Crise au Mali : L’injustice et l’impunité comme sources de violences

0
14
Ousmane Oumarou Sidibé
Ousmane Oumarou Sidibé

L’hôtel Radisson Blu de Bamako a servi de cadre, le samedi 24 juillet 2021, à la tenue d’une conférence-débat sur les « violences : sensibiliser par la parole ». Cette conférence débat organisée par l’Association humanitaire (United for Mali – Anw bèe bè Mali fè), en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), a pour but d’amorcer la discussion autour des mécanismes/raisons qui ont amené les violences au Nord, Centre et récemment au Sud du Mali. Il ressort de cette conférence-débat que l’injustice et l’impunité sont à la base de la violence au Mali.

Cette conférence débat était animée par le Magistrat, Idrissa Hamidou Touré, procureur près le tribunal de la commune 4 du district de Bamako, le Président de la commission vérité justice et réconciliation (CVJR), Ousmane Oumarou Sidibé, l’écrivaine Mme Traoré Hanane Keïta, avec comme modérateur le journaliste Serge Daniel. Ladite conférence a enregistré la présence du représentant du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Idrissa Soyba Traoré, la représentante de l’UNFPA, Mme Ly Rokia Traoré, la présidente de l’association humanitaire (United For Mali- Awn bèe be Mali fè), Nafissa Chouaidou TRAORE, des jeunes étudiants et d’autres personnalités.

Selon la représentante de l’UNFPA, Mme Ly Rokia Traoré, la violence à l’égard des femmes constitue une violation flagrante des droits de l’Homme. Elle a fait savoir que la problématique des VBG (Violences basées sur le genre) est une réalité de première importance au Mali. « En effet l’enquête démographique de santé de 2018 parle de 49% des femmes et filles touchées par les violences sexuelles ou physiques. Depuis 2012, nous avons enregistré au Mali plus de 25 000 personnes survivantes de VBG. De janvier en juin 2021, il y a eu 3 744 incidents de VBG, les violences sexuelles demeurent les incidents les plus rapportés soit 44% des cas dont 27% de viol/Pénétration », a-t-elle dit. Aux dires de la représentante de l’UNFPA, Mme Ly Rokia Traoré, la région du Sahel fait face à de nombreux défis sécuritaires, comme ceux de prévenir la violence interethnique et de lutter contre le terrorisme. Elle a indiqué que l’extrémisme violent prospère sur la mauvaise gouvernance, l’absence d’opportunités socio-économiques, et les violations des droits de l’Homme. A sa suite, la présidente de l’association humanitaire (United For Mali- Awn bèe be Mali fè), Nafissa Chouaidou TRAORE a fait savoir que le but de la conférence est d’amorcer la discussion autour des mécanismes/raisons qui ont amené les violences au Nord, au Centre et récemment au Sud du Mali. A ses dires, cette conférence-débat est aussi une aubaine pour donner la parole à la jeunesse afin de trouver des pistes de solution à la crise que traverse le Mali depuis plusieurs années.

Au cours de la conférence proprement dite, les débateurs sont unanimes qu’il faut la justice pour que les violences cessent au Mali. Selon Ousmane Oumarou Sidibé de la CVJR, la société malienne n’était pas violente, mais maintenant, dit-il, elle l’est, en témoigne les violences de Sobane Da, d’Ogossagou et de Bamako. Avant d’ajouter que les cicatrices de la violence peuvent être guéries en disant la vérité, en faisant la réparation et la justice. Pour lui, l’injustice, la marginalisation et la pauvreté sont des facteurs aggravant de la violence.

Pour le Magistrat Idrissa Hamidou Touré, c’est quand un fait n’est pas sanctionné qu’on tombe dans la violence. Selon lui, il faut une présence de l’Etat pour non seulement protéger les citoyens, mais aussi pour empêcher les cas de violence. «L’injustice et l’impunité sont à la base de ces violences », a déclaré le magistrat Idrissa Hamidou Touré. En outre, il a mis l’accent sur la réconciliation au Mali qui, selon lui, a un prix. « L’application de la loi n’a de sens que lorsqu’elle apaise l’ordre public », a-t-il précisé.

Quant à l’écrivaine Mme Traoré Hanane Keïta, elle a déploré le fait que les femmes et les jeunes soient les plus victimes des violences. « Il faut un tribunal spécial pour juger les auteurs des violences, des exactions qui ont eu lieu les 30 dernières années », a-t-elle dit.

Au cours de cette conférence débat, il y a eu un concours d’éloquence et un sketch sur la violence.

Aguibou Sogodogo

Source : Le Républicain

Laisser votre commentaire