Crise post-électorale au Mali : Pour la COCEM, la sortie durable de la crise passe par la diligence des réformes électorales et politiques consensuelles et inclusives.

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Dans la continuité de leur mission d’observation de l’élection législative de mars et avril dernier,  la Coalition pour l’Observation Citoyenne des Elections au Mali (COCEM) demeure préoccupée par le climat politique tendu depuis la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, le 30 avril 2020 qui est en train de nous plonger dans une crise post-électorale au Mali. C’est en cela que les responsables de la COCEM ont tenu à organiser une conférence de presse ce vendredi 03 juillet à leur siège. A cette occasion, elle dit prendre  acte des différentes propositions de sortie de crise, et attire l’attention de toutes les parties prenantes sur l’urgence d’aller vers la mise en œuvre de réformes électorales et institutionnelles.

Le 29 Mars 2020, s’est déroulé le premier tour des élections législatives dans les 55 circonscriptions électorales avec un taux de participation de 35,58%. Le 19 avril 2020, s’est tenu le second tour dans 43 circonscriptions électorales dans les mêmes conditions sécuritaires et sanitaires difficiles qu’au premier tour. Selon la proclamation des résultats définitifs par la cour constitutionnelle, intervenue le 30 avril 2020, et après le traitement des 79 requêtes reçues, le second tour a enregistré un taux de participation de 35,25 % soit 2 358 909 votants sur 6 691 305 inscrits. Les suffrages exprimés se sont élevés à 2 186 077 dont 120 843 annulés soit 5, 12 %. Quant aux bulletins nuls, ils s’élevaient à 51 989. La proclamation de ces résultats a donné lieu à des contestations et heurts qui se sont traduits par des barricades, des pneus brûlés sur des routes et artères dans certaines circonscriptions électorales, notamment à Sikasso, Bougouni, Kati, les communes  1, 5 et 6 du District de Bamako.

Le 5 juin 2020, à la suite d’une manifestation sur la place de l’indépendance, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) fut créé. Une deuxième manifestation s’est déroulée le 19 juin 2020. Parmi les griefs formulés par les manifestants, nous pouvons noter la contestation des résultats du deuxième tour des élections. Ainsi, plusieurs initiatives nationales et internationales de médiation dont celle de la CEDEAO furent mises en place. Pour cette législative , la COCEM a observé ces deux tours avec des déploiements respectifs de 1660 et 1450 observateurs sur toute l’étendue du territoire. A l’issue de cette observation, elle a fait, à travers ses deux déclarations préliminaires, des constats et recommandations telle que la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote.

A en entendre, le Président de la COCEM M. Drissa Traoré, dans leur communiqué publié le 06 mai 2020 portant sur l’analyse de l’arrêt de la Cour constitutionnelle, la COCEM avait attiré l’attention des hautes autorités sur certaines anomalies dans ledit arrêt et par la même occasion avait exhorté celles-ci à s’impliquer davantage dans la recherche de solutions consensuelles et inclusives en vue de se prémunir d’une crise post-électorale. Ajout ’il que cette crise vient illustrer la nécessité absolue d’aller vers des réformes consensuelles du système électoral que la COCEM et plusieurs missions d’observation électorale avaient suggérées depuis l’élection présidentielle de 2018. C’est pourquoi, sa coalition recommande vivement : Une évaluation inclusive de l’élection présidentielle de 2018 et des élections législatives de 2020 par tous les acteurs impliqués dans la gestion des élections, dans le but de diligenter des reformes électorales et constitutionnelles plus poussées. Ces réformes doivent permettre de corriger les dysfonctionnements et de pérenniser les bonnes pratiques ; la centralisation de toutes les opérations électorales au niveau d’une structure unique et pérenne de gestion des élections conformément aux dispositions de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, tel que recommandé par la COCEM dans son rapport d’observation de l’élection présidentielle de 2018 contribuera à crédibiliser les scrutins, accroître l’efficacité dans la tenue des élections et à renforcer la mémoire institutionnelle ; la légalisation de la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote. Cette publication doit se faire avant la fin des délais de recours afin de permettre aux partis et aux candidats de documenter leurs plaintes.

Explique-t-il en large que l’institution d’une juridiction intermédiaire qu’elle soit administrative ou judiciaire en vue de se conformer aux bonnes pratiques internationales et de rendre moins opaque la procédure. Comme évoqué en 2013 par de nombreux observateurs, notamment la Mission d’observation Electorale de l’Union Européenne, le fait que la Cour constitutionnelle soit le seul juge en matière électorale, jugeant en premier et dernier ressorts, ne garantit pas l’effectivité du droit de recours.

« La COCEM exhorte toutes les parties au dialogue politique en vue de trouver les meilleures réponses politiques consensuelles à la crise actuelle. La COCEM les invite également à privilégier les manifestations pacifiques, à se retenir par rapport à toutes formes de violences, et à respecter les libertés individuelles et collectives. Convaincue que seules des réformes politiques et électorales urgentes permettront de rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions, la COCEM offre ses bons offices sur toutes les questions concernant la crise post-électorale et est prête à s’impliquer dans toutes les actions visant les réformes électorales et institutionnelles nécessaires. » Conclut M Drissa Traoré.

Bokoum Abdoul Momini

Source : Maliweb.net

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