Désormais promu à la fonction prestigieuse de Premier ministre du Mali, après huit (8) mois d’âpre résistance politique au sein du Mouvement du 05 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), en tant que président de son Comité Stratégique, Choguel Kokalla Maïga a toutes les chances de faire un tandem d’espérance avec le tout nouveau président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. Mais cela ne peut se concrétiser que lorsque le second accorde les coudées franches au premier. Lequel devra, à son tour, s’atteler qu’aux tâches essentielles de refondation de l’Etat et restauration de l’intégrité du territoire national, en luttant contre la corruption et le népotisme, sans que ses adversaires politiques ne l’accusent de faire la chasse aux sorcières.
Evidemment, il n’existe pas d’école pour apprendre la politique. C’est un métier que l’on exerce d’abord pour l’apprendre et comprendre toutes ses coulisses, notamment ses désidérata. Le nouveau président de la Transition est très jeune (39 ans seulement) et est un militaire de carrière. Il est rentré par effraction sur la scène politique malienne un certain 18 août 2020 pour déchoir, avec ses frères d’armes du CNSP, Ibrahim Boubacar Keïta du pouvoir.
En conséquence, il n’a pas d’expérience politique, n’eut été les huit (8) mois d’exercice de sa vice-présidence. Cette tare politique, Col Assimi l’a reconnue dans ses premières déclarations, après l’éviction de l’ex président de Transition, Bah N’Daw et son PM, en déclarant officiellement que lui et ses frères d’armes du CNSP s’étaient trompés lors de leur première prise de pouvoir. Col Assimi va donc exercer ses fonctions de Chef de l’Etat sans expérience. Mais il n’a plus droit à l’erreur. Il doit donc, avec une grande capacité d’écoutes, s’entourer de femmes et d’hommes expérimentés en politique pour boucler la Transition.
D’où certainement le choix objectif qu’il a porté sur le M5-RFP, en la personne de Choguel Kokalla Maïga, pour désormais diriger la Primature. Mais pour que le couple Assimi-Choguel devienne un tandem d’espérance pour la refondation du Mali, il faut nécessairement, mais pas de façon aveugle, que le premier accorde des coudées franches au second. Choguel Kokalla Maiga devra alors tout faire pour former un gouvernement d’union nationale composé, de façon inclusive, de femmes et d’hommes capables, très expérimentés mais ayant un sens élevé de patriotisme.
Ces ministres devront agir, non pas pour défendre des intérêts personnels ou de clans, mais par altruisme. Désormais les ministres de la Transition devront agir en fonction du cahier de charge qui leur est attribué par le Gouvernement. A travers leurs œuvres, les maliens doivent sentir que le processus de refondation est en marche et que la sécurisation du pays est bien enclenchée.
De toute façon, le M5-RFP s’était déjà engagé, auprès de Col Assimi lorsqu’il n’était encore que vice-président, pour la réussite de la Transition, afin de préserver la vision et les impératifs du Changement qui sont à la base du mouvement national patriotique enclenché le 5 juin 2020. Maintenant que ce mouvement est désormais impliqué dans le processus de transition. Le peuple malien l’attend donc de pied ferme. Choguel doit nécessairement rester fidèle aux engagements essentiels de son mouvement.
Qui sont, entre autres : La mise en œuvre d’une appropriation du concept de « changement de système » de gouvernance au Mali ; mise en œuvre d’une stratégie concrète de sécurisation des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire par nos Forces de défense et de sécurité ; la diligence d’enquêtes et poursuites judiciaires contre les auteurs des tueries et exactions contre des manifestants pacifiques les 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako et dans les régions ; l’audit urgent et systématique des finances publiques et parapubliques, des cadastres domaniaux et miniers, l’engagement sans délai d’une lutte implacable et irréversible contre la corruption, la mauvaise gestion et toutes les autres formes de délinquance financière, notamment en ce qui concerne les ressources allouées aux secteurs de la Défense et de la Sécurité ; l’engagement de procéder à la relecture intelligente de l’Accord pour paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, afin d’en assurer la mise en œuvre effective pour aboutir au retour progressif et définitif de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; mais surtout fixer un cadre, les conditions et un chronogramme pour le processus de refondation de l’État du Mali, en opérant de façon consensuelle les réformes, politiques, institutionnelles, électorales, territoriales et administratives pertinentes.
Falaye Keïta
Source : Le Pélican