Crise sécuritaire au Mali : Quand le secours international semble ne pas faire tache d’huile

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Une vue de la conférence de L'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU, à New York, le 29 août 2018

Au sujet du Mali, de nombreux responsables politiques, militaires et experts-analystes ne cessent de parler d’échec. Une situation qui fait du soutien international une sorte d’ellipse. Quelque chose, bien qu’essentielle qui passe inaperçue et qu’il faut rappeler à chaque occasion.

En effet, ces acteurs rappellent la nécessité de maintenir le soutien international et ils insistent sur le fait que le Mali aurait disparu n’eut été l’intervention française de 2013.

Pourtant, sept ans après cette intervention, la crise persiste et s’amplifie, elle s’est largement propagée sur le territoire malien, la zone d’impact n’a cessé de grandir au point de menacer la stabilité de la sous-région ouest africaine.

Au Mali la communauté internationale continue de mettre de l’huile dans un moteur qui ne tourne pas…

Le Mali fait face à un lourd passé qui fut marqué par une démocratie peu crédible sur les sujets vitaux de la nation (économie, sécurité, justice). Pendant 20 ans, le pays fut cité partout en exemple, tandis que sa décomposition interne s’organisait. Les germes de la crise multidimensionnelle ont ainsi mis 20 ans à s’installer. Malgré cela, la volonté de réforme n’y est toujours pas !

Le coup d’Etat de 2012 a ajouté de la confusion au chaos naissant, ce qui a fini par donner naissance une situation de décomposition majeure en 2013. L’absence de réformes importantes a in fine ajouté de l’incertitude à la décomposition. Telle est la situation actuelle du Mali.

Le soutien international atterrit au Mali dans un ce contexte, c’est-à-dire sans lisibilité, ni cohérence et durabilité. Là se trouve l’origine de l’inefficacité des programmes menés. Dans un tel processus, il est difficile, voire impossible de fixer des actions durables en faveur du progrès.

A la lecture des différents rapports de l’ONU, la communauté internationale reconnait elle-même que d’année en année, la situation malienne se complique davantage. Malgré cette reconnaissance, la marge de manœuvre est réduite, la souveraineté du pays fixe des limites infranchissables, à l’intérieur desquels s’opèrent des décisions nationales discutables.

L’impossibilité d’ériger une armée efficace

Les analyses se succèdent et convergent toutes vers la même direction à savoir la faiblesse de l’armée malienne. Cette situation est surtout liée au manque de plan national. Les autorités nationales comptent exclusivement sur le soutien international. Des solutions internes de transformation sont invisibles. La formation des militaires maliens aurait dû être assurée par des instructeurs locaux et la haute hiérarchie aurait dû produire de grandes politiques de défense et de sécurité, conformes aux réalités nationales et au passé du pays.

L’enlisement du secteur de la défense et de la sécurité dans des scandales financiers est devenu perpétuel. Le dernier en date, c’est-à-dire, il y a quelques jours, concerne des engins blindés commandés aux Emirats Arabes Unis.

Après que le scandale ait été révélé par des médias locaux, à savoir, l’achat par les autorités d’engins non conformes. Le ministre de la défense a publié un communiqué qui sema encore plus le doute.

Finalement, la situation serait la suivante : Les Emirats Arabes Unis auraient fait don de 30 blindés Cougars aux Forces Armés Maliennes (FAMa). L’Etat malien aurait acheté 100 blindés Typhoon. Sur les 100, un premier lot de 66 engins a été livré. Sauf que 48 de ces engins étaient des 4X4 et 18 des 6X6. Les FAMa n’auraient pas commandé de 6X6, par conséquent les autorités auraient demandé le retour des 18 engins 6X6.

La mauvaise communication et le manque de savoir-faire amplifient la permanence des suspicions en direction de la haute hiérarchie.

Dans de telles conditions, il est difficile de réussir la préparation des soldats déployés au front. Difficile également de tenir un discours orienté vers l’exemplarité, pourtant arme principale du chef !

Plus le temps passe, plus les chefs agissent de loin

Les visites après les attaques de grande envergure se sont arrêtées. En effet, il est été difficile de se rendre à Ogossagou (village peul du centre) après une première visite en mars 2019, suite au massacre de plus de 150 civils. La promesse du « plus jamais ça » avait été faite au rescapés. Le 14 février 2020, le même village a été attaqué, les rescapés témoins de la première attaque furent à leur tour massacrés.

Sans le rétablissement de la crédibilité de l’Etat dans ses fonctions régaliennes, aucune proposition n’apportera des solutions pertinentes. Les missions de formation et les autres soutiens à la réforme du secteur de la sécurité n’auront aucun impact. Plusieurs plans ont été annoncés (fin de la posture statique, nouveau concept opérationnel, etc.).

Le problème se trouve au cœur de la décision hiérarchique qui n’est clairement pas préparée à faire face aux enjeux de la stabilisation par la réflexion, la production et surtout la mise en œuvre de ces derniers.

Il urge, et cela est indispensable, de panser la plaie toujours béante du croquis de stabilisation et repenser la carte de développement du Mali.

S Daou

Source : Ciwara info

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