CHRONIQUE : L’ALERTE INTELLECTUELLE

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Libre expression

« Je souhaite que mon action serve à convaincre les plus incrédules qu’il y a une force, qu’elle s’appelle le peuple, et qu’il faut se battre pour et avec le peuple », avait déclaré l’ancien président Thomas Sankara. « Pour le peuple et avec le peuple », un leitmotiv qui devrait inspirer les dirigeants africains. S’ils décidaient enfin de stopper le pillage du continent, le travailler pour l’enrichir, ils rendraient service à leur peuple.

Pourtant, c’est par ces temps qui courent que les intellectuels africains doivent décider du devenir du continent. Eux, qui, dans la majorité des cas, font de la complaisance leur jeu favori, et se transforment en véritables lèche-bottes d’un système injuste. Ces intellectuels-là, ce sont les concepteurs d’un Dialogue national dont le but final est de maintenir un homme au pouvoir. Ces intellectuels-là se recrutent bon marché dans tous les domaines de l’activité intellectuelle, sous prétexte qu’il faut « être dans le système pour réussir ». En acceptant le pacte avec le « Tisserand en chef », ils se parent des plus beaux vêtements, théorisent les idées les plus abjectes, et enchaînent leurs esprits. Ils se condamnent dans leurs prisons aux allures d’institutions républicaines et de super ministères. Certains de ces invertébrés moraux vont même jusqu’à justifier, aux yeux de leur peuple, la nécessité de maintenir un homme au pouvoir, contre toute performance économique, sociale, et surtout militaire, en temps de guerre. Pourquoi devrait-on maintenir un président qui ne peut pas ramener des victoires pour son pays ? A quoi sert un président qui ne gagne pas ? Non ce n’est pas parce que c’est IBK que nous dénonçons. Nous n’avons rien contre la personne du président. Mais qu’il permette qu’on lui dise qu’il a échoué, lamentablement ! Pour sauver son pays, il doit avoir le courage de démissionner et laisser la place à un autre fils du pays, plus digne, plus valeureux.

Chaque pays africain, a son monarque et ses sujets. Au Mali, notre monarque tisserand se mue dans un silence redoutable. Les Maliens comprennent aujourd’hui pourquoi Machiavel a dit que « le pouvoir révèle ». Le pouvoir africain n’a pas de limite. Et les hommes d’Etat n’hésitent pas à se ridiculiser pour conquérir une parcelle de ce pouvoir, quel que soit le prix. Ils entraînent leurs pays dans des errances économiques aux conséquences catastrophiques pour les futures générations. Il en résulte que le patrimoine public est infesté de ces « puces » des temps modernes, qui gravitent autour de la dernière race des Tisserands. Ces tisserands, avec en tête leur chef, filent du mauvais coton. Ils se nourrissent du sang du peuple et des soldats qui meurent chaque jour parce que partis combattre dans l’aveuglette un ennemi invisible. Tels des magiciens, ces nouveaux tisserands maliens inventent des performances irréalisables, jonglent avec l’analphabétisme des gouvernés. Mais attention, car analphabète n’est pas bête.

Le pouvoir moderne africain se maintient dans la violence. Cette brutalité accompagne presque toujours la plupart des régimes en gestation ou en pérennisation. Puis après, chacun essaie d’oublier le passé. Notre objectif n’est pas de remuer le couteau dans la plaie, surtout que ce n’est pas nous qui l’avons enfoncé. Mais il nous parait important, que tout comme au Rwanda, les Maliens ont besoin de connaître la vérité sur leur histoire, dans sa gloire mais aussi et surtout dans ses échecs, avant de situer les responsabilités, et aspirer à une paix juste, méritée. La Seconde guerre mondiale a eu des conséquences exponentiellement catastrophiques pour le monde. Mais on n’a pas sacrifié la justice au nom de la paix. Les Nazis qui ont survécu ont été traqués jusqu’à leur cachette puis jugés.

Les échecs qui caractérisent les mandats du président IBK sont révélateurs des maux dont souffre de nos jours la société malienne. Quelle garantie les Maliens ont-ils, à même de les rassurer que ce pouvoir-là, à l’orée de 2020, pourrait remporter la plus infime victoire militaire ? Si en deux mandats du présidents IBK le pays n’a connu que des défaites, sur tous les plans, le peuple doit organiser la riposte. Les intellectuels maliens n’ont pas le droit, en ces moments difficiles de l’histoire de notre pays, d’être des témoins passifs de la victimisation de la nation, du fait d’un homme et de ses apprentis tisserands en manque de fil, dans un pays pourtant parsemé de merceries.

Désormais, il ne reste plus qu’aux « peuples des soumis » de se libérer. La première des libérations est mentale, car les plus dures chaînes à briser sont celles qui ligotent l’esprit. Dès lors que nous serons affranchis de ces jougs, nous pourrons penser en hommes libres et inventer une société moderne, plus juste, en lieu et place des monarchies « démocratisantes » que les rois africains veulent nous imposer.

En s’agrippant au « trône », Koulouba se « monarchise » aux yeux des Malien. Dans ce contexte, sujets que nous sommes, acclamons le roi-tisserand. Vive le Roi des Maliens ! Longue vie à la Reine Maïga !

Henri Levent

Source : Le Pays

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