Circulation des mototaxis : de jeunes chômeurs freinés dans leur élan

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Des conducteurs de motos taxis
Des conducteurs de motos taxis

Les mesures prises par le ministre des Transports et des Infrastructures font sévir les conducteurs de mototaxis. Ces mesures ont freiné l’élan de certains jeunes chômeurs.

En vue d’échapper au chômage, la population malienne ne manque pas d’initiatives. Quelques citoyens ont eu l’idée géniale de mettre en place un projet de moto-taxi. Le but de cette initiative était de faciliter le déplacement des citoyens, vu les embouteillages monstres qui ne favorisent pas le plus souvent une circulation en véhicule. La réussite de ce projet a suscité l’envie d’en faire pareil chez beaucoup d’autres jeunes. Certains d’entre ces amateurs ont transformé leur moto Djakarta en un Taxi moto, en collant juste derrière une plaque sur laquelle on peut lire « Moto taxi ». Nous nous sommes vite retrouvés encombrés par cette activité. Pourtant la prolifération de ces motos dans l’informel ne constitue-t-elle pas un danger pour la population ?

La réaction du gouvernement

Bien sûr que oui. C’est conscient du danger de cette prolifération illégale que le ministre des Transports et des Infrastructures du Mali, Makan Fily Dabo a saisi l’affaire à bras le corps à travers une annonce, le 29 novembre 2020. Une annonce qui détermine quelques règles auxquelles les conducteurs de ces engins doivent se conformer désormais. Selon cette annonce du ministre, les conducteurs de motos tricycles doivent se munir d’une carte grise, d’une plaque d’immatriculation, du permis de conduire, de l’assurance et de la vignette. En ce qui concerne les conducteurs des motos-taxis, ils doivent être identifiables à travers la plaque, un gilet et un casque. Ils doivent aussi s’inscrire à la mairie du district de Bamako et à la compagnie de la circulation routière, recommande-t-on.

Suite à cette annonce faite par le ministre, nous avons recueilli la réaction de quelques conducteurs dans le district de Bamako.

Des avis mitigés

À Torokorobougou, en commune V du district de Bamako, un conducteur de taxi mobile, tout content de cette déclaration du ministre, nous confie : « Depuis leur l’arrivée de ces motos sur le marché, nous avons été délaissés par des clients. Car ces engins peuvent se faufiler partout et c’est rapide ». Et de poursuivre : « Avec cette annonce du ministre, nous espérons obtenir une diminution du trafic de ces engins. Ce qui va nous permettre de retrouver nos clients ».

S’exprimant sous anonymat, cet autre conducteur de tricycle que nous avons rapproché au bord du goudron à Kalaban -coro, près du marché, explique : « Je ne suis pas contre cette déclaration du ministre, car cela entre dans le cadre de la protection de nos clients ». Selon ce conducteur, ces mesures du gouvernement malien leur permettront d’être reconnus nationalement, grâce aux papiers dont ils sont obligés de se procurer dorénavant. Ces mesures mettront aussi leurs clients en confiance.

Sur le point de stationnement de Telimani, une compagnie de moto taxi à deux roues, à Hamdalaye ACI 2000, à Bamako, un agent de ladite compagnie, Bakary Dembélé accepte de nous parler après quelques hésitations. « Cette annonce ne nous concerne pas, car avant même que le ministre n’intervienne, notre compagnie remplissait déjà toutes ces normes », a-t-il fait savoir avant de préciser les conditions de travail au sein de leur compagnie : « Nous suivons une formation avant de devenir conducteurs de Telimani. Nous possédons un permis de conduire, un kit d’équipements pour sécuriser le trajet et en cas d’accident, on est assuré ».

De jeunes chômeurs freinés dans leur élan 

Si d’autres pensent en bien ces nouvelles mesures contre cette activité en recrudescence dans la plus grande informalité, d’autres en disent le contraire. Un conducteur de Djakarta Taxi, Ibrahim Diakité que nous avons croisé au marché de Baco-djicoroni, dévoile son mécontentement face à la décision prise par les autorités maliennes. « Je ne suis qu’un simple amateur qui veut aussi gagner son pain quotidien sans passer par des voies illégales », fait-il savoir. Tout triste, il rajoute : « Certes, cette décision entre dans le cadre de la protection de la population, mais nous qui n’avons pas les moyens de remplir les conditions imposées par le ministre, serons obligés d’abandonner ce métier ».

Dans un monde où le droit de protéger les citoyens et leurs biens prime, les conducteurs de ces engins feront mieux de se conformer à ces recommandations du ministre des Transports et des Infrastructures pour le bien de tous. En attendant, ces jeunes chômeurs, qui sentaient en cette activité une lueur d’espoir, se trouvent freinés dans leur élan.

Sira Niakaté

Source : Le Pays

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