COMMENT COMBATTRE LA CORRUPTION AU MALI : La recette de Seguemo Kassogué, doctorant à l’Université d’Etat de gestion de Moscou

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La corruption est un fléau aussi vieux que le monde. Terrible et néfaste il est un véritable frein au développement. Bien qu’il existe partout dans le monde, le cas de l’Afrique et en particulier celui du Mali est plus que préoccupant. La corruption au Mali touche presque tous les secteurs de l’économie à tel point que certains types de corruption sont d’ailleurs acceptés comme normaux.

Dans le dernier classement de Transparence International, sur les 180 pays du monde classés les pays africains déshonorent. Seuls le Rwanda(48) et la Namibie (52) ont une position acceptable. Et le Mali, bien que, pas le plus corrompu est loin de donner le bon exemple même parmi ses pairs africains, n’en parlons pas du monde.
Alors, il nous revient à nous tous, si nous voulons un avenir meilleur, de combattre ce fléau devenu épidémique. Mais, pour bien combattre cette maladie de la bonne gestion, il faut savoir où elle prend sa source. Comme pour soigner toute maladie, il faut au préalable bien faire le diagnostic.
Alors qu’est-ce que la corruption ? Pourquoi elle existe ? De quoi les microbes de cette maladie se nourrissent-ils? Comment trouver des vaccins de prévention ? Quelles sont les remèdes (de préférable des antibiotiques) à proposer ?
Par sa définition, la corruption est le fait d’utiliser sa position de responsable d’un service  public ou privé à son bénéfice personnel.
Il ressort de cette définition, qu’une personne se trouvant dans une position avantageuse cherche à exploiter toute personne ayant besoin de son service. Alors comment faire pour le dissuader ? Mais avant de demander  toute exigence  à quelqu’un, il faut d’abord remplir ses devoirs. Ainsi, dans un pays où il faut par exemple 200 mille F CFA pour qu’un agent moyen de l’Etat entretienne sa famille moyenne nous lui donnons 100 mille F CFA, nous devons être conscients qu’il cherchera d’une manière ou d’une autre à combler le trou. Il ressort de là que pour éviter la corruption d’un agent, il faut obligatoirement lui garantir un minimum de niveau de vie. Une fois cette condition remplie, l’employeur (Etat ou privé) peut exiger d’un agent un comportement défini par les clauses du contrat qui existent  entre eux.
Aussi une cohérence dans la vie de l’employé est nécessaire. En donnant à un employé qui vit dans une maison modeste une voiture de service de luxe et un bureau climatisé, nous l’incitons à la corruption. Car, il va bien vouloir que sa maison corresponde à son bureau et à sa voiture de service. On peut accorder des faveurs de service à un employé mais ces faveurs ne doivent pas trop l’éloigner de sa vie réelle. Au contraire, il est recommandé de le stimuler avec des augmentations progressives de salaire qui lui serviront de motivation et qui amélioreront progressivement sa vie quotidienne.
Comme mesure de dissuasion, la transparence est recommandée. Aussi des lois et des règlements clairs doivent être établis. Ces lois et règlements montreront à l’employé les risques graves qu’il court, risques qui lui mettront hors de son nid de nuisance. Ainsi par exemple au Mali, s’il existait une loi qui rayait de la fonction publique  tout agent mêlé à une  affaire de corruption de 100 mille F CFA et plus, un résultat sensible  pouvait être obtenu.

En luttant contre la corruption, nous ne devons pas seulement penser au corrompus mais aussi aux  corrupteurs. Pour qu’une main prenne, il faut une autre qui donne. C’est pour cela il faut aussi lutter contre les corrupteurs. Il faut non seulement expliquer aux corrupteurs que le phénomène est  néfaste pour eux à  long terme mais aussi trouver des moyens idoines de dissuasion. Et cela avec des lois et des méthodes strictes. On peut ainsi expliquer  à la population qu’un service rendu par un agent de l’Etat ne doit pas être accompagné d’un cadeau de reconnaissance. Car cela pousse ce dernier dans l’avenir à penser qu’il est dans son droit légitime de recevoir des pourboires pour tout service rendu. Aussi dire à la population, qu’un cadeau de tricot ou un kilogramme de sucre qu’on considère comme corruption politique lors d’une élection ne change pas  beaucoup sa vie. Au contraire, une voix accordée à un candidat plus pauvre mais plus compétent peut changer radicalement sa vie. Et que ce changement sera plus notable et plus utile qu’un  tricot ou un kilogramme de sucre.
En somme, il est clair que la solution la plus appropriée est la transparence. Il y a plus de crimes la nuit que le jour. Tout simplement parce que les malfaiteurs utilisent son obscurité.
En effet, un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice.

Seguemo Kassogué, Economiste-mathématicien, doctorant à l’Université d’Etat de gestion de Moscou

Source: L’Evènement

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