CEDEAO et pouvoir de transition : Des sanctions ou des serpents qui se mordent la queue ?

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Au-delà des sanctions infligées au Mali et qui n’ont finalement montré que la résilience du peuple malien soudé autour de ses dirigeants, la CEDEAO semble se résoudre à désormais soupeser avec délicatesse sa logique punitive contre des Etats membres…

Après la brouille entre la CEDEAO et les autorités de la transition malienne autour du chronogramme de cette période transitoire, les dirigeants ouest-africains ont fini par lever le pied sur le cou de Bamako.

En effet, au départ, les dirigeants de la CEDEAO avaient catégoriquement refusé une transition prolongée allant au-delà de 18 mois. Mais, avec la détermination du peuple malien, avec à sa tête des dirigeants, dont les militaires putschistes intrépides et intransigeants, les autorités de la sous-région ouest-africaine ont fini par revoir leur copie.

C’est ainsi qu’après les 18 premiers mois de transition, marqués par ce qu’il est convenu d’appeler « une rectification », le pouvoir malien et une majorité du peuple s’étaient prononcés en faveur d’un chronogramme devant dépasser 5 ans. Ce qui a provoqué la colère des chefs d’Etats et de gouvernement de l’organisation régionale. Ceux-ci n’ont pas hésité un seul instant à décréter des « sanctions illégales » pour punir le pouvoir du Colonel Assimi Goïta. Mais c’était sans compter avec les réflexes patriotico-nationalistes de la population malienne. Celle-ci s’est résolument engagée à soutenir les autorités et à prendre des mesures de résilience afin de supporter avec courage et détermination ces « sanctions injustes et inhumaines ».

Et, puisque ces mesures de rétorsion étaient aussi de véritables épées à double tranchants, des populations voisines, comme des Ivoiriens, des Sénégalais et bien d’autres peuples de la sous-région et du continent vont afficher leur solidarité et leur sympathie à l’endroit du peuple malien et de ses dirigeants. Combien de manifestations de soutien ont eu lieu pour soutenir le Mali durant cet embargo aux relents néocolonialistes ? Combien de patriotes et activistes panafricains ont rallié ce qui a été qualifié de révolution malienne ? Combien de Sénégalais, d’Ivoiriens, de Guinéens, de Togolais, de Nigériens, de Ghanéens ont battu le pavé et crié leurs frustrations de voir le Mali et ses dirigeants injustement punis, alors qu’ils ne se préoccupaient que de leur propre avenir ? Cette phase de la crise malienne n’est-elle pas devenue africaine et posé le problème même de la souveraineté de nos Etats, injustement surexploités par certaines puissances occidentales ?

En outre, les sanctions prises contre le Mali, comme par exemple le gel des avoirs financiers de l’Etat malien, la fermeture des frontières (terrestres et aériennes), l’interdiction des transactions commerciales, etc, avaient entraîné d’énormes répercussions sur les autres Etats. Comment comprendre les énormes pertes de devises subies par les pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, des pays côtiers comme le Togo du fait de cette fermeture de frontières et interdictions de transactions commerciales ? Quid de la suspension des contributions financières du Mali à certaines organisations du fait du gel de ses avoirs au niveau de la BCEAO ? Bref, les conséquences de ces sanctions étaient inestimables et lourdement ressenties par d’autres pays. Ce qui a rapidement mis la pression sur les dirigeants de la CEDEAO. Ce qui a pesé dans la balance et obligé le médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan à faire plusieurs va-et-vient entre Abuja et Bamako, histoire de supplier le Colonel Assimi Goïta et ses amis à « agir » afin de faire lever ces sanctions. Celles-ci n’avaient finalement que l’apparence de lugubres serpents qui se mordaient la queue !

Boubou SIDIBE

Source : maliweb.net

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