Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en brouille avec Paris suite aux propos désobligeants du Président Emmanuel Macro contre l’Algérie, a dépêché à Bamako son ministre des Affaires Étrangères, Ramtane Lamamra, pour réaffirmer le soutien de l’Algérie aux Autorités de la Transition.
Malgré qu’elles soient en pleine crise diplomatique avec la France, les autorités Algériennes ont fait le choix de raffermir l’axe Bamako-Alger. Les deux pays liés par les frontières géographiques et par l’histoire depuis la guerre d’indépendance de l’Algérie ont choisi cette période difficile pour manifester la solidarité l’un envers l’autre. L’Algérie a fait le premier pas en dépêchant son ministre des affaires étrangères à Bamako le mardi passé pour soutenir les autorités de la transition en brouille diplomatique avec l’ex-puissance coloniale. « C’est une réaction de Patriotes, de Panafricanistes », dira le ministre Algérien, Ramtane Lamamra, qui estime que les destins du Mali et celui de l’Algérie sont étroitement liés.
En choisissant le camp de Bamako face à la toute puissante France du Président Emmanuel Macron, le diplomate algérien a déclaré que « les deux pays devront œuvrer à la complémentarité dans les différents domaines afin de faire face à toutes les velléités ». Avant d’enfoncer le clou, « nos partenaires doivent aujourd’hui décoloniser leur propre histoire et s’inscrire dans une dynamique respectueuse, cohérente et responsable. L’Afrique berceau de l’humanité sera le tombeau de la Colonisation et du racisme ».
Avant lui, Boudjemâa Delmi, envoyé spécial de l’Algérie pour le Sahel et l’Afrique, qui a été reçu à la primature sur les berges du fleuve Niger par Dr Choguel Kokalla , où les deux personnalités ont évoqué la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la lutte contre le terrorisme et la couverture de l’intégrité territoriale du Mali. « Nous voulons absolument que le Mali puisse être préservé dans son unité territoriale, dans son unité nationale. Le Mali est un pays souverain et nous devons absolument faire en sorte qu’il le reste », a déclaré Delmi devant la presse à sa sortie d’audience.
Pour rappel, les tensions entre Bamako et Paris ont commencé lors de la récente assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), où le Premier ministre malien, Choguel Maïga, avait reproché à la France d’abandonner le Mali dans la lutte contre les groupes islamistes avec sa décision de retrait de la force Barkhane. Le chef du gouvernement a déploré un manque de concertation face à la décision du Président Macron de réduire le nombre des soldats Français au Mali et la transformation de la force Barkhane en force Takusba.
Bamako en colère
Cette sortie médiatique du premier ministre de la transition au Mali a suscité la colère des autorités françaises. Le jeudi dernier, Emmanuel Macron a qualifié les propos du chef du gouvernement de “honte” avant de se verser dans les invectives « cela déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement issu de deux coups d’État ». Il a récidivé le mardi martin en déclarant que « si ce n’était pas la France, il n’y aura pas de gouvernement au Mali ». De quoi fait réagir l’exécutif malien à travers le Ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui a convoqué l’ambassadeur Joël Meyer. Dans le communiqué qui a suivi cette convocation, le diplomate malien a fustigé les “propos inamicaux et désobligeants” d’Emmanuel Macron et exprimé une “vive protestation contre ces propos regrettables”, qui, selon lui, sont de nature à nuire au développement de relations amicales. Ensuite, Bamako a invité les autorités françaises à la retenue en évitant ‘’des jugements de valeur” et a privilégié une approche constructive des deux parties, avec pour priorité la lutte contre les groupes insurgés dans la région.
Les gages du Général Laurent Michon de Barkhane
Dans la foulée de cette bataille diplomatique, le chef de la force Barkhane continue à jouer à l’apaisement. Le Général Laurent Michon de Barkhane a été reçu par le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, devant qui il a rappelé, selon d’autre presse, que « la réorganisation du dispositif militaire français devait s’achever d’ici la fin de l’année, les soldats français demeureront engagés au Mali et dans la région, avec 2 500 à 3 000 hommes ». Il a annoncé que les positions que les forces de Barkhane abandonnent dans le Nord feront l’objet d’une transmission aux soldats maliens et aux casques bleus de la Minusma. En rassurant le ministre de la défense du Mali que l’armée malienne et les forces onusiennes continueront toutes à bénéficier d’un appui aérien et les opérations conjointes.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net