrasante majorité du peuple du parti de la poignée des mains, avec 54 sections sur 55. Ce plébiscite a donné une telle légitimité que la justice ne pouvait que se conformer à cela pour ne pas susciter des remous sociaux aux conséquences incommensurables. Donc auréolé de cette légitimité, Monsieur Gouagnon Coulibaly vient d’ajouter une nouvelle corde à sa guitare pour la rendre mélodieuse. Incontestablement il jouit désormais d’une double qualité, la légitimité et la légalité. Ainsi pour ne pas avaler facilement l’amère couleuvre, le camp Salikou Sanogo a fait le choix d’attaquer la décision de justice par un appel à la cour d’appel.
En effet, Monsieur Sanogo et les siens reprochent au camp Gouagnon de vouloir casser le parti en organisant un congrès extraordinaire. Faux, retorque le camp Gouagnon qui dit avoir respecté les statuts et règlement du parti en réunissant les 2 /3 des membres du BEN/ URD pour la tenue du congrès extraordinaire. Qu’il soit dit en passant ce congrès extraordinaire, objet de contestation, avait un seul point à l’ordre du jour, à savoir l’élection d’un président à la tête du parti après le constat de la vacance de poste consécutive au décès de l’Honorable Soumaila Cissé. Pour Monsieur Gouagnon et ses partisans l’intérimat n’est nullement statutaire et par conséquent il ne saurait être un droit pour s’éterniser à un poste dont on a pas été élu. Donc la justice en statuant en toute indépendance et après avoir examiné les dossiers a tout simplement donné raison à Gouagnon Coulibaly et a sommé le Professeur Salikou Sanogo de passer la main à Monsieur Coulibaly dans un délai de 72 heures sous peine de payer une astreinte de 500 000 f CFA par jour de retard.
Déboussolé par cette décision de justice, le camp Salikou Sanogo persiste et signe que la convocation du congrès extraordinaire qui a élu Gouagnon Coulibaly est irrégulière et viole les textes du parti. C’est pourquoi au lieu de s’avouer vaincu il fait non seulement appel de la décision du tribunal de la commune V, mais aussi et surtout convoque au pôle économique pour faux et usage de faux. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si la fracture n’est pas déjà consommée entre les deux tendances qui se battent pour le contrôle de l’URD. Il faudrait certainement faire appel au leadership du nouveau président Gouagnon Coulibaly pour recoller les morceaux et préserver la mémoire de feu Soumaila Cissé.
En définitive, nombreux sont les observateurs qui prédisent déjà le même sort à l’URD qu’aux autres grands partis de l’échiquier politique malien à savoir après la mort du leader charismatique, l’éclatement programmé. Les cadres et militants du parti de la poignée des mains vont-ils exorciser ce démon ?
Assitan Diakité
Source : L’Alternance