« Le Chef du Bureau de la MINUSMA à Kidal M. Christophe SIVILLON est désormais déclaré persona non grata en République du Mali. A cet effet, il dispose de 24 heures pour quitter le territoire national, ainsi en a décidé le Gouvernement malien», indique un communiqué de presse du Bureau de l’Information et de la Presse du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale (MAECI). C’est un signal fort, un avertissement que le Mali lance en direction de la communauté internationale, en particulier à la France, que le Mali ne sera pas dépecé sur l’autel d’une nième balkanisation : ‘’Mali tè tila’’.
Qui l’aurait cru ? C’est moins l’inimitié diplomatique de ce sulfureux dossier, que le (déjà ex) représentant de la Minusma à Kidal est un Français. Qui l’aurait cru quand le Président français, François Hollande déclarait à Bamako en février 2013, avoir vécu « la journée la plus importante » de sa « vie politique », lors de sa visite à la suite de la libération du nord du Mali, par l’opération Serval. Le conte de fée qui s’installait et se hissait à la hauteur d’une histoire de colonisation, ne fut malheureusement que de courte durée. La libération du nord du Mali cachait-elle un agenda d’occupation à peine voilée de la ville malienne de Kidal ? La réponse est officiellement non ! La France aussi bien que la Minusma, reconnaissent la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, tout comme les groupes signataires de l’accord d’Alger, et l’Algérie elle-même. Mais, si la pratique reste le critère de la vérité, cette réalité marxiste fait mentir les amis du Mali à Kidal ; ont-ils trahi l’esprit des Nations-Unies qu’ils représentent? Du doute sur l’agenda français à Kidal au lapsus linguae de Christophe Sivillon, il n’y a qu’un pas risqué que le représentant de la Minusma a allégrement franchi.
Le représentant de la Minusma à Kidal, Christophe Sivillon a été l’agneau sacrificiel, mais un symbole assez indicateur du climat qui prévaut autour de la ville de Kidal. L’expulsion de Christophe Sivillon, qui plus est déclaré persona non grata marquera certainement un tournant dans l’histoire africaine de la France. En bien, elle pousse la communauté internationale à revoir sa copie, sa façon de voir et de faire au Mali. En mal, le statut de Kidal peut catalyser une poudrière de la politique française en Afrique, quand le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, embouchent la même flute en matière de lutte anti-terroriste. De plus en plus l’opinion africaine traduit l’agacement face à la persistance de l’insécurité et le terrorisme dans une région sous contrôle français de Barkhane et de la Minusma. Sur le plan sécuritaire, Minusma = France, quand il se ressasse que « notre système sécuritaire au Mali est contrôlé par la France », le chef d’état major des forces de la Minusma étant français, ainsi que le chef du Bureau de la Minusma à Kidal, le Directeur général adjoint de la Police de la Minusma, le conseiller principal de la sécurité de la Minusma.
Tout comme le premier responsable de la Minusma, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, qui serait de nationalité française. De même un conseiller spécialiste de la sécurité recruté par le Président de la République du Mali serait un Français. Rien de mal en tout cela, en temps normal. Mais seulement, le Mali est en guerre. Ne dit-on pas que la nuit, tous les chats sont gris ? Nos amis doivent avoir déjà compris cela, et pour le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies au Mali, Saleh Mahamat Annadif, cette histoire de Savillon à Kidal, c’est déjà du has been, « derrière nous ! » C’est autant pour le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé, qui au nom du Gouvernement, a salué « l’engagement et le leadership du personnel des Nations Unies au Mali », avant de rendre un hommage au sacrifice des forces internationales tombées sur le sol malien. En outre le Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale a reçu en tête -à -tête le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Mali et Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif.
B. Daou
Source : Le Républicain