Les crises sont des situations qui permettent à certaines personnes d’affirmer leurs potentialités. L’imam Mahmoud Dicko, dans son souci de sauvegarde de son honneur de religieux, est le nouveau faiseur de roi au Mali.
Chaque génération invente ses héros. Chaque héros n’est que le fruit des réalités socio-politico-sécuritaires de son époque ou de son pays. Ces personnes sont pour la plupart des hommes et des femmes passionnés pour les actualités qui les entourent. Ils savent saisir les occasions, déceler les frustrations sociales afin d’obtenir plus de mobilisation autour d’eux. L’imam Mahmoud Dicko, parrain de la Coordination des mouvements et sympathisants de l’imam Mahmoud (CMAS), est le nouveau héros que la crise sociale et politique du Mali est en train de forger pour les générations futures.
Depuis quelques mois, les rues de la capitale malienne grondent sous l’appel de cet ex-président du Haut conseil islamique du Mali devenu parrain d’un mouvement politique, la CMAS. Depuis la manifestation du vendredi 5 juin 2020, cet imam a son nom sur toutes les lèvres. Sa force de mobilisation est ce qui surprend plus d’un dans un pays comme le Mali où la société civile semble s’être désintéressée de la vie de la nation.
Aujourd’hui, il est la tête de proue de ces contestateurs qui demandent la démission du chef de l’État et de son régime. La dernière mobilisation, en date du 19 juin 2020, a été historique par le nombre de personnes mobilisées. Mais on se demanderait ce qui explique cette opposition soudaine de l’imam Dicko à son ex-allié IBK.
Selon ses propres explications, il a invité les Maliens à voter l’actuel président en 2013. Parce qu’il estimait que parmi tous les candidats qui étaient en lice, c’était lui la solution. Cela, on pouvait le lire dans certains slogans « IBK, la solution ». Les attentes ont été déçues.
Dans un tel contexte, l’imam Dicko, qui est une personnalité morale, se serait reproché cet état de fait. Si le Mali traverse toutes ces crises, l’imam Dicko a contribué à cette situation.
C’est cette crainte qui l’aurait conduit à adopter une telle posture pour le renversement du pouvoir auquel il a contribué à instaurer. Ces appels à la mobilisation seraient alors une manière de sauver son honneur de religieux. Comme dit Averroès, la religion c’est le vrai. Donc le vrai ne doit pas s’associer au faux, la politique. Cette erreur dans laquelle l’imam Dicko s’est laissé entraîner en 2013 est ce qu’il essaie de réparer aujourd’hui pour son honneur de leader religieux.
Volontairement ou involontairement, dans ce combat, il sortira comme un héros voire le sauveur d’un Mali frappé par une crise multidimensionnelle.
F. Togola
Source : Le Pays