Chronique du Mali : Sanctions ciblées, le fusible Choguel va-t-il tenir ?

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Bakary Daou

Pour n’avoir pas organisé les élections dans le délai de 18 mois imparti à la Transition et convenu avec la commission de médiation de la Cedeao, les autorités de la Transition viennent d’essuyer la gifle annoncée : les membres du gouvernement et du Conseil National de Transition (CNT) ont été ciblés par « le gel des avoirs financiers et l’interdiction de voyage », des sanctions qui s’étendent aux membres de leurs familles.

Si le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga figure en tête de peloton des personnalités visées, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, tout comme le président de la Transition Assimi Goïta ont été épargnés par les mesures.

Telle est la sentence prononcée à Accra, au Ghana. La liste des 149 personnalités maliennes visées a été publiée en annexe de la décision (« Décision CMS A/DEC.02/11/2021 Portant imposition de sanctions ciblées contre les autorités de la Transition et toutes autres personnes empêchant le retour à l’ordre constitutionnel au Mali »), prise à Accra, au Ghana, le 7 novembre 2021 par la Session extraordinaire du Conseil de Médiation et de sécurité au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et signée du président du Conseil de Médiation et de Sécurité, Nana Addo Dankwa Akufo Addo.

Sanctions ciblées, quel message ?

A travers cette sanction, la Cedeao semble voguer, voiles ouvertes sur les principes contenus dans ses directives en matière de démocratie, de paix et de sécurité, sans autres formes de procès. Le choix des sanctions ciblées est sans doute pour épargner les populations des effets néfastes d’un éventuel embargo, qui ne seraient d’ailleurs pas ressentis par les gouvernants, outre mesure.

A travers les sanctions ciblées, la Cedeao vise les responsables qui ont en charge la mise en œuvre des engagements pris lors de la médiation de la Cedeao post putsch et au cours de la Transition en cours. La Cedeao semble vouloir dire, qu’en tant que membre à part entière de l’Organisation, le Mali est pris au mot, et qu’un engagement, ça se respecte ou ça décline des raisons valables qui expliqueraient un éventuel cas de force majeure. Ainsi, note-t-on aisément que les explications fournies par les autorités maliennes lors des récentes rencontres avec la médiation de la Cedeao, n’auraient pas convaincu les partenaires africains et internationaux. Enfin ces sanctions signifient que si le glissement de la Transition s’avère aujourd’hui incontournable, il ne se fera pas en toute impunité : les autorités maliennes organiseront les élections le couteau sous la gorge, semble dire l’organisation sous-régionale.

En mettant hors de cause, le président Assimi Goïta et son ministre des Affaires étrangères, et de la Coopération internationale, un diplomate chevronné qui maîtrise les méandres et les mécanismes de la diplomatie, la Cedeao laisse une porte ouverte au dialogue, à la négociation, pour permettre au pouvoir de transition une remise sur orbite, avec un plan de vol clair, qui ne laisse aucune place à un abandon en plein vol.

Ainsi, pour ce nouveau départ, le Premier ministre qui voudrait ressembler au président Modibo Kéita, du moins dans l’accoutrement, pourrait-il éviter d’être sacrifié sur l’autel de la réconciliation avec la Cedeao et la communauté internationale (comme l’Union européenne qui semble être également dans un schéma de sanctions ciblées).

Le fusible Choguel va-t-il tenir au court circuit qui plane, ou peut-il crier, Issa Kaou N’Djim m’a tué ? C’est l’occasion pour le Premier ministre de tester sa popularité supposée ou réelle. Défenestré, si cela arrivait, Choguel Kokalla pourrait tout de même ressurgir politiquement, dans sa tunique de victime, à la limite de martyr prétendant monnayer ce statut en voix lors des élections à venir et damer le pion à ceux qui sont soupçonnés de lui mettre les bâtons dans les roues pour ne pas lui faciliter son passage à la primature.

B. Daou

Source : Le Républicain

 

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