Rite jadis obligatoire pour le passage de l’enfance à la vie d’adulte, la circoncision collective est aujourd’hui abandonnée dans la plupart des sociétés maliennes. Elle était pourtant un moment de découverte des valeurs individuelles et sociétales. Pour le Mali-Kura (nouveau Mali), l’association Jamanadenw plaide pour la reprise de cet enseignement.
Un jour, raconte l’anthropologue Salia Mallé, le dîner qu’on nous (nouveaux circoncis) avait apporté n’était pas salé. Lamine, mon voisin, m’a soufflé : « Est-ce qu’il y a du sel dans ce repas ? Le Zèmè (surveillant) a entendu et a demandé. « Rien ! », a rétorqué Lamine. « Puisque c’est à toi qu’il parlait, alors raconte », a insisté le surveillant. « Il demande s’il y a du sel dans la sauce », répondis-je. « Ah bon, Lamine ne mange pas de repas sans sel (jadis destiné aux familles aisées) ? », s’est offusqué le surveillant. Le zèmè a donc instruit à Lamine de terminer le reste du repas tout seul.
« Ce jour-là, nous avons tous appris qu’il n’était pas bon de se plaindre sur ce qu’on nous donnait. Mais, j’ai personnellement appris que mes propos pouvaient avoir des conséquences », a expliqué le conférencier Salia Mallé devant les enfants venus l’écouter, ce samedi 5 mars. A l’initiative de l’association Jamanadenw, la conférence débat a eu lieu au Palais de la Culture, sous le thème : « Circoncision comme forme d’éducation, de socialisation et de construction citoyenne ».
« La circoncision vue sous l’angle d’éducation-formation et socialisation faisait partie du dispositif de la construction du « Bon citoyen » dans nos sociétés traditionnelles », a souligné Ibrahim Togola, président de l’association Jamanadenw. En cette période de la Refondation du Mali, il est important, selon Togola, d’ouvrir le débat sur cette forme de la construction citoyenne.
« Aujourd’hui, il est difficile de retourner à la pratique de la circoncision collective », reconnaît le conférencier Mallé. Avec la médecine moderne, les plaies cicatrisent en deux semaines contre deux mois auparavant. Cependant, l’essentiel est de sauver les valeurs qu’on transmettait aux jeunes garçons. Il faut trouver le moyen de perpétuer cet enseignement en l’insérant dans les manuels scolaires », a recommandé l’anthropologue.
Mamadou TOGOLA
Source : Maliweb.net