Deux mois après l’installation du Président, du Vice-président et la nomination du Premier ministre de la transition au Mali, l’organe le plus attendu, le Conseil national de transition (CNT) est opérationnel depuis le 5 décembre.
La liste des 121 membres du CNT a été rendue public, jeudi 4 décembre, après une longue attente. Outre la part belle faite aux militaires du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), qui y occupent 22 sièges, des figures politiques des anciennes opposition et majorité sont présentes au sein du CNT. Notamment l’ancien parlementaire de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Mamadou Hawa Gassama, Mamadou Diarrassouba du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du Président déchu, Ibrahim Boubacar Keita. Ou encore le Secrétaire général du parti Adema, Assarid Ag Imbarcaouane. Ces personnalités siègent au CNT à titre individuel, leurs formations politiques respectives n’ayant pas formellement soumis de candidatures.
Aussi, des responsables de groupes armés et chefs coutumiers du Nord font leur entrée dans ce conseil controversé. Le plus emblématique est certainement Mohamed Ag Intallah, l’amenokal des Ifoghas. Parmi les représentants retenus des groupes armés certains étaient accusés par l’Onu d’avoir entravé la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé en 2015.
Des organisations de la société, des syndicalistes, journalistes complètent la liste largement décriée par l’opinion publique malienne. Beaucoup dénoncent des manœuvres de la junte au pouvoir pour garder la main sur les organes de la transition. Certains menaçant de ne pas y siéger, pour contester le mode de désignation des membres, qui violerait les décrets d’attribution des sièges précédemment publiés par le président de la transition, avec une clé de répartition accordant par exemple 11 postes aux partis politiques, 8 au M5-RFP, 4 aux organisations de la presse entre autres (qui dit n’avoir que 2 représentants finalement).
La liste publiée jeudi ne tient pas compte de cet équilibre et n’est pas consensuelle. La Coordination des mouvements de l’Azawad, le M5-RFP ont vigoureusement dénoncé la composition du CNT, menaçant de ne pas y siéger faute de compromis sur la violation de la clé de répartition.
Cependant, la composition du CNT a été entérinée le samedi 5 décembre, au cours de la session inaugurale de l’organe législatif de la transition. Et sans surprise, le colonel Malick Diaw, numéro 2 de la junte qui a renversé l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 aout dernier, a été élu à la tête du Conseil, avec la majorité de 111 voix sur 118 votants. Le Conseil national de transition devrait initier des réformes politiques et institutionnelles qui mèneront à des élections crédibles et transparentes, l’amélioration de la situation sécuritaire sur l’ensemble du pays, à l’issue des 18 mois de la transition.
L’élection de Malick Diaw était une simple formalité. Depuis plusieurs jours son nom circulait pour présider l’organe législatif. C’était le seul leader de la junte à n’avoir pas eu de poste dans l’architecture de la transition. Conscient des tensions autour de la mise en place du CNT, le président du Conseil a appelé ses collègues à mettre de côté les divergences. Une commission ad hoc a été chargée de former le bureau du CNT.
Source : Bamakonews