Au Mali, le combat pour l’avènement de la démocratie, en mars 1991, a été long et âpre. L’arbre de la démocratie a mis trente ans pour grandir et produire des fruits, et les Maliens ont sué sang et eau pour cueillir les fruits murs. Passé le moment de jubilation, beaucoup ont réalisé que les fruits que l’on croyait doux sont en réalité amers. La question qui vient à l’esprit est la suivante: quelle est la cause de tant de désillusions ?
Au nom de la démocratie, des manifestants occupent la rue quand ils le veulent, troublent l’ordre public, saccagent des édifices publics et privés, et cela en toute impunité dans la plupart des cas. Au nom de la démocratie, des individus s’érigent en justiciers et tuent de sang froid des agents de l’État dans l’exercice de leurs fonctions. Au nom de la démocratie, des militaires organisent une expédition punitive contre un commissariat de police.
Au nom de la démocratie, des organes de presse foulent aux pieds les règles élémentaires de l’éthique et de la déontologie de la profession. Au nom de la démocratie, des fonctionnaires déclenchent une grève sans service minimum, au mépris du principe légal de la continuité du service public et au grand dam des usagers.
Au nom de la démocratie, notre pays, l’un des plus pauvres du monde, dépense des sommes astronomiques pour organiser des élections qui laissent indifférente la majorité écrasante de l’électorat. Au nom de la démocratie, des partis politiques prônent un «boycott actif» des élections, ave au bout du compte, des morts et de nombreux blessés avec au bout du compte, des morts et de nouveaux blessés.
Au nom de la démocratie, les gouvernants, comme pour narguer la misère des populations, s’octroient des rémunérations et avantages substantiels sans commune mesure avec le revenu du citoyen moyen. Au nom de la démocratie, un grand nombre de Maliens exigent de plus en plus de droits à l’État, mais s’acquittent de moins en moins de leurs devoirs.
Source : L’Inter de Bamako