Après un mois de bras de fer, le Gouvernement et les Syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016 s’enlisent dans le bourbier scolaire. Derrière les fausses déclarations de bonne volonté, l’angoisse est perceptible de part et d’autre. Si les syndicats se disent toujours disposés au dialogue, les marges de manœuvre se trouvent fortement réduites par leur propre stratégie jusqu’au-boutiste : l’application immédiate de l’article 39 ou rien, ou du moins la démission du Premier ministre. Il s’agit là d’un trapèze syndical sans filet qui, dans un contexte de conjoncture financière difficile, peut avoir de fâcheuses conséquences sur leur crédit de leaders syndicaux.
En effet se focalisant sur la personne du Premier ministre (« le problème c’est Boubou »), il est vraiment celui qui a le malheur, dans cette conjoncture sociale, d’être aussi ministre de l’Économie et des finances, les syndicats signataires du 15 octobre 2016 déplacent et personnalisent outrancièrement la question. La question est : Boubou est-il le problème ?
La réponse interpellative serait : un autre Premier ministre pourrait-il accorder ce que Boubou CISSE a du mal aujourd’hui à mobiliser ? L’état des finances publiques dans un contexte qui va s’empirant de guerre ouverte contre le terrorisme devrait inciter à plus de circonspection. Tous autres que les enseignants, après ce douloureux épisode, souhaiteraient récolter des faux engagements de la part d’un gouvernement pris à la gorge par l’incompressibilité des urgences et l’absence des matelas de réserves. Le problème ce n’est pas, à notre avis, Boubou, mais les possibilités de l’État qui aujourd’hui ne peut supporter la pression sociale. Donc, sur la question, il n’y a pas de problème Boubou, parce que Boubou n’est pas le problème.
Par contre, il y a bien un problème : c’est celui que Boubou a. Le Premier ministre Boubou CISSE a effectivement un problème, et un bien gros problème, c’est celui de l’incompétence et l’insouciance de ceux qui le conseillent sur ce dossier. En ramenant toute la revendication des enseignants relevant du statut particulier secondaire, du primaire et de l’éducation spécialisée à une vile appétence intransigeante (ils veulent le beurre et l’argent du beurre), les conseillers du Premier ministre se sont plantés et l’ont conduit à des sorties insoutenables. L’argumentaire tiré du compris avec l’UNTM pourrait donner à sourire pour qui connaît un peu l’histoire du fameux article 39. Et le ministre du Dialogue social fait une belle boulette quand il affirme que cet article était une erreur. Ses collègues ne font pas mieux quand ils brandissent un plan B pour sauver l’année scolaire sans les enseignants. Ça, c’est un problème pour Boubou. Parce que la mise en œuvre d’un plan B entache la volonté et la sincérité du Gouvernement de parvenir à un accord avec les syndicats.
C’est affligeant pour la fierté nationale de voir les ministres de la République recadrés sur les ignorances des lois régissant leurs secteurs. L’article 39 dont les enseignants exigent l’application aujourd’hui n’est ni une erreur ni une hérésie ! Il fait partie d’une jurisprudence syndicale encore en cours, en tout cas dans le même secteur. Les ministres de l’Éducation nationale et du Dialogue, professeurs d’université ne peuvent, sauf mauvaise foi, feindre d’oublier qu’ils ont bénéficié des avantages de l’article 59 de leur statut qui sont textuellement la même chose que l’article 59 de leurs collègues d’en bas.
L’article 59 de la loi 98-067 AN RM, sur le statut du personnel enseignant de l’enseignement supérieur dit clairement: ‘’toute revalorisation des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique d’office à celle du personnel enseignant de l’enseignement supérieur’’. Que ses « conseilleurs » et les ministres de la République l’ignorent, c’est un gros problème pour Boubou CISSE. En effet, comment appliquer la loi si on l’ignore !
Le problème de Boubou CISSE c’est qu’il est pris en otage et victime un environnement de situationnistes incompétents et de mandarins usés, tous aussi voraces que déloyaux. Sinon, comment des technocrates dits chevronnés et des experts en Com peuvent-ils laisser le chef du Gouvernement communiquer deux chiffres (52 milliards et 58 milliards) sur la même incidence financière ? Le samedi 25 janvier recevant les partenaires de l’école, le Premier ministre annonce 52 milliards, et le mercredi, à Tombouctou, il annonce 58 milliards et poussières. Ne pas expliquer l’écart fragilise et met en doute la parole du Premier ministre et du Gouvernement.
Comme on le voit, cette crise scolaire est un succédané de ratés, de bourdes, d’approximations et de contradictions, pour ne pas dire d’incompétences, sur lesquels les syndicats signataires du 15 octobre 2016 peuvent se fonder légitimement pour dire que le Gouvernement ne joue pas franc jeu.
Il y a problème. Boubou n’est pas le problème, au contraire il a un problème sinon des problèmes qu’il doit résoudre avec les enseignants en mettant à la touche ces « conseilleurs » qui ont déjà fait trop de mal à l’école et à la nation.
La Rédaction
Source : Maliweb.net