Le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) continue d’être au centre d’une procédure judiciaire toujours pendante devant les tribunaux. Si cela n’a aucune incidence sur les activités courantes de l’organisation et la vie du secteur privé, selon certains acteurs, son image et même sa crédibilité souffrent de cette crise.
Tout semble normal au siège du CNPM, qui assure depuis 41 ans la représentativité du secteur privé. Pourtant, depuis environ 10 mois l’organisation vit une profonde division, avec deux tendances qui attendent une décision des autorités judiciaires pour voir valider ou non leurs Assemblées générales, organisées parallèlement à quelques jours d’intervalle en octobre 2020.
Cette situation peut entraîner « l’effritement du secteur privé » et un manque de confiance. « Le CNPM était le seul syndicat non divisé. Cette crise a fait deux camps. Cela marque déjà un effritement et peut jouer sur son influence par rapport à ses revendications », explique M. Cheick Oumar Soumano, Président des jeunes patrons du Mali.
Pour exemple, la gestion des fonds confiés par l’État pour certains projets lui a été retirée et revient maintenant au ministère de l’Économie. Certains partenaires techniques et financiers (PTF) ont décidé de jouer la neutralité jusqu’à une décision définitive des juridictions. Le Premier ministre, M. Choguel Kokalla Maïga, qui a reçu les deux camps dans le cadre des revendications de l’UNTM, a également tenu à rester « neutre » ce qui « fragilise », selon M. Soumano, l’organisation vis-à-vis de l’État.
La crise de trop
Le secteur privé, qui ne se porte déjà pas très bien en raison des effets de la Covid-19 et de l’insécurité, doit gérer cette crise interne. Même s’il admet que la situation a eu un impact sur le secteur « au début », M. Mamoudou Haïdara, le Secrétaire général du bureau dirigé par M. Diadié Sankaré, la minimise. « Vu de l’extérieur, on a l’impression que cela joue, mais dans nos activités de tous les jours nous ne voyons pas d’impact. Nous travaillons avec tout le monde, pouvoirs publics et partenaires classiques ». S’il existe une scission de fait, M. Haïdara préfère appeler au « rassemblement pour faire aux défis ».
« Affirmer que quelqu’un est le Patron des patrons est une publicité mensongère », commente Mme Berthé Minian Bengaly, membre du bureau dirigé par M. Mamadou Sinsy Coulibaly. Ce refus de s’octroyer « un titre », n’est que l’affirmation de la volonté de laisser la justice trancher.
Fatoumata Maguiraga
Source : Journal du Mali