Crise scolaire au Mali : les candidats aux examens dans le désespoir !

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Une vue des élèves (photo à titre illustratif
Une vue des élèves (photo à titre illustratif

La crise scolaire, depuis quelques années, est l’un des principaux problèmes qui affectent les élèves et étudiants maliens. Après une année scolaire perturbée, les syndicats d’enseignants et les autorités en place peinent à trouver un consensus.  Et l’année blanche se précise. Ce qui inquiètent les candidats aux différents examens de leur sort.

La crise scolaire, liée aux grèves des enseignants maliens,impacte sur les élèves et les étudiants. A l’approche des examens de fin d’année, les candidats sont inquiets parce que l’année scolaire a été grandement perturbée et il y a une menace sur la tenue des examens. La seule question qui se pose est si réellement l’éducation est encore un droit au Mali.

Nous avons eu l’occasion de rencontrer Bakoroba Koné, enseignant de français dans un second cycle à Bamako. Devant sa porte, en compagnie de ses matériels de thé, Mr Koné laisse transparaitre une grande désolation. À ses dires, « ce qui touche les enseignants maliens, c’est le manque de considération des autorités politiques.»Et de poursuivre : « Dans le domaine financier, on a vécu des mois sans salaire et cela a bouleversé beaucoup de familles ».

Selon cet enseignant, « la faiblesse du niveau des élèves ajoutée à la perturbation de l’année ne peut qu’aboutir à la catastrophe totale », a-t-il confirmé. Pourtant, M. Koné estime que la seule solution pour stopper cette crise scolaire est l’application immédiate et complète de l’article 39.

Cette crise scolaire ne préoccupe pas que les enseignants. Elle préoccupe également les parents d’élèves. C’est ainsi que M. Samba Cissénous a accueillis à bras ouvert. Pour lui,« la perturbation de l’année scolaire par des grèves intempestives qui ont marqué ces deux dernières années a conduit profondément et radicalement à la perte du niveau de connaissance des enfants ».

Assis dans son salon, M.  Cissé précise qu’on ne peut pas parler d’éducation sans parler de la transmission des normes et valeurs sociales à l’école parce que l’école fait partie des deux éducations d’un enfant en plus de la famille et de la rue.Si l’école vit une crise, les parents n’auront plus le temps de s’occuper des enfants, indique-t-il. Laissés libres, ils adopteront toute forme de comportement qui pourront conduireà un abandon pur et simple de l’école, déplore-t-il. Outre cela, ces temps libres conduiront les enfants à aimer l’argent, a-t-il indiqué. Ce qui pourrait avoir des impacts sur son éducation, craint-il. « La fermeture des écolesà de nombreuses conséquences à tous les niveaux de la vie », a-t-il affirmé avant de préciser qu’elle pourrait entraîner l’exode rural. Aussi ajoute-t-il que beaucoup d’enfants vont chercher à travailler, allant dans les mines d’or avec toute sorte de danger pour aider leur parent parce que si les parents  voient que l’école à laquelle ils ont inscrit leurs enfants ne les profitent pas à quoi bon ça sert de les garder à la maison .À ses dires, « si l’école laisse la place à ses activités économiquesdans lesquelles les enfants gagnent quelques choses, cela leur donnera de la motivation pour cesactivités que d’aller à l’école »

De leur côté,  les candidats aux différents examens craignent aussi une année blanche en raison de toutes ces crises qui paralysent l’école malienne. Moussa Traoré, candidat au baccalauréatau lycée public Mansa Manka Diabaté de Bacodjicoroni, nous donne ses impressions.

Parlant dans un ton colériquetout en étant concentré sur son exercice, Moussa Traoré nous fait savoir que « les premières victimes de cette crise sont eux les candidats », a-t-il ajouté. À l’en croire, ils vontdes aller-retour chaque jour à l’école, mais rien ne change. Finalement, c’est le découragement total, a-t-il dit.Le gouvernement doit prendre des mesures nécessaires afin que nous puissions faire nos examens à temps. « J’allais même abandonnerles études parce que je ne crois pas si cette année ne sera pas blanche », a-t-il ajouté.J’avais même déjà commercé un métier dans lequel je gagnais beaucoup d’argent, car selon moi, c’était les vacances donc c’est  l’occasion de profiter.

Chaque jour, nous prions Dieu pourque le gouvernement applique immédiatement l’article 39 des enseignants pour la réouverture des établissements scolaires ainsi que le bon déroulement de nos examens à la date indiquée, a-t-il précisé.

Assis dans son bureau, entouré de feuilles de papier et de livres, le directeur des études de l’Institut supérieur des techniques économiques comptables et commerciales (INTEC) de Bamako, M. Massa Coulibalyexplique qu’après la pandémie du covid-19, l’État avait appelé tous les établissements à reprendreles cours.Depuis cette date, indique-t-il, les cours se poursuivent, seulement avec les élèves candidats. Malheureusement, les examens ont été reportés à une date ultérieure, déplore-t-il.

« Dans les conditions normales, la rentrée pour les élèves des classes de passage était prévue pour aujourd’hui le 2 septembre », précise M. Diabaté avant d’indiquer que suite  au manque d’entente entre  les enseignants et les nouvelles autorités, les écoles publiques restent encore fermées.

À l’en croire, « l’AEPAM a tenu une réunion le 1er septembre » et a  décidé de fermer tous les établissements privés parce que l’état est en retard et doit régler l’argent qu’il doit aux écoles privées. Toutefois, il précise que « cette crise n’a pas beaucoup impacté sur le niveau de (leurs élèves ndlr) parce que l’on continuait les cours pendant que les établissements scolaires étaient fermés.

Si ce n’était pas le blocage des cours par les enseignants et l’AEPAM, l’INTEC allait continuer avec les classes de passage de septembre jusqu’à novembre pour la préparation des compositions de la seconde période, explique M. Diabaté.

Selon M. Diabaté, « s’il y a un problème d’argent, la solution c’est l’argent ». L’Etat doit appliquer l’article 39 qui revient de droit aux enseignants des écoles publiques, car c’est eux la majorité, s’ils ne travaillent pas, alors l’année sera compromise.

Seydou Sanogo, stagiaire

Source : Le Pays

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