Clin d’œil : Assimi Goïta affirme ne pas vouloir du pouvoir, mais rien ne se décide sans qu’il ne soit Assimi Goïta, l’inconnu

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Assimi Goita
Assimi Goita, le président de la transition

Le 19 août, lorsque le monde découvre à l’ORTM les visages des tombeurs d’IBK, celui d’Assimi Goïta est le moins connu de tous. À ses côtés, le colonel Malick Diaw, chef adjoint du camp de Kati, le colonel Sadio Camara, ancien directeur du Prytanée militaire de Kati, le colonel Modibo Koné, membre de la garde nationale et ancien commandant à Koro, et le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air.

Mais c’est à Goïta qu’est confiée la direction du CNSP. « Contrairement à ce qu’il s’est passé en 2012, ce coup d’État résulte d’une synergie entre officiers de plusieurs corps, souligne le chercheur Marc-André Boisvert, spécialiste de l’armée malienne. Ce putsch n’a pas nécessairement été planifié, mais il a été mûri ».

Fils d’un capitaine à la retraite, Goïta est issu d’une famille modeste. Il est originaire de Koutiala, dans la région de Sikasso, mais il a grandi à Koulikoro, à une soixantaine de kilomètres de Bamako – la famille s’y est installée à la faveur d’une affectation du père. Ses enseignants se souviennent d’un enfant appliqué et consciencieux. « C’était un très bon élève, raconte l’un d’eux. Il était assidu et solitaire».

Plusieurs de ses frères et sœurs s’enrôleront, mais Assimi Goïta est le plus gradé de la fratrie. C’est un pur produit des écoles et des centres de formation de l’armée malienne : il intègre le Prytanée militaire de Kati en 1992 et se fait vite remarquer par ses instructeurs. Comme tous les autres leaders du CNSP, il est également passé par l’École militaire interarmes de Koulikoro. Là, il choisit l’armée de terre, spécialité « armes blindées et cavalerie ».

À sa sortie, en 2002, il est affecté au 134e escadron de reconnaissance de Gao. Il y reste trois ans puis rejoint le 123e escadron de reconnaissance de Kidal en tant que chef adjoint jusqu’en 2008. La même année, il est nommé commandant d’un groupement tactique chargé de lutter contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants à la frontière entre le Mali et l’Algérie.

Goïta occupe par la suite différents postes à travers le pays, avant d’être détaché comme coordinateur des opérations spéciales du ministère de la Défense auprès du ministère de la Sécurité après l’attaque terroriste du Radisson Blu, en 2015.
En parallèle, il se forme en Allemagne, au Gabon et aux États-Unis. En août 2016, il se rend au Centre européen d’études de sécurité George C. Marshall, qui dépend du département américain de la Défense et du ministère fédéral allemand de la Défense. Sur l’une des rares photos de lui prises avant le coup d’État qui circulent sur internet, on le voit, rasé de près, poser à Garmisch, en Bavière, avec son diplôme.
« Posé et réfléchi ».

Jusqu’au 18 août, le colonel Goïta commandait le Bataillon autonome des forces spéciales et des centres d’aguerrissement (BAFS-CA), créé en mai 2018 et basé à Sofara, dans le Centre du Mali, une région où l’armée est régulièrement accusée d’exécutions extrajudiciaires par l’ONU et des ONG. La fonction lui vaut le rang de sous-chef d’état-major de l’armée. « Son grade et son poste lui ont conféré une certaine notoriété au sein de la troupe, y compris en dehors de son bataillon », souligne un officier malien.
Un haut gradé qui le connaît le décrit comme « posé et réfléchi ». « Il est proche des troupes et à l’écoute de ses hommes », ajoute un connaisseur de l’armée malienne selon lequel l’arrivée au pouvoir de ces colonels marque un tournant dans les relations entre la hiérarchie et les soldats déployés sur le front.

Peu de temps après le putsch, les colonels Sadio Camara et Modibo Koné, respectivement deuxième et troisième vice-présidents du CNSP, ont d’ailleurs rendu visite aux hommes engagés, notamment dans le centre du Mali, afin de les rassurer et d’écouter leurs griefs. Et ce n’est pas un hasard si, le 6 septembre, Goïta a assisté aux funérailles des dix soldats morts à Guiré deux jours plus tôt : le président du CNSP a besoin de se montrer auprès de ses troupes. « Il est en quête de solennité et tente de se construire une stature de chef de l’État », explique Bakary Sambe.

La Rédaction

Source : L’informateur

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