Un rapport remis au Conseil de sécurité de l’ONU le 28 février 2020 pointe du doigt la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) accusée de soutenir les terroristes. Ces faits ne sont pas une surprise mais ils font éclater au grand jour son double jeu.
Tout d’abord, s’il fallait encore le prouver, les liens de la CMA avec les terroristes du JNIM sont clairs et plus personne ne peut en douter. La base de Foïta en est le parfait exemple. Appartenant à la CMA, elle abrite les terroristes, soutient « la formation et le recrutement », selon les termes du rapport, et sert de base arrière pour les attaques. Soit la CMA ne sait pas, soit elle soutient. Il n’y a donc que deux options : l’incompétence ou la complicité.
Le tandem JNIM/CMA semble également porter des résultats dans le Nord du Mali. L’un attaque, l’autre sécurise. L’un terrorise, l’autre rassure. Quand le premier allume un feu, le deuxième l’éteint. L’exemple le plus flagrant de ce jeu est la multiplication des engins explosifs à Kidal. La CMA n’hésite pas à mettre en danger la population pour garantir son pouvoir. Le JNIM permet le renforcement politique et militaire de la CMA tandis que la CMA garantit une liberté d’action au JNIM. Les deux organisations ne seraient-elles pas les deux faces d’une même pièce ? D’ailleurs, les experts de l’ONU qualifient la CMA de « partenaire sûr » du JNIM.
Mais l’alliance avec les extrémistes religieux n’empêche pas la CMA de tremper dans de juteux trafics de drogue comme le souligne encore le rapport. En se positionnant en garant de la sécurité dans le Nord, elle s’offre la possibilité de contrôler les convois de stupéfiants. Et dans sa soif de toute puissance, la CMA n’hésite pas à assassiner ceux qui s’opposent à elle.
Enfin, la CMA entend appliquer l’APR uniquement quand cela sert ses intérêts. Pointilleuse sur les élections législatives, elle n’hésite pas à violer l’Accord avec sa « stratégie militaire expansionniste » en trahissant sa parole et ses engagements. Toutefois, elle n’oublie pas de feindre le respect lors des visites officielles à Kidal.
Ibrahim Keïta
Source: Malijet