CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT DU MALI : LA BATAILLE JUDICIAIRE A DÉJÀ COMMENCÉ

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Mamadou Sinsy Coulibaly et Diadié dit Amadou Sankaré
Mamadou Sinsy Coulibaly et Diadié dit Amadou Sankaré

Diadié dit Amadou Sankaré se déclare nouveau président de la structure. De son côté Mamadou Sinsy Coulibaly, candidat à sa propre succession, se dit réélu. La justice va trancher entre les deux camps

Le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) s’enlise progressivement et sûrement, dans une impasse qui fragilisera davantage nos opérateurs économiques dont les caisses sont mises à rude épreuve par les effets de la Covid-19 et la crise sociopolitique que vit le pays. En effet, après l’imbroglio illustré par la tenue de deux assemblées générales électives, organisées le 26 septembre dernier par le Comité statutaire à la demande de la liste dirigée par Diadié dit Amadou Sankaré et le 8 octobre par le secrétariat général de la structure à la demande du bureau sortant dirigé par Mamadou Sinsy Coulibaly et candidat à sa propre succession, le CNPM est déjà au cœur d’une bataille judicaire.

En témoigne la teneur d’un communiqué de presse rendu public le lundi 12 octobre 2020 par celui qui se présente sur le réseau social Twitter : «président du CNPM Diadié dit Amadou Sankaré». Cet avis d’information dont nous avons reçu une copie, est on ne peut plus clair : «Suite à une décision de justice, Diadié dit Amadou Sankaré, élu président du Conseil national du patronat du Mali à l’issue de l’assemblée générale ordinaire du samedi 26 septembre 2020, a été installé dans ses fonctions, ce lundi 12 octobre 2020 dans les locaux du patronat sis à l’ACI 2000 pour un mandat de cinq ans à compter de ce jour». Cette ordonnance délivrée par un tribunal aurait ainsi validé l’élection de Diadié dit Amadou Sangaré en l’autorisant à occuper les lieux. Et pour y tenir en grande pompe sa cérémonie d’intronisation à la tête du Patronat malien.

Cela sous la protection des forces de sécurité comme pour empêcher les anciens locataires des lieux d’y mettre les pieds.
Si cette décision judicaire est fêtée comme une victoire par le bureau dirigé par Diadié dit Amadou Sankaré, elle sonne le début d’une bataille judicaire, à l’issue incertaine, entre les deux camps. Contacté lundi après-midi, un membre influent du nouveau bureau de Mamadou Sinsy Coulibaly avait confirmé que son camp s’emploie pour la levée rapide et irrévocable de cette ordonnance. «La tendance Diadié a amené une ordonnance délivrée par le président du Tribunal de la Commune IV.

Nous aussi, nous avons envoyé nos avocats. Nous sommes en train de les attendre. Il faut la levée de cette ordonnance. Et dans ce cas de litige, il y aura un procès», indique notre interlocuteur. Ce dernier confirmait que le camp de Diadié occupait les lieux pour le moment, mais pas pour longtemps.

«Nous avons commis trois avocats, qui sont à pied d’œuvre pour obtenir la levée de l’ordonnance délivrée à Diadié. Après la levée de l’ordonnance, c’est nous qui allons occuper les lieux en attendant que le procès ait lieu», commentait notre source, visiblement confiante.

En attendant, c’est Diadié dit Amadou Sankaré et son bureau qui occupent le siège du CNPM depuis le lundi dernier, jour de son investiture. À l’occasion, il a prononcé une allocution solennelle au ton rassembleur. «Désormais, les élections sont derrière nous. Les élections sont l’expression de l’exercice démocratique au sein d’une organisation, il ne saurait donc y avoir ni gagnant, ni perdant et que le CNPM doit être désormais un», a déclaré Diadié dit Amadou Sankaré. Il n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage «au président sortant Mamadou Sinsy Coulibaly» qui a, selon lui, su maintenir le flambeau au cours des cinq dernières années.

Il a appelé ensuite à l’union : «Plus que jamais le secteur privé malien a besoin de s’unir dans toute sa diversité en vue de créer une force commune capable de mieux porter sa voix sur les chantiers clés».
La réaction du bureau dirigé par Mamadou Sinsy Coulibaly ne se fera pas, sans doute, attendre. En attendant, l’évidence est que le secteur privé malien est plus que jamais divisé. Et il faudra plus que du temps pour recouvrer l’harmonie qui régnait dans les milieux d’affaires maliens.

À titre de rappel, les hostilités entre les deux listes de candidatures ont commencé le samedi 26 septembre 2020. Ce jour-là devrait se tenir l’assemblée générale élective de renouvellement du bureau du Patronat qui comprend 20 membres et du Comité statutaire (7 membres). Élection à laquelle la liste du président sortant Mamadou Sinsy Coulibaly était candidate pour un autre mandat de cinq ans, contre celle du PDG du Groupe SAER Diadié dit Amadou Sankaré.

Avant le jour du scrutin, un avis du secrétaire général du Patronat, «notifié par voie d’huissier» aux deux têtes de listes, le report de l’élection prévue pour le samedi 26 septembre dernier. Pourquoi ce report ? «Quand j’ai reçu les deux listes de candidatures déposées le même jour, j’ai constaté des noms qui revenaient sur les deux listes. J’ai adressé une correspondance aux deux têtes de liste pour attirer leur attention sur la situation.

J’ai transmis la liste de Coulou à Diadié et vice-versa. Les personnes concernées ont alors commencé à écrire aux têtes de liste de les retirer de leur liste au profit de l’une ou de l’autre. Une personne a demandé à être retirée des deux listes si les candidats n’arrivaient pas à s’entendre. Nous nous sommes retrouvés dans une situation où les deux listes étaient incomplètes (c’est-à-dire aucune liste n’avait obtenu 20 personnes nécessaires pour la composition du bureau», expliquait le secrétaire général, rencontré à son bureau au siège du Patronat.

Rappelons que l’article 11 du statut du CNPM stipule : «le bureau est composé de 20 membres. Le bureau comprend un président et les vice-présidents élus par l’assemblée générale…»

Face à cette situation, «j’ai fait un avis de report, et convoqué une réunion de bureau pour le mardi 29 septembre», rappelait Modibo Tolo. Qui ajoutait que l’avis de report a été envoyé par voie d’huissier aux deux candidats et aux délégués. Le bureau du CNPM devait statuer ce mardi-là et dicter la conduite à tenir, précisait-il, ajoutant que seul le président du CNPM peut convoquer l’assemblée générale élective.

Cependant, la liste de candidatures de Diadié dit Amadou Sankaré a organisé son élection sans le secrétariat général, l’organisateur des élections. Suite aux conclusions de la réunion du bureau tenue le mardi 29 septembre, le secrétariat général du CNPM, «organe chargé de l’organisation de l’élection», a annoncé la tenue de l’assemblée générale élective pour le 8 octobre dernier. Cette élection a vu la victoire de la liste conduite par Mamadou Sinsy Coulibaly, sans la participation de celle de Diadié dit Amadou Sankaré.

Babba B. COULIBALY

Source : L’ESSOR

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