Incroyable mais vrai. L’imam de la mosquée Baba Cissé au quartier Badialan I, du nom d’Ousmane Saliou Koné a été destitué de son ministère par le fils du promoteur de ladite mosquée avec la bénédiction de son Comité de gestion. La raison : dans ses prières, l’imam utilise de longues sourates et il prêche sans tâche la parole de Dieu.
Apparemment, cela ne plait pas à tous les membres du Comité de gestion de cette mosquée. Lesquels, depuis plus de 2 ans, lui en veulent et tentent par toutes les manières de se débarrasser de lui. Malgré la résistance de l’Association des jeunes pour le développement du Badialan I (AJDB1), le comité de gestion et le fils du promoteur de la mosquée sont arrivés à leur fin. En effet, le samedi 19 janvier dernier, les jeunes du quartier ont manifesté contre la destitution de l’imam Koné. Ils sont allés jusqu’à cadenasser les portes de la mosquée si l’imam n’était pas rétablis à sa place. Seulement voilà : après avoir subi un tel affront, l’imam n’a pas souhaité revenir reprendre sa place dans cette mosquée où il prie depuis plus de 30 ans. Face à cette situation, nous avons joint au téléphone le président de l’AJDB1, Moustapha Diarra. Lequel nous raconte le déroulé de cette affaire rocambolesque : « Nous avons mis en place d’un conseil de quartier pour savoir ce qui se passe. Ainsi, nous avons fait appel au président du comité de gestion de la mosquée, aux deux imams, au muézin, à la présidente des femmes, au fils du promoteur de la mosquée Baba Cissé. Tous les gens que nous avons entendus ont tous dit la même chose. Ils disent que l’imam utilise de longues Sourates. Le comité a soutenu qu’ils ont demandé à l’imam de l’arrêter. Il y a aussi un fait : l’imam, dans ses prêches, dénonce avec véhémence les mauvais comportements et les pratiques qui jurent avec l’islam. Cela ne les plait pas. Il y a ce problème à la mosquée depuis plus de 2 ans. Mais ce qui a fait que la situation a dégénéré, c’est que le lundi 14 janvier, l’imam n’est pas venu à la prière du crépuscule et de Safo. Le mardi suivant, il n’est pas venu à la prière du crépuscule mais il est venu en retard pour le Safo. Auparavant, ils s’étaient convenus de donner un retard de 3 minutes à l’imam pour les prières du crépuscule et de Fadjir et 5 minutes pour les autres heures de prières. Donc, quand l’imam est arrivé, il a trouvé qu’ils voulaient démarrer la prière du Safo. Celui qui voulait conduire la prière ce jour là a laissé la place à l’imam et il a fait prier les gens. Après la prière, quand l’imam voulait s’expliquer, il y a un vieux du nom de Karamoko Coulibaly, le trésorier du comité de gestion, qui s’est levé pour crier : « nous n’avons pas convenu de ça ». Il s’est mis à attaquer l’imam. Ce qui a provoqué un grand tollé dans la mosquée. Donc, nous sommes partis voir le fils de feu Baba Cissé pour l’expliquer la situation. Quand nous l’avons rencontré, nous lui avons fait notre proposition pour résoudre le problème. Nous avons dit de remettre l’imam à sa place et lui payer ses arriérés de salaires, depuis mars 2018 ».
Le président de l’AJDB1 nous a également fait comprendre que le fils du promoteur de la mosquée les a faits savoir qu’ils vont faire un conseil de famille, à la suite duquel ils prendront une décision. Avant cela, d’après le président des jeunes, celui-ci ne cessait de les dire que la mosquée appartient à leur défunt père et qu’ils sont libres de prendre la décision qu’ils voulaient. Ainsi, un jour, avec ses frères, nous rapporte Diarra, il a réuni l’imam, le président du comité de gestion et deux représentants des jeunes. Séance tenante, il a décidé de la dissolution du comité de gestion de la mosquée et la destitution de l’imam. Selon le président de l’AJDB1, ce jour là, les jeunes ont voulu se révolté contre cette décision. A ses dires, il a su les calmer en expliquant que ce n’était pas le moment. Après cela, d’après notre interlocuteur, ils ont convoqué un conseil de quartier pour plancher sur la situation. Malheureusement, cette instance n’a pas pu résoudre la crise. C’est ainsi que le samedi 19 janvier dernier, le président de l’AJDB1 a pris la décision de faire sortir les jeunes pour protester contre cette décision injuste. « Nous sommes partis chercher l’imam jusque chez lui pour le faire venir à sa place. Il nous a fait savoir qu’il ne veut plus prier dans cette mosquée. Nous lui avons demandé de venir expliquer sa décision aux fidèles qui l’attendaient. Quand il est venu, il nous a beaucoup remercié et annoncer qu’il ne veut plus prier dans cette mosquée », a-t-il conclu.
Dans ses explications devant les fidèles, l’imam a fait savoir qu’en 1986, après un séminaire auquel ont pris part les fidèles musulmans venus des 6 communes du District de Bamako et tout le pays, le promoteur de ce lieu saint, feu Baba Cissé, s’est engagé, devant Dieu et les hommes, à offrir cette mosquée aux fidèles musulmans. Selon l’imam, il a affirmé que même à sa mort, « ses femmes et ses enfants ne pourront la revendiquer comme faisant de son héritage ». « Ce n’était pas la mosquée seulement, même l’école faisait partie. Mais aujourd’hui, on entend autre chose. On dit maintenant que c’est l’héritage de leur père. Selon les prescriptions religieuses, la mosquée ne fait pas partie de l’héritage. Elle appartient aux musulmans », a déclaré l’imam avant de se retirer. Aujourd’hui, c’est un certain KaramokoCissé qui a remplacé Ousmane Saliou Koné au poste d’imam de la mosquée.
Source: La Lettre du Peuple