Le personnel soignant, en général, et les médecins, en particulier, sont à l’avant-garde de la lutte contre le coronavirus. Ils estiment être en danger dans la prise en charge des malades dans un contexte de pandémie du Covid-19 et réclament des moyens de protection individuels et collectifs. Parce qu’ils sont en contact direct avec les malades.
Avec les 6,3 milliards de Fcfa annoncés par le président de la République pour lutter contre le coronavirus, pourquoi peine-t-on à mettre à la disposition des médecins l’arsenal de protection ?
Pourtant, un plan de contingence a été élaboré pour anticiper sur les évènements. Ce document précise les moyens à dégager par rapport pour la riposte (réaction) face à la pandémie, notamment les équipements de protection des agents de santé, la formation du personnel, le renforcement des structures de santé et des sites de prise en charge qui pourraient être éventuellement créés, les médicaments à mettre à disposition, les laboratoires de diagnostic et le suivi à faire. Ce plan d’action est soumis à la fois au financement de l’Etat et des partenaires qui acceptent de mobiliser rapidement des ressources financières importantes dans un contexte de pandémie.
Boubacar Sidiki Dramé, médecin biologiste et président de la commission de la cellule de lutte contre le coronavirus à l’Hôpital du Mali, explique que le personnel médical demeure un moyen précieux dans la lutte contre la pandémie. Il n’apprécie guère de voir ce moyen déstabilisé par la pandémie du fait d’une insuffisance d’équipements de protection.
Le médecin biologiste explique que le virus du Covid-19 est un germe à contamination aérienne qui peut atteindre toute personne, se trouvant dans un environnement contaminé. Mais il déplore le fait que le plus souvent, le personnel médical aussi paie un lourd tribut dans la gestion d’une pandémie. Il est donc normal qu’il soit protégé à souhait.
COMBATTRE LE MAL – Pour Boubacar Sidiki Dramé, il est vrai que le port des masques de protection, des gants voire des combinaisons et l’application du gel hydro alcoolique sur les mains peuvent préserver du coronavirus. Mais, ce n’est pas une garantie à 100%, si on ne respecte pas les mesures édictées pour les enlever. Le biologiste explique que dans ces conditions, le virus va continuer d’être disséminé un peu partout. Il conseille, donc, au personnel médical le lavage des mains au savon régulièrement pour éviter une éventuelle contamination. A en croire le médecin, quels que soient les équipements de protection individuelle, il faut les gérer avec rationalité pour se préserver de ruptures brutales.
Il cite l’exemple de la France, la cinquième puissance économique, qui semble avoir de la peine à répondre aux sollicitations des médecins en termes de matériels de protection, notamment des gants et des masques. «A notre niveau, nous avons déjà utilisé les 30% des matériels mis à notre disposition par le ministère de la Santé et des Affaires sociales», révèle le président de la commission de la cellule de lutte contre le coronavirus au niveau du seul établissement hospitalier de la rive droite du district de Bamako.
Dr Moussa Ouattara, spécialiste en chirurgie thoracique, officie lui aussi dans la même structure hospitalière. Ce chirurgien pointe du doigt les difficultés d’approvisionnement en gel hydro alcoolique, bavettes mais aussi en blouses à usage unique. Il déplore aussi l’insuffisance de ressources humaines.
Or, pour lui, c’est la question fondamentale à mettre au cœur des soins de patients Covid-19 confirmés. «Nous ne pouvons pas faire de repli stratégique. Les autorités doivent faire en sortent qu’on continue à combattre le mal (le coronavirus)», souligne le praticien hospitalier. Il propose même d’aménager un site particulier, loin des établissements hospitaliers, pour accueillir les personnes infectées au Covid-19.
Dr Sanogo explique que les risques font partie du travail des médecins. « Nous avons opté pour sauver les autres en cas de danger donc nous devons répondre présents », dit-il à l’adresse de ses collègues, faisant allusion au serment d’Hippocrate que prête le médecin après sa soutenance de thèse.
Le directeur général de Gabriel Touré rappelle, également, que le service public hospitalier doit continuer, « peu importe la situation ». Mais Dr Sanogo reste conscient de la nécessité de préserver le personnel hospitalier contre la pandémie du coronavirus.
Amap.ml