Choguel K Maïga, un Premier ministre à la petite semaine

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Choguel Kokalla Maiga
Choguel Kokalla Maiga

Le Premier ministre, Choguel K Maïga, en moins d’une semaine, a subi deux revers politiques consécutifs. Il s’agit des remontrances de l’UNTM et la sollicitation du Togo par Bamako pour une médiation entre la Cédéao et le Mali.

Après des mois de discours creux aux relents populistes et propagandistes, le Premier ministre malien est rattrapé par la dure réalité du pouvoir. Choguel K. Maïga doit faire face au courroux de l’UNTM. Celle-ci se dit ostracisée « au sein du M5-RFP sous l’impulsion du Chef du gouvernement pendant les réunions qu’il assiste dans le cadre du mouvement de contestation, en demandant aux départements de faire la promotion des syndicalistes et de leurs organisations qui ont fait la lutte pour le changement ».

« C’était le signal contre notre Centrale partout », renseigne la missive. L’UNTM accuse le Premier ministre et ce qui reste du M5-Rfp d’avoir refusé de donner satisfaction à ses doléances. Une attaque en règle qui attriste l’UNTM et la pousse à mettre en garde le Premier ministre sur les conséquences de cette politique d’ostracisation de la principale centrale syndicale.

« Le syndicalisme peut entrer dans le jeu politique national. Toutes les Conventions et Résolutions le consacrent. Donc faites attention !». Des menaces à peine voilées adressées au chef du gouvernement.

Aussi, l’UNTM déplore-t-elle le franchissement de la ligne rouge et la tentative de prolifération du négationnisme de la révolution démocratique du 26 mars 1991 et de ses résultats sans lesquels aujourd’hui ne sera pas. « Il ne faut plus que cela se répète ! », prévient l’UNTM. Une façon pour elle de mettre en garde le Premier ministre contre toute tentative de réécriture de l’histoire.

Cette sortie de l’UNTM contre le Premier ministre constitue une douche froide pour celui-ci et met fin à la trêve syndicale dont Choguel K. Maïga s’était pourtant vanté lors de son passage devant les membres du CNT, le 21 avril dernier.

À travers sa missive, la principale centrale syndicale du pays vient de confirmer déjà ce qu’une bonne partie des forces vives maliennes pense du Premier ministre. Celle-ci le juge « clivant et son incapacité à fédérer les Maliens ».

Prendre par la fenêtre ce qu’ils ont refusé de prendre par la porte

Avant la sortie musclée de l’UNTM, le chef du gouvernement a certainement assisté, le 05 mai, la mort dans l’âme, à l’envoi d’une délégation ministérielle à Lomé (Togo) par le président de la Transition pour solliciter une médiation auprès du président Faure Gnassingbé entre Bamako et la Cédéao. Quelques jours après l’imposition des sanctions, il avait indiqué que la Cédéao viendra au bord du Djoliba pour négocier avec le Mali. Ce qui n’a pas été le cas.

Cette sollicitation du Togo par le Mali est en soi un échec cuisant pour le Premier ministre chargé de gérer le volet politique de la transition. Avant sa nomination, il avait fait beaucoup d’appels du pied en insistant sur le fait que les militaires ne connaissaient pas la chose politique. À l’épreuve, on constate qu’il a visiblement échoué à épargner à la population malienne une crise inutile dont les conséquences seront très fâcheuses pour le pays.

Par ses diatribes et les attaques en règle contre l’organisation sous- régionale, le Mali n’est plus à l’ordre du jour de l’agenda de la communauté internationale. Le point 08 du communiqué conjoint publié par la délégation malienne et togolaise en atteste.

« Le ministre Abdoulaye Diop a demandé au Togo de soutenir l’effort de dialogue du gouvernement de transition malien avec l’ensemble de la communauté internationale et de prendre des initiatives de facilitation et/ou missions de bons offices pour mobiliser à nouveau les acteurs régionaux et internationaux autour de la transition dont la visée essentielle demeure l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles et le retour à l’ordre constitutionnel ».

Aussi, est-il loisible de constater que le gouvernement de transition a revu ses objectifs à la baisse en abandonnant le concept creux de refondation. Fini alors les 24 mois de « délai incompressible » ; il faut sauver les meubles en allant à l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles et au retour à l’ordre constitutionnel.

À travers cette médiation togolaise, Choguel K. Maïga et son gouvernement veulent prendre par la fenêtre ce qu’ils ont refusé de prendre par la porte. C’est-à-dire les 12 à 16 mois de prolongation de la transition. C’est aussi ça le choguelisme !

Abdrahamane SISSOKO  

Source : Le Wagadu

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