L’ancien chef de guerre, reconnu coupable de « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » par la Cour pénale internationale dans l’est de la République démocratique du Congo, a été condamné à 30 ans de prison. L’avocate des victimes qui représente les enfants soldats lors du procès a salué la décision.
Trente ans. Dans la salle d’audience de La Haye, la sentence est tombée. Le regard froid et le visage fermé, Bosco Ntaganda reste impassible à l’annonce de sa peine.
La Cour pénale internationale (CPI) a condamné cet ancien chef de guerre congolais à 30 ans d’emprisonnement pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. C’est la peine la plus lourde jamais prononcée par la juridiction.
Esclavage sexuel. Celui que l’on surnomme le « Terminator » congolais a joué un rôle crucial, selon les juges, dans les atrocités commises en 2002 et 2003 en Ituri, une province du nord-est de la RDC.
Ce conflit a coûté la vie à plus de 60 000 personnes dans la région, d’après les ONG.
Bosco Ntaganda était alors à la tête du groupe rebelle des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), principale milice active dans l’est congolais.
Le milicien est accusé de crimes multiples : meurtres, attaques contre des civils, pillages, enrôlement d’enfants soldats, viols, esclavage sexuel… Des crimes qu’il a commandité et planifié avec ses troupes.
Au cours de son procès débuté en septembre 2015, 80 témoins, une dizaine d’experts ainsi que les avocats des 2149 victimes reconnues ont été entendus. Des récits d’une violence inouie : scènes de tortures, viols de fillettes… qui dressent un tableau noir des exactions commises sous les ordres de Ntaganda.
Pour sa défense, Bosco Ntaganda a toujours assuré être un « révolutionnaire » et non un criminel.
Qui est Bosco Ntaganda ? De 1994 à 2012, il est l’homme de toutes les rébellions. Né au Rwanda, dans une famille tutsi, il fait ses armes avec le Front patriotique rwandais (FPR), actuel parti au pouvoir.
Après la victoire du mouvement contre le régime génocidaire rwandais en 1994, Bosco Ntaganda opère pour d’autres groupes armés soupçonnés d’agir pour le compte du Rwanda en République démocratique du Congo.
C’est là dans les années 2000, qu’il rejoint les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC).
A l’issue d’un accord de paix, il est intégré avec ses hommes dans l’armée congolaise et promu général de 2007 à 2012. Il troque finalement le costume militaire pour diriger une partie des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui sévissent dans la région des Grands Lacs.
En mars 2013, le M23 défait, il se rend de lui-même à l’ambassade américaine de Kigali au Rwanda. Il y demandera son transfert à la CPI, une première dans l’histoire de la juridiction.
Depuis, « Terminator » plaide non coupable. « J’ai toujours combattu contre les hommes en uniforme et je ne me suis jamais attaqué aux civils, je les ai protégés« , se défend-il devant la Cour.
Arrêté en 2013, Bosco Ntaganda a déjà purgé six années de sa peine. Aujourd’hui âgé de 46 ans, il compte faire appel de la condamnation.
AFP