Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), la coalition des partis politiques de la majorité présidentielle, la COFOP, l’alliance JIGIYA KURA, les partis CODEM, YELEMA, PACP…ont décidé de boycotter la composition du Conseil national de la Transition.
Après les effets non consensuels quant au choix du président de la Transition, du Premier ministre de la Transition et des membres du gouvernement de la transition, les éléments du CNPS ont brandi, en début de cette semaine, une clé de répartition entre les composantes pour la composition du Conseil National de la Transition. A la simple lecture du document, les militaires se sont taillés la part du lion dans ce partage. En plus, ils donnent uniquement 2 jours aux composantes pour faire parvenir les candidatures. Et pour sanctionner la scène, c’est le vice-président de la Transition, celui-là qui est chargé de la Défense et de la Sécurité, qui reçoit les demandes, étudie les dossiers et établit la liste des membres du CNT. N’est-ce pas un moyen certain de bien dribbler encore pour donner une majorité écrasante au colonel Malick Diaw pour la présidence de ce conseil ? Les Maliens vont-ils se laisser encore flouer par ces officiers qui, chaque jour, montrent leurs goûts démesurés pour le pouvoir ?
Les incohérences, dans le choix par le vice-président de la Transition des membres du CNT, décelées
Les relations déjà fragiles entre le M5-RFP et les autorités transitoires viennent de se détériorer encore plus. Comme on pouvait s’y attendre, le M5-RFP n’entrera pas dans cette mascarade. Il a expliqué toutes les irrégularités et les intentions malsaines cachées des militaires. « À l’examen, les deux décrets sont purement et simplement inacceptables pour le Peuple malien pour diverses raisons », a expliqué le communiqué de Dr Choguel Kokalla Maiga. La première de ces raisons, selon le Docteur en télécommunication, ce sont «les très nombreuses irrégularités aussi bien dans la forme que dans le fond des deux textes ». Ensuite, le M5-RFP trouve que «le délai de 48 heures imparti aux candidats pour déposer leurs dossiers procède d’une méconnaissance totale des réalités du Mali ». Selon le mouvement à la base du départ d’IBK, le court délai demandé par les militaires procède aussi d’une volonté de favoriser la fraude et le favoritisme. Le M5-RFP a d’ailleurs fait des révélations mettant en cause la sincérité des officiers du CNSP. « Le M5-RFP dispose en effet d’éléments probants, de témoignages sur ce qui apparait comme des ‘’délits d’initiés’’ : ceux dont la présence est souhaitée au CNT ont déjà été priés, depuis plusieurs jours, de se procurer le fameux sésame », a-t-on indiqué dans le communiqué.
Ce n’est pas tout, le M5 trouve inadmissible « que le Vice-président de la Transition encore président du CNSP non encore dissout, dispose d’un pouvoir de censeur pour choisir les bons et mauvais candidats en lieu et place des entités concernées ». Le mouvement hétéroclite n’en décolère pas et jette les pierres dans le jardin du CNSP. «Ces manœuvres sur la mise en place du CNT ont fait tomber les masques et dévoilé la nature purement militaire de la Transition avec un habillage civil qui ne trompe plus personne ni au Mali ni parmi les observateurs internationaux », a-t-on indiqué dans le communiqué.
En plus du M5-RFP, l’EMP aussi est mécontent des autorités transitoires. Dans un communiqué signé par son président, il a dénoncé les incohérences dans le choix, par le vice-président de la transition, des membres du CNT. «Les articles 4 et du décret N°2020-0142 du 09 novembre 2020 fixant la clé de répartition du Conseil National de la Transition (CNT), attribuent à Monsieur le Vice – Président de la Transition seul, les prérogatives de recevoir les candidatures et après examen, d’en arrêter la liste des membres du Conseil National de la Transition », rappelle l’EPM qui déplore que : «Le décret 2020-0142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres du Conseil National de la Transition (CNT) ne donne aucun critère et principe motivant la fixation des quotas ».
Le boycott se multiplie
Compte tenu de ces irrégularités qu’il trouve inadmissibles, le M5-RFP a décidé de boycotter le machin. «Le M5-RFP, qui refuse de servir de faire-valoir à un régime militaire déguisé, a unanimement décidé de ne pas participer au Conseil National de Transition (CNT) dans le format proposé », a précisé le mouvement qui met en garde les imprudents qui tenteront de participer en son nom.
Quant à l’EPM qui estime que la fixation des quotas a été effectuée sans consultation aucune de la classe politique et qui n’est pas content des 11 sièges réservés aux partis politiques, il prône le boycott. Il a «décidé de ne pas désigner de représentants devant siéger au sein du Conseil National de la Transition ». La coalition dirigée par Dr Treta a même invité les autres formations politiques à boycotter le processus.
En plus de ces deux grands groupements, la COFOP, l’alliance JIGIYA KURA, la Codem sont en colère contre les autorités transitoires et ont décidé de boycotter le processus. « La CODEM constate avec regret le manque de concertation permettant d’aboutir à l’attribution des quotas aux formations politiques et aux couches sociales de la nation », a déploré le parti de la quenouille dans un communiqué avant d’ajouter : « La CODEM ne saurait s’associer à une telle initiative dont le but est d’annihiler les partis politiques remettant ainsi en cause les efforts de la lutte héroïque du peuple malien depuis mars 1991 ».
Au-delà de ce communiqué, son président, Housseïni Amion Guindo, a exprimé toute sa colère contre cette mascarade des militaires putschistes. « Ce décret concernant le CNT infantilise et méprise la classe politique. Je lance un appel au sursaut national » a indiqué Poulo.
Les partis Yelema, PACP…ont aussi exprimé leur volonté de ne pas participer à cette composition du CNT.
Les manifestations anti-autorités transitoires à ne pas écarter
Les groupements et partis politiques, pour la plupart, le M5-RFP sont en colère contre le CNPS. Chacun de ces groupements, surtout le M5-RFP, la CODEM, l’alliance JIGIYA KURA, appelle à la résistance contre cette mascarade. «Le M5-RFP lance un appel à toutes les forces patriotiques, politiques et sociales pour se concerter, rentrer en résistance et faire face pour sauver la Démocratie et la République afin de réaliser le changement pour lequel des millions de Maliens se sont battus et dont certains ont consenti le sacrifice suprême », a indiqué le président du comité stratégique du M5-RFP dans son communiqué. La CODEM de Housseïni Amion Guindo est dans cette position : «La CODEM invite les partis politiques et les autres forces vives de la nation à faire bloc pour la défense de la démocratie afin de conduire avec succès la transition dans un esprit de consensus absolu pour la quête d’un avenir radieux du peuple malien ».
Le CNSP qui a bénéficié du soutien de tout le monde risque de rester seul à l’allure où vont les choses. Et si toutes ces composantes ne prennent pas part à la composition du CNT, l’institution est déjà vouée à l’échec.
Boureima Guindo
Source : Le Pays