Choguel Kokala Maïga : Après le virtuose, les Maliens attendent le sauveur

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Le PM Choguel Kokalla MAIGA lors de son retour de New York
Le PM Choguel Kokalla MAIGA lors de son retour de New York

Le Mali a connu deux coups de force en l’espace d’une année. En août 2018, un putsch a renversé le régime d’Ibrahim Boubacar Keita. Un régime de transition a été installé sous la triple direction de Bah Ndaw comme président, du vice-président Assimi Goita et du premier ministre Moctar Ouane. Moins d’une année, le format est bouleversé par le vice-président Assimi Goita en mettant hors de leurs prérogatives le président et le chef du gouvernement. Sous la pression de la communauté internationale, un consensus a été trouvé avec la nomination d’un Premier ministre en la personne de Monsieur Choguel Kokala Maïga issu du Mouvement ayant précipité la chute du régime IBK.

Depuis sa nomination le 7 juin 2021, l’ancien porte-parole du M5 RFP s’est mis en ordre de bataille pour affronter les défis immenses de son gouvernement dit de mission. Dès son accession à la Primature, il ne perd pas un seul instant, il enchaîne, dit-on, 15 heures (6h-21h) de temps de travail par jour. Il est le premier à arriver au bureau et le dernier à y répartir. Si le PM se met autant de pression et se donne autant de taches, c’est sans doute dû contexte au délétère (insécurité, grognes sociales, grèves interminables) dans lequel il a hérité de l’action gouvernementale en tant que fruit de contestations lui ayant valu l’admiration de beaucoup de concitoyens.

Acteur politique majeur depuis 1992, ce docteur en télécommunications n’avait jamais autant conquis l’opinion malienne. Proche du régime de Moussa Traoré, Choguel devint le président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) en février 1997. En 2002, il se présente à l’élection présidentielle pour n’obtenir que 2,73 % des suffrages. Il se présente derechef à l’échéance suivante pour en sortir candidat malheureux.

Le demi-Messi :

Depuis sa fracassante sortie, le 26 septembre 2021 sur la tribune des Nations Unies, où il a accusé vertement la France d’abandon du Mali en plein vol, son cercle d’adulateurs n’a de cesse de s’élargir. Une bonne frange de la population perçoit en lui un héritier de Modibo Keita ou encore de Thomas Sankara. Ces critiques ont contribué à faire brûler le torchon entre l’hexagone et le Mali. La France, par la voix de sa ministre de la Défense, a aussitôt qualifié les propos de Choguel “d’indécents”. Dans la même foulée, le président Macron d’enchaîner en jugeant illégitime le pouvoir issu de “deux enfants de coup d’État”. La France et ses alliés ne décolérait pas à mesure qu’enflait la rumeur d’un accord entre les autorités de Transition et Wagner, une société de sécurité privée russe. Sur instigation de la France, la communauté internationale menace de se retirer du Mali estimant que leur présence est incompatible avec celle de mercenaires. Au niveau national, les appréciations sont naturellement aux antipodes de la colère internationale. À son retour de New York, après l’assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre malien sera accueilli et acclamé en héros par la liesse, du tarmac de l’aéroport jusqu’au centre-ville, en récompense de la mission qui s’est assigné de retourner au Mali et à ses concitoyens une dignité rongée par la crise. Toutefois, une certaine opinion publique voit dans son acte une simple offensive de charme aux relents populistes et observe d’un œil vigilant la conduite des affaires par l’ingénieur en télécommunications crédité d’une certaine intelligence mais qui ne distingue jusqu’ici que par sa virtuosité politique.

Choguel Kokala Maïga tiendra-t-il longtemps sur cette lancée de l’homme intrépide, courageux, qui n’hésite guère à défier la France, ses alliés et toute la communauté internationale ? L’avenir se chargera de nous édifier.

Mohamed Assaleh

Source : Le Témoin

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