L’ancienne majorité présidentielle, l’ancienne opposition et les partis politiques centristes, tous, malgré leurs divergences, se retrouvent dans un grand mouvement pour dire « non » aux pratiques « attentatoires » à la démocratie. C’est à quoi le Comité national pour le Salut du Peuple risque de faire face s’il s’entêtait à mettre en place le Conseil national de la Transition (CNT) sur la base de l’actuelle clé de répartition rejetée, en majorité, par la classe politique et le M5-RFP.
18 mois, c’est beaucoup pour réussir la refondation de l’État et organiser des élections générales libres et transparentes, mais les autorités transitoires risquent de passer la majorité de leurs temps à gérer des différends. En plus de la grogne sociale avec une multitude de grèves que le gouvernement n’arrive pas à résoudre, le CNSP vient de monter une grande partie de la classe politique contre lui dans le processus de la composition du CNT.
En effet, la décision de n’accorder que 11 onze sièges aux partis politiques dans le prochain CNT et les prérogatives données au Vice – Président de la Transition de recevoir les candidatures et après examen, d’en arrêter la liste des membres du Conseil National de la Transition, ont suscité la colère des groupements et partis politiques. C’est en tout cas ce qu’ont laissé entendre des partis et groupements politiques de l’ancienne majorité présidentielle et des centristes, dont l’Alliance Ensemble Pour le Mali (EPM), COFOP, ARP, Alliance JIGIYA KURA, le Parti PSP (membre du FSD-SAP), le Parti PRVM FASOKO, le Parti ADP MALIBA, le Parti YELEMA.
Ces partis et regroupements politiques ont, après plusieurs constats, unanimement décidé de ne pas désigner leurs représentants pour siéger au sein du Conseil National de la Transition. Mieux, ils ont invité à une union sacrée pour préserver les acquis démocratiques et sauver la République ».
Bientôt une fédération des forces entre le M5-RFP et ces groupements de partis politiques ?
Le plus grand absent à cette rencontre des partis et groupements politiques était le Front pour la sauvegarde de la Démocratie (FSD). Mais selon nos sources proches de sa direction, ce front ainsi que d’autres partis politiques membres ou proches ont été saisis à la veille de la réunion qui a été tenue le jeudi dernier. Étant membre du M5-RFP, le FSD a souhaité, pour un début, que chacun des partis et groupements politiques fasse son communiqué pour donner sa position individuelle sur la question de la composition du CNT. Mais, nous informe-t-on, si le CNSP ne recule pas, il faut s’attendre à une fédération des forces entre le M5-RFP, le FSD et les partis et groupements politiques signataires de la déclaration du jeudi dernier. « Si le CNSP s’entête, il va retrouver la classe politique contre lui. Le M5-RFP, le FSD et tous les autres vont fédérer leurs forces avec les partis et groupements politiques signataires de la déclaration du jeudi 12 novembre pour sauver la démocratie malienne. Nous n’allons pas accepter ces pratiques des militaires », nous a un confié un membre influent du M5-RFP.
Avec toutes ces oppositions, même si le CNSP arrive à mettre en place le CNT et imposer son vice-président comme président de cette institution, il aura du mal à travailler. Il aura presque toute la classe politique contre lui et aura du mal à réussir sa mission.
Boureima Guindo
Source : Le Pays