Dans l’une des invocations cardinales auxquelles ont fréquemment recours les oulémas à l’intention de leurs communautés, il est rappelé la notion de reconnaissance par le croyant musulman de tous les envoyés chargés du message divin des religions monothéistes.
« Le Prophète a pleine foi en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, ainsi que les fidèles. Tous ensemble croient au Tout-Puissant, en ses anges, en ses Écritures et en ses messagers. Ils ne font point distinction entre les Envoyés du Seigneur. Ils disent «Nous avons entendu et avons obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C’est à Toi que sera le retour ». (2:285). Se référant également à ce passage, les exégètes rappellent le fondement de la mission de tous les prophètes divins qui ont appelé à l’adoration du Tout-Puissant, au rétablissement de la justice et de l’égalité notamment, au sein des communautés.
Dans cet esprit, oulémas et leaders musulmans prônent la multiplication des échanges entre musulmans et chrétiens d’une part ; et d’autre part entre religieux appartenant à différentes écoles juridiques musulmanes. Ces contacts renouvelés, selon les théologiens, aident à se mieux connaître et contribuent à l’élimination progressive de malentendus qui ont opposé pendant longtemps, différentes congrégations. Les vœux d’un leader religieux s’inscrivaient dans ce sens lorsqu’il rappelait que «l’islam est une religion pacifique et tolérante et que toute attaque contre les membres d’autres religions serait contraire à son enseignement». Le théologien soulignait aussi que «l’islam exhorte les communautés à suivre les traces des prophètes, à faire montre de patience, d’honnêteté et de loyauté, entre autres, en préservant les droits de ses prochains».
L’universalité du message des prophètes a été en son temps rappelée aux fidèles des communautés des religions monothéistes à l’occasion de la visite en Orient du chef de l’Église catholique. Le moment historique de recueillement du souverain pontife dans la grande mosquée des Omeyades, près de la tombe de Yahya, connu par ailleurs sous le nom de Jean le Baptiste, en avait constitué l’apothéose. En cette circonstance, a été mis en avant le concept de «la foi commune en un Dieu unique miséricordieux, qui jugera les hommes au Jour dernier».
Un professeur d’études islamiques soulignera à cette occasion la nécessité d’une coexistence fraternelle entre les religions. «Les chrétiens sont les gens du Livre», rappellera-t-il, avant d’ajouter que «l’être humain est au centre de notre religion. Sa dignité et ses droits doivent être préservés, quelles que soient sa couleur, sa nationalité ou sa religion». Évoquant dans le Livre saint de l’islam la place de Jean le Baptiste -Yahya par qui cet évènement était intervenu, il fera référence à ce passage : « Nous avons donné à Yahya la sagesse quand il n’était qu’un enfant, ainsi que la tendresse et la candeur. Il était pieux et bon envers ses parents. Il n’était point violent ni rebelle. Que la paix soit sur lui au jour où il naquit, au jour où il mourra, et au jour où il sera ressuscité ».
A. K. CISSÉ