CONFERENCE DE PRESSE DU SAMEDI 19 FEVRIER 2022: Pour l’ouverture d’un dialogue politique
La Synergie 22 des OSC du Mali suit l’évolution de la Transition en cours au Mali, ouverte officiellement le 25 septembre 2020 ; après les coups d’État du 18 Août 2020 et du 24 Mai 2021.
Sur la crise entre le Mali et la CEDEAO, la Synergie 22 suit avec préoccupation les affres des sanctions prises par la CEDEAO et l’UEMOA sur les pauvres populations du Mali.
Sur le processus de la Transition, la Synergie 22 a suivi la convocation d’une session extraordinaire du Conseil National de Transition (CNT), le 04 février 2022, par le Président de la République autour, entre autres, des projets de loi portant révision de la charte de la transition, relecture de la loi électorale et celui portant création de la police territoriale. La Synergie 22 a constaté le retrait des autres projets de loi de l’agenda du CNT à l’exception du projet de révision de la charte de la Transition qui, du reste, ne spécifie aucun délai pour la prolongation.
Sur la situation politique, la Synergie a noté la déclaration, en date du 16 février, du Cadre d’échange des partis politiques pour une transition réussie par rapport à la poursuite de la transition au-delà du 25 mars 2022, qui marque la fin des 18 mois inscrits dans la Charte du 12 septembre 2020. Le Cadre « réitère à l’endroit des autorités actuelles de la transition son exigence concernant la mise en place dans les meilleurs délais d’une transition neutre avec un programme clair, centré sur le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, l’apaisement du climat socio-politique, le renforcement de la relation entre notre pays avec ses partenaires et le retour rapide à l’ordre constitutionnel normal à travers l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes ».
Sur le plan de la sécurité des personnes et leurs biens, la Synergie a noté et salue les avancées significatives dans la lutte contre le terrorisme. Elle félicite les autorités de la transition pour leurs efforts dans la lutte contre l’insécurité à travers la neutralisation de : « Deux cents huit terroristes par les Forces armées maliennes (FAMa), du 25 décembre 2021 à ce jour ».
Sur le plan de la protection des droits de l’Homme, la Synergie salue les actions engagées par les autorités dans le cadre de la protection des personnes marginalisées, notamment celles dites « esclaves par ascendance » dans la région de Kayes. Elle salue également les actions en cours pour un retour des personnes déplacées dans leurs localités de résidence dans les régions de Ségou et Mopti.
Toutefois, la Synergie a relevé une augmentation d’appels et de menaces de violences sur les réseaux sociaux par certains citoyens, dont la concrétisation constituerait des abus des droits de l’Homme. Elle a, aussi, constaté une restriction des libertés de mouvement des citoyens et de certains acteurs politiques du pays.
Du respect des Normes et Conventions internationales
La Synergie rappelle aux autorités de la transition l’impérieuse nécessité de respecter les Normes et Conventions internationales suivant le Titre I de la Charte de la transition qui stipule : « Considérant notre attachement aux valeurs et principes démocratiques inscrits dans la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 30 janvier 2007 de l’Union africaine et dans le Protocole A/SP1/12/01 du 21 décembre 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance (…). Adoptons la présente Charte de la Transition qui complète la Constitution du 25 février 1992 et dont le présent préambule est partie intégrante. ».
En rappelant le respect de ces Normes et Conventions internationales, l’article 21, alinéa 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (figurant dans la Constitution du Mali) reconnaît que « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. »
L’article 13 de la Déclaration de Bamako de 2000 stipule de « Faire en sorte que les textes fondamentaux régissant la vie démocratique résultent d’un large consensus national, tout en étant conformes aux normes internationales, et soient l’objet d’une adaptation et d’une évaluation régulières ».
L’article 14, alinéa 1, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la bonne gouvernance exprime que : « Les États parties renforcent et institutionnalisent le contrôle du pouvoir civil constitutionnel sur les forces armées et de sécurité aux fins de la consolidation de la démocratie et de l’ordre constitutionnel. »
L’article 2, alinéa 1, du Protocole additionnel de la CEDEAO révèle que : « Aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six (6) mois précédant les élections, sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques ». L’article 19, en ses alinéas 1 et 2 dit que : « l’armée est républicaine et au service de la Nation. Sa mission est de défendre l’indépendance, l’intégrité du territoire de l’État et ses institutions démocratiques. Les forces de sécurité publique ont pour mission de veiller au respect de la loi, d’assurer le maintien de l’ordre, la protection des personnes et des biens. »
Du reste, la Charte de la transition en son article 10 dispose que le Président de la République, avant d’entrer en fonction, prête le serment suivant : « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution, la charte de la transition et la Loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine ».
Des recommandations :
La Synergie 22 recommande aux autorités de la Transition :
Que le dialogue avec les acteurs politiques soit instauré ;
Que le dialogue avec la CEDEAO soit effectif ;
Que le retour à la normalité constitutionnelle soit une préoccupation majeure partagée ;
Qu’un chronogramme consensuel clair, précis et réaliste soit publié pour définir les élections nécessaires de fin de transition ;
Que la publication en ligne des résultats des scrutins, par centres et bureaux de vote, au fur et à mesure de la proclamation des résultats, soit intégrée dans la Loi électorale. Elle permet, entre autres, d’éviter les conflits et le tripatouillage pendant la remontée et la centralisation des résultats ; contribuant ainsi à la transparence et à la crédibilité des élections.
Que les droits de l’Homme soient observés dans le cadre de l’action publique.
Fidèle à sa mission de veille citoyenne et d’alerte, la Synergie 22 reste engagée pour une transition réussie au Mali, qui met en avant un large consensus politique autour de la durée et des missions principales à mener.
#MaTransition