Les audio du Premier ministre de la transition, Choguel K. Maïga, ont créé la polémique au sein de l’opinion publique. On l’entend dans une discussion à sens unique, comme à ses habitudes, s’en prendre, pêle-mêle, à plusieurs personnalités du pays, allant jusqu’à dénigrer la lutte héroïque du peuple malien en faveur de la démocratie. Des audio qui vont le mettre en mal vis-à-vis de plusieurs courants politiques du pays. Le conflit larvé qui pourrait en découler risque de faire réagir le président de la transition qui n’a pas besoin d’hostilités politiques autour de lui.
Le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, n’a pas encore fini avec les polémiques.
A peine la tempête des hectares dans la réserve forestière de Lassa passée, le voici au cœur d’un autre scandale des audio qui ont fait le tour des réseaux sociaux, en cette fin de semaine. L’actuel Premier ministre de la transition, comme à ses habitudes, se lâche et pourfend, sans ménagement, la quasi-totalité des acteurs politiques, y compris dans l’entourage proche de ses alliés du M5-RFP.
Pour le moment, nul ne sait à quand datent ces audio qui ont tout l’air d’avoir fuité. Et en fuite bien organisée par des commanditaires qui y ont bien intérêt. Les propos du Premier ministre sont acerbes et les accusations gravissimes.
Le mode opératoire est l’identique d’un Choguel K. Maïga qui a coutume de se donner les beaux rôles et de jeter l’opprobre sur tout le reste. C’est lui Choguel K. Maïga qui sait tout et qui sait déchiffrer tous les codes. Les autres, encore une fois, sont ceux-là qui portent le malheur du pays.
Au-delà des attaques de personnes, qui foisonnent dans ces propos, dans lesquelles il excelle comme un bon samaritain, Choguel Kokalla Maïga est carrément dans le négationnisme de la victoire démocratique des années 91. Sur ce terrain, il apparaît toujours le même, celui qui sait reconnaître aucun mérite à la lutte héroïque du peuple malien en faveur des libertés démocratiques, gagnées au prix du sang contre la dictature sanglante du général Moussa Traoré.
Et c’est justement là où le bât blesse. Choguel Kokalla Maïga est le Premier de la transition dont l’enjeu principal auquel elle est confrontée est lié au retour de la normalité constitutionnelle. Pour y parvenir, de manière plus apaisée, comme cela est le souhait de tous les acteurs, y compris les partenaires étrangers, le gouvernement de la transition doit nécessairement gagner le pari du consensus politique, le plus ordonné et le plus large possible.
Par la fronde politique qu’il entrainera sur lui, avec les accusations de toutes sortes, n’épargnant personne, ni même ses propres alliés politiques, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga sait bien que ces nouveaux enregistrements audio le feront éloigner progressivement des militaires au pouvoir, lesquels ne sont pas dans la logique du clivage malsain et inapproprié.
Le président de la transition, qui s’est logiquement engagé dans un véritable ballet diplomatique à l’endroit des acteurs politiques, dans la perspective de trouver une forte adhésion nationale autour des assises nationales en préparation, ne sera pas sûrement à l’aise en face de cette nouvelle sortie publique de son Premier ministre. Et pour cause. Ce dernier est bien plus avisé que les récents audio de l’homme auront forcément pour conséquence fâcheuse de désarticuler les nombreux pourparlers qu’il a jusqu’ici initiés auprès des acteurs politiques.
Autre point noir de ces audio qui n’ont pas encore fini de faire des vagues : l’allusion très aventureuse faite par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga vis-à-vis d’une franche plus sensible de l’armée. Il parle de cette couche particulière de l’armée, à savoir la troupe, comme s’il entretenait des liens réguliers et actuels avec elle.
Le fait que tout cela a un lien, plutôt émotionnel, avec l’ancien chef de la junte, le général Aya Sanogo, n’est plus rassurant dans les propos du Premier ministre qui est devenu lui-même soudainement un allié objectif à cet ancien putschiste, dont on sait très peu de choses dans ses relations avec l’actuel homme fort du pays.
On peut dès lors imaginer que les effets des audio du Premier ministre de la transition, au-delà du champ politique, déjà grouillant d’invectives et d’accusations de toutes sortes, se feront également bien entendre dans le cercle fermé de l’armée. Un milieu traditionnellement hostile aux bruits inopportunes et autres jeux politiques mesquins.
Pour l’heure, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’a pas réagi à ses propres audio. D’ailleurs, ces derniers, en dépit du fait qu’il est connu pour un dur pourfendeur, Choguel Kokalla Maïga n’a pas beaucoup répliqué contre les attaques, réelles ou supposées, dont il fait l’objet ces derniers temps.
Un silence volontairement entretenu par lui, dans un tel contexte politique brûlant, pour ne pas prêter le flanc à des adversaires irréductibles qui ne lui cherchent qu’ennuis, qui ne lui servira pas, cette fois-ci, dans ces audio brutaux et agressifs, à cause des graves accusations qu’ils portent contre plusieurs hommes politiques du pays.
Va-t-il alors se décider à rompre le silence ? Un dilemme choguelien…
Oumar KONATE
Source : La Preuve