Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a fait allusion à l’absence de plusieurs partis politiques aux concertations régionales. Qui ont été lancées par le gouvernement le 13 novembre 2018. Une absence dont souffre visiblement le chef du gouvernement qui a déclaré que « la politique de la chaise vide est un manque de confiance en soi-même ». La veille, Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, avait lancé un appel au boycott de ces concertations porteuses des germes de la division du pays
Mais Cissé, le chef de file de l’opposition, n’est pas seul à rejeter ces concertations. Que beaucoup jugent dangereuses pour le pays. «Le MPR a choisi de ne pas y participer, pas par opposition de principe au régime. Mais par fidélité à une ligne de conduite, celle qui consiste à ne s’associer à aucune action tendant à diviser notre pays ou à poser les fondements de sa partition future», a déclaré Choguel Maïga, le président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR).
En effet, l’ancien ministre sous le premier mandat d’IBK, Choguel fait partie des premiers dénonciateurs du projet de réorganisation administrative. Qui a fait fuite depuis le 28 octobre dernier. «C’est pour aplanir la désapprobation générale suscitée par ce projet. Que le ministère en chargé de l’Administration territoriale a décidé d’organiser des concertations régionales. Afin de recueillir l’avis des populations », a poursuivi le président du MPR.
Dans la même veine, Soumana Sacko, le président de la CNAS Faso Hèrè, s’est opposé à ces concertations régionales. Ces rencontres mal préparées, selon Sacko, ne sauraient être la solution au malaise malien. « Une fuite en avant» qui est considéré par les membres du parti comme un subterfuge ayant le but d’introduire une gestion administrative du pays sur une base ethnique.
Le président des APM, Mohamed Aly Bathily ne reconnait pas la réélection d’IBK
Par ailleurs, Mohamed Ali Bathily, le président des APM, est dans la même logique que les autres opposants. Jusqu’à preuve du contraire, il ne sait pas publiquement exprimé sur les concertations régionales. Mais il a affirmé ne pas reconnaître le gouvernement et le président qui ont décidé d’organiser ces rencontres.
Le CNID de l’ancien ministre Me Mountaga Tall aussi « regrette l’insuffisante préparation en amont de concertations. Qui touchent à la cohésion sociale, au développement économique voire à la survie de notre nation». Selon le Cnid, cette insuffisante préparation est corroborée par : la réception des documents officiels à quelques jours de l’ouverture des travaux ; un premier report déjà acté ; le manque de temps pour faire des concertations inclusives avec la participation de tous ; la difficulté de conduire, de façon efficiente, l’opérationnalisation du découpage administratif à son terme en moins de 6 mois (même 4 mois au regard de la date retenue pour les élections législatives).
Cette marche forcée se fait au nom de la paix
« Cette marche forcée se fait au nom de la mise en œuvre de l’Accord de Paix Issu du Processus d’Alger. Qui demande moins la multiplication des collectivités que l’effectivité et l’efficience de celles existantes avec les moyens matériels, financiers, humains, et sécuritaires indispensables à leur fonctionnement. L’examen minutieux du texte de l’Accord ne fait en effet ressortir nulle part l’exigence de démultiplier les collectivités ; ce qui au demeurant serait attentatoire à notre souveraineté. », explique le Cnid.
Pour sûr, l’absence de l’opposition a fait tache d’huile. La question est maintenant de savoir si Soumeylou Boubèye pourrait retourner ce boycott. Contre les partis ayant refusé de prendre part aux concertations. En tout cas, il y a en perspective de chaudes empoignades autour de ces réformes. En prenant appui sur ces concertations, Soumeylou cherchera à relancer la révision de la Constitution. Les défenseurs de cette Constitution sauront-ils rééditer le mouvement de contestation « Antè A bana » ?
Source : Républicain